La Fonderie Horne a demandé un plafond d’émissions d’arsenic trop élevé pour Québec
Agence QMI
La Fonderie Horne a proposé en mai de limiter ses émissions d’arsenic à un taux 20 fois supérieur à la norme provinciale, selon le gouvernement.
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Dans la demande de renouvellement de son autorisation ministérielle, l’entreprise aurait indiqué qu’elle pourrait diminuer les concentrations d’arsenic dans l’air à un niveau de 60 nanogrammes par mètre cube (ng/m3), a confirmé une source bien au fait du dossier.
Néanmoins, cette information n’apparait nulle part dans le document en question, obtenu par l’Agence QMI après une demande d’accès à l’information, et dont plusieurs pages ont été lourdement caviardées.
Toujours est-il que Québec a jugé ce plafond trop élevé, et a demandé à l’entreprise de le revoir à la baisse. Glencore a jusqu’au mois d’août pour présenter une nouvelle proposition pour réduire encore plus ses émissions polluantes.
«Nous avons demandé à l’entreprise de retourner à la table à dessin et de nous proposer une solution avec un seuil inférieur à celle proposée. Glencore doit donc nous proposer un amendement prochainement», a fait savoir le cabinet du premier ministre.
Mettre la clé dans la porte ?
Toujours selon Québec, il n’est «pas exclu» de fermer l’usine, «si l’entreprise n’est pas capable de réduire ses émissions et de se rapprocher de la norme québécoise».
«C’est de la poudre aux yeux, ils agitent un épouvantail», a réagi la députée solidaire de Rouyn-Noranda-Témiscamingue, Émilise Lessard-Therrien, qui croit que le gouvernement brandit la possibilité de fermer l’usine pour faire peur aux gens et aller de l’avant avec une norme plus permissive qu’ailleurs dans la province.
Elle estime par ailleurs que le caractère «névralgique» de la Fonderie Horne dans les activités de Glencore fait en sorte que le gouvernement serait en bonne position pour contraindre l’entreprise à respecter la norme provinciale.
Norme
La norme québécoise pour les émissions d’arsenic est actuellement de 3 ng/m3, mais la fonderie dispose actuellement d’un droit acquis de polluer fixé à 100 ng/m3, en vertu de l’attestation gouvernementale pour la période allant de 2017 à 2022.
En 2021, les émissions annuelles d’arsenic en provenance de la fonderie qui ont été recensées étaient de 87 ng/m3, selon nos informations.
Entre 2007 et 2017, le gouvernement du Québec avait permis des émissions allant jusqu’à 200 ng/m3, même si un comité formé du ministère de l’Environnement et de la Santé publique voulait en 2004 imposer un plafond de 10 ng/m3 à partir de mai 2006, et contraindre la compagnie à présenter un plan et un échéancier pour atteindre la norme provinciale.
Anglade réclame plus de transparence
La cheffe libérale, Dominique Anglade, a convenu mardi après-midi que son parti, sous l’ancien gouvernement de Jean Charest, a raté l’opportunité de faire baisser les émissions de la fonderie, alors qu’elle-même n’était pas en politique à l’époque.
La cheffe du PLQ déplore que le gouvernement Legault ait tardé à agir, après que des études ont indiqué en 2018 un risque accru de cancer lié à la concentration d’arsenic dans l’air à Rouyn-Noranda. Elle accuse également la CAQ de manquer de transparence.
«La CAQ a caché de l’information de manière délibérée, et encore une fois les informations sur ce que la fonderie a envoyé au mois de mai, elles ont été divulguées parce qu’il y a eu une pression médiatique, c’est la seule raison», a-t-elle déclaré en mêlée de presse mardi après-midi.
Dans une déclaration transmise aux médias, la Fonderie Horne a indiqué que «la cible de 60 nanogrammes par mètre cubes (...) représente le seuil maximal du plan d'action soumis en février 2022».
«Rendre une fonderie de 95 ans parmi les fonderies les plus modernes au monde représente de nombreux défis techniques qui ne peuvent être surmontés du jour au lendemain», a déclaré l'entreprise, qui s'engage à présenter un «plan étape par étape» pour réduire «progressivement» ses émissions.