La formule de la Coupe Davis encore critiquée
Jessica Lapinski
Plus prestigieuse compétition par nation du tennis masculin, la Coupe Davis a perdu de son lustre dans les dernières années. La nouvelle formule implantée cette saison, une phase finale disputée sur six jours entre huit pays, ne fait pas l’unanimité.
Jusqu’à il y a quatre ans, les deux nations finalistes s’affrontaient au meilleur de cinq matchs en fin d’année, soit quatre simples et un double.
Depuis, le format a changé deux fois. Cette année encore, la Fédération internationale de tennis tente quelque chose de nouveau afin de plaire au public, aux commanditaires et aux joueurs.
Ces derniers, éprouvés par la longue saison, sont nombreux depuis un moment à préférer faire l’impasse sur la compétition centenaire. Si bien que l’ATP a décidé de l’intégrer à son calendrier à compter de l’an prochain, dans un autre effort pour attirer les meilleurs au monde.
Juste deux tops 10
Mais cette semaine, il n’y a que deux joueurs du top 10 présents au stade Martin Carpena, dont la principale qualité est d’être situé dans la magnifique ville de Malaga, non loin du détroit de Gibraltar.
Il y a Félix Auger-Aliassime, qui du haut de son sixième rang, est le joueur le mieux classé des huit nations finalistes. L’autre est l’Américain Taylor Fritz, l’ultime tombeur du Québécois à la finale de l’ATP, actuellement neuvième.
Auger-Aliassime et Fritz pourraient d’ailleurs se retrouver samedi, en demi-finale. Mais auparavant, leurs deux pays devront venir à bout de l’Allemagne et de l’Italie, jeudi. Le Canada fera son entrée en scène vers 10 h, heure du Québec.
Bien sûr, la blessure aux abdominaux de l’Espagnol et numéro 1 mondial Carlos Alcaraz, qui a mis un terme à sa saison, et le bannissement de l’équipe russe, championne en titre, n’aident pas à garnir ce tableau final de joueurs étoiles.
Mais même s’il tenait à être à Malaga pour la Coupe Davis, «une belle compétition qu’il est toujours ravi de jouer», Félix trouve lui aussi que la formule n’est pas idéale.
«[Le fait qu’il y ait deux autres phases de qualifications dans l’année], ça ajoute des semaines au calendrier, ce qui est dur physiquement et mentalement», relève le joueur de 22 ans
«La Coupe Davis, ç’a toujours été un gros défi pour le monde du tennis, ajoute-t-il. C’est difficile de bien le placer dans le calendrier pour que ce soit viable pour les joueurs.»
Comme la Coupe du monde?
Ce que propose le Québécois, c’est d’espacer les compétitions de quelques années, un peu à l’image de la Coupe du monde de soccer.
«Je ne dis pas de jouer [la Coupe Davis] aux quatre ans, précise Félix, mais peut-être aux deux ou trois ans, afin de permettre à tous les joueurs d’y être. Si on veut vraiment avoir tous les meilleurs joueurs de tennis, il faut penser à une solution alternative.»
Auger-Aliassime avait lui-même raté la première phase de la compétition en mars, dans laquelle le Canada avait perdu devant les Pays-Bas.
Les représentants de l’unifolié avaient toutefois été repêchés et avaient obtenu leur laissez-passer pour la deuxième ronde, à Valence, en septembre.
Et là, Félix y était. Il avait contribué à qualifier son pays pour la phase finale, en battant notamment Alcaraz.
Les meilleurs sur papier
Mais comme l’a relevé la fierté de L’Ancienne-Lorette, Rafael Nadal n’est pas là pour représenter l’Espagne, même si la compétition se déroule dans son pays.
Le numéro 2 mondial est plutôt parti disputer des tournois d’exhibition en Amérique du Sud avec la jeune sensation danoise Holger Rune.
Même si Auger-Aliassime déplore l’absence de vedettes, il s’agit d’un mal pour un bien pour le Canada, qui, sur papier, a la meilleure des huit formations participantes, grâce également à la présence de Denis Shapovalov, 18e.
«J’arrive ici dans une bonne position et je vais essayer de mener notre équipe à la victoire, a déclaré Félix. Mais il n’y a pas que moi : Denis joue aussi très bien en ce moment, il a connu une excellente fin de saison. Il a atteint la finale à Vienne, où il a failli battre [Daniil] Medvedev.»
«Je me suis entraîné avec lui [mardi] et il est en pleine forme. Et il y a Vasek [Pospisil], en double, qui peut jouer en simple aussi. [...] On a tout ce qu’il faut pour espérer l’emporter ici.»
La Croatie est devenue le deuxième pays à atteindre le carré d’as, mercredi, grâce à deux victoires aux dépens de l’Espagne. Elle affrontera l’Australie en demi-finale.
UN DUEL DÉSÉQUILIBRÉ ENTRE LE CANADA ET L’ALLEMAGNE
La formation canadienne
-Félix Auger-Aliassime 6e en simple / 258e en double
-Denis Shapovalov 18e en simple / 75e en double
-Vasek Pospisil 100e en simple/ non-classé en double (mais ex-numéro 4)
-Alexis Galarneau 204e en simple/411e en double
-Gabriel Diallo 224e en simple/1826e en double
-Capitaine : Frank Dancevic
La formation allemande
-Oscar Otte 65e en simple / 234e en double
-Yannick Hanfmann 131e en simple / 566e en double
-Jan-Lennard Struff 152e en simple / 139e en double
-Tim Puetz Non-classé en simple/18e en double
-Kevin Krawietz Non-classé en simple/25 en double
-Capitaine : Michael Kohlmann
Les matchs commenceront vers 10 h, heure du Québec, jeudi. Les titulaires seront annoncés peu avant. Deux simples seront disputés et le double pourrait ne pas être joué si l’un des deux pays est déjà en avant par deux victoires.