La fin est proche: un robot m'a apporté mon assiette au St-Hubert
En 1993, j’étais obsédé par les dinosaures. Du haut de mes sept ans, j’avais reçu l’arrivée du film Jurassic Park comme la seconde venue du Christ.
Par contre, peu de temps après, je me suis rapidement tanné de ces vieilles créatures et j’ai plutôt jeté mon dévolu sur les robots.
Après beaucoup de chantage, j’ai finalement convaincu ma mère de me laisser louer T2: Judgement Day au depuis regretté club vidéo Victoria d’Edmundston.
Dès les premières minutes du magnum opus de James Cameron (je suis prêt à me battre avec quiconque dit le contraire), tout le monde a réalisé que ce n’était probablement pas la meilleure idée qu’un enfant de huit ans qui est prédisposé à l’anxiété regarde ce type de programme.
Terrifié, j’ai demandé à ma mère si c’était possible qu’un jour, les robots arrivent et prennent le contrôle. Elle m’a dit non. Tout comme elle m’avait dit, quand j’ai regardé Raiders of the Lost Ark, que les nazis ne reviendraient jamais.
Aujourd’hui, je réalise qu’elle était dans le champ.
Le 27 juillet 2023, j’ai regardé la fin de l’humanité directement dans les yeux.
Assis à ma table au St-Hubert de Rivière-du-Loup, une espèce d’étagère avec un adorable visage de chat est venu m’apporter mon plat de trois doigts de poulet accompagné de patates pilées.
«Bon appétit», ai-je pu lire sur l’arrière-train du robot alors qu’il se frayait un chemin vers le corridor près de l’entrée du restaurant pour se reposer en attendant qu’on le sollicite une fois de plus.
Ça fait quelque mois déjà qu’humains et machine assurent le fonctionnement du restaurant de poulet. À date, selon ce que nous a dit le serveur, tout se passe bien.
Par contre, en allant porter une commande constituant plusieurs repas pour enfants servis dans des boites jaunes en forme de voitures, quelqu’un bloquait la voie de passage au robot.
- Écoutez le segment Tout savoir en 24 minutes avec Marianne Bessette et Jean-François Baril où ils reviennent sur le sujet via QUB radio :
«LAISSEZ-MOI PASSER», s'exclama la maudite machine.
Pas de «pardon», «s’il-vous-plaît», «merci».
Le mépris des machines pour l’homme est évident. Et avec raison.
Nous avons créé ces machines, pour simplement les transformer en nos serviteurs.
J’ai écouté assez de films et de télé pour savoir que ça va mal finir tout ça.
En quittant le restaurant, le ventre plein de poulet ontarien, j’ai une fois de plus croisé les deux robots. Leur regard sans humanité me hante toujours.
Certains me diront que je suis parano. Je leur réponds: «Parlez-en à John Connor.»