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Transport collectif en région: la Gaspésie donne le bon exemple

Courtoisie de la RÉGÎM
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Photo portrait de Jean-Michel  Clermont-Goulet

Jean-Michel Clermont-Goulet

2022-03-31T11:00:00Z
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Le transport en commun public, ce n’est pas qu’une affaire de métropole et de grandes villes. Les régions et les petites villes du Québec peuvent aussi développer un réseau. La preuve, c'est que la Gaspésie et les Îles-de-la-Madeleine y sont arrivées! 

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De Capucins à Matapédia, en passant par New Carlisle et Murdochville, le nombre de municipalités desservies par la Régie intermunicipale de transport Gaspésie — Îles-de-la-Madeleine (RÉGÎM) a de quoi impressionner. La péninsule gaspésienne et les Madelinots sont pratiquement entièrement desservis. Le plus long trajet est de 110 km.    

Image courtoisie RÉGÎM
Image courtoisie RÉGÎM

En plus d’offrir le transport par autobus, la RÉGÎM compte une flotte de neuf voitures électriques en partage. Comme si ce n’était pas assez, elle déploiera un réseau de vélopartage, un peu à l’image du BIXI à Montréal. En tout, 32 vélos seront répartis à Carleton-sur-Mer, New Richmond, Gaspé et Sainte-Anne-des-Monts.

Photo courtoisie RÉGÎM
Photo courtoisie RÉGÎM

«C’est une grosse organisation qui est en perpétuelle innovation et c’est unique au Québec», mentionne au 24 heures la directrice générale de la RÉGÎM, Marie-Andrée Pichette. 

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Fondé officiellement en 2012, après trois ans de projet-pilote financé par le gouvernement Charest, le «Réseau de transport collectif», comme l’OBNL (privée) était nommé depuis 2009, devient une régie (publique), afin de pouvoir percevoir une taxe sur l’essence en Gaspésie et aux Îles-de-la-Madeleine et se financer. 

«On avait des élus qui avaient des pouvoirs politiques importants, le momentum y était [et] il y avait une écoute de la part du gouvernement de l’époque», souligne Mme Pichette.

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Après 12 ans de service sur le territoire, dont 10 ans en tant que régie, la RÉGÎM s’est fait une idée de l’offre et de la demande dans son coin de pays, donc varie sa façon de faire. 

«On essaie d’être flexible le plus possible», dit la DG. «C’est un service qui est en constante évolution. Donc, on y va avec la demande du milieu. Puisque le territoire est grand, on ne peut pas se permettre plein d’aller-retour dans une journée.» 

Photo courtoisie RÉGÎM
Photo courtoisie RÉGÎM

À la dernière année du projet-pilote, en 2012, 65 000 déplacements avaient été enregistrés. En 2019, avant que la pandémie ne s’en mêle, la RÉGÎM en comptait alors 115 260. 

La clientèle est composée à 80% de femmes, et 74% des utilisateurs et utilisatrices sont sur le marché du travail ou aux études.  

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Comment la Régie est-elle financée?  

Grâce à un budget d’environ 3,5 millions de dollars, la Régie peut se permettre une flotte de 22 bus de 24 places pour son réseau d’une vingtaine de lignes à travers la Gaspésie et les Îles-de-la-Madeleine. 

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La moitié du budget vient d’une taxe sur l’essence vendue en Gaspésie et aux Îles-de-la-Madeleine, établie à 1 cent/litre. «L’obtention de cette taxe-là a assuré la pérennité du service et de l’organisation», affirme Mme Pichette. 

Photo courtoisie
Photo courtoisie

Le reste vient de subventions pour le transport collectif, une part des MRC et des revenus de base de la Régie, comme l’argent perçu par l’entremise de la tarification et de revenus de vente de publicité. 

Un modèle pour le reste du Québec 

Sarah V. Doyon de Trajectoire Québec vantait au 24 heures le modèle de la RÉGÎM et rappelait que «ça marche super bien, dans une région qui n’est pas facile à desservir». 

«On va se le dire; si on est capable d’offrir du transport collectif de qualité et abordable en Gaspésie, on est capable partout [au Québec]», soutenait-elle. 

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Or, pour Marie-Andrée Pichette, oui, les municipalités et MRC à l’extérieur des communautés métropolitaines gagneraient à suivre l’exemple de la RÉGÎM, mais elle appose un certain bémol. 

«La différence entre nous et les autres régions, en 2022, c’est qu’il y a beaucoup de temps qui est passé et des organismes de transports ont vu le jour, ce qui n’était pas notre cas» explique-t-elle. C’était donc facile d’implanter la Régie. 

Au Québec, quatre sociétés de transport (la STM, le RTL, la STL et exo) desservent l’ensemble du grand Montréal, soit 80% de la population de la province. Sur le reste du territoire, il y a... 101 organisations. «Ça représente bien la problématique qu’il y a en ce moment», mentionne a DG de la RÉGÎM. 

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Le fait que la Régie soit un modèle, c’est notamment grâce à la centralisation des services pour couvrir de grands territoires. «[Les organisations de transport ailleurs au Québec] auraient avantage à se centraliser et créer des régies pour être plus efficaces», ajoute-t-elle. 

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Moins pour les routes, plus pour le transport  

Selon Marie-Andrée Pichette, le gouvernement n’investit «définitivement pas» assez dans le transport en commun, tant sur le plan urbain, interurbain et interrégional. 

«Le ratio réseau routier/transport en commun est à mon avis inadéquat. Si on veut vraiment réduire le parc automobile et inciter la population à se déplacer autrement, il faut réduire l’investissement dans les routes», croit-elle.  


Comment ça fonctionne, la RÉGÎM?  

Parmi les quelque 21 trajets que propose la Régie, certains arrêts ou trajets nécessitent une réservation préalable parce que l’achalandage y est trop faible pour y envoyer un bus si on n’est pas certain que quelqu’un y sera. 

Exemple : une polyvalente reculée d’une zone urbaine. «On ne fera pas de détour tous les jours pour au cas qu’il y ait quelqu’un. Il faut réserver», explique Mme Pichette. 

D'autres trajets fonctionnent sans réservations, sur des territoires «très acquis» où la RÉGÎM peut compter sur une clientèle de base, comme la ligne 40 (Carleton-sur-Mer-Paspébiac), qui compte, par exemple, trois allers en avant-midi et trois retours en après-midi. 

Ça coûte combien?  

Le coût des titres de transport est similaire à ce qu’il faut payer dans les villes où le transport collectif est subventionné par le gouvernement.  

Passage unique  

  • 4 $ en monnaie exacte   
  • 3 $ par billet, à l’achat d’un livret de 10 billets à 30$     

Abonnements  

  • 100 $ l’abonnement mensuel à tarif régulier   
  • 80 $ l’abonnement mensuel à tarif étudiant (temps plein)   
  • 200 $ pour un abonnement de session (4 mois)   
  • 60 $ l’abonnement mensuel pour les 65 ans et plus   

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