La fierté a pris le dessus
Une décision difficile de participer à la classique internationale
Richard Boutin
Alors que Leylah Annie Fernandez se prépare à amorcer sa saison sur terre battue, sa participation à la Coupe Billie Jean King n’était pas évidente, mais elle tenait à représenter son pays pour la quatrième fois en carrière et pour la première occasion à la maison.
Le bris contre la Lettonie est disputé sur la surface dure intérieure du Pacific Coliseum, ancien domicile des Canucks. « Ce fut une décision très difficile de participer à la Coupe Billie Jean King, a reconnu Fernandez, mercredi, au terme de son entraînement. Au bout du compte, nous avons décidé d’y participer parce qu’on voulait représenter le Canada. C’est une fierté d’être ici et de représenter mon pays. Le Canada m’a donné beaucoup d’opportunités ainsi qu’à ma famille et je tente de redonner petit à petit. »
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Sylvain Bruneau apprécie grandement le geste de la joueuse numéro un au pays. « C’est un très beau geste de sa part d’être ici, a mentionné le chef du tennis professionnel et de transition à Tennis Canada et ancien capitaine de l’équipe canadienne. Leylah adore jouer pour son pays et en équipe. Elle n’a jamais dit non sauf à l’automne lors de la finale à Prague quand elle nous avait prévenus que sa présence ne serait pas possible. On pouvait très bien comprendre sa décision après avoir atteint la finale du US Open un mois plus tôt. C’est beaucoup demander à des joueuses de son niveau d’être présentes tout le temps. »
Après un bon entraînement où elle a fait trimer dur son partenaire David Marcotte, Fernandez nous a partagé son plaisir de se retrouver avec l’équipe canadienne. « Je suis contente de me retrouver avec des femmes fortes autant les joueuses que les entraîneurs et dans un environnement où je peux apprendre, a-t-elle raconté. Ça me motive à travailler encore plus fort. »
« Je suis très contente que Sylvain soit ici, de poursuivre Fernandez. Je ne l’avais pas vu depuis longtemps. Je suis contente de retrouver des gens qui m’ont appuyée dès le début de ma carrière et de pouvoir reconnecter avec eux. »
Premier bris à la maison
À sa 4e sélection à la Coupe Billie Jean King, Fernandez vivra son baptême en sol canadien. « Ça ajoute de la pression de jouer à domicile, a-t-elle indiqué, mais je suis contente d’être ici. Ça fait longtemps que je n’ai pas joué au Canada. Je me souviens quand la Fed Cup était présentée à Montréal. Je m’entraînais sur un terrain à proximité et j’entendais les cris et les encouragements de la foule. En 2018 contre l’Ukraine, j’avais assisté à un seul match et c’était incroyable. »
Grâce à deux victoires en simple d’Eugenie Bouchard et d’un gain de Gabriela Dabrowksi et de Bianca Andreescu en double, le Canada s’était imposé par le score de 3-2.
Début de saison
Éliminée dès son premier match au Miami Open et au Charleston Open, Fernandez estime qu’elle peut apprendre de ses sorties rapides. « Je n’ai pas obtenu les résultats souhaités, mais je suis contente d’avoir eu l’opportunité de jouer ces grands tournois qui m’ont permis de m’améliorer, a expliqué la 21e raquette mondiale. Je suis encore en stage de développement et je veux améliorer non pas seulement l’aspect technique de mon jeu, mais aussi mon esprit mental et émotionnel. »
Maintenant bien connue après son retentissant succès du US Open, Fernandez est attendue de pied ferme chaque fois qu’elle foule le terrain et on ne la perçoit plus comme la négligée. Personne ne la prend à la légère. »
« Je dois apprivoiser mon nouveau rôle, a-t-elle expliqué. Je dois aborder chaque match comme s’il s’agissait d’une finale. »
La capitaine Heidi El Tabakh n’est pas inquiète par les sorties rapides de Fernandez. « Je n’ai aucune inquiétude, a-t-elle affirmé. Elle a disputé deux bons matchs et ce fut une bonne expérience. Elle est encore super jeune et elle a beaucoup de temps devant elle. Leylah est une battante et elle ne concède rien. »
Des louanges pour le paternel
Si Tennis Canada a été présent à certains moments de la carrière de Leylah Annie Fernandez et continue de l’être, Sylvain Bruneau lève son chapeau à l’endroit du paternel de la 21e raquette mondiale pour son ascension.
« On a donné un coup de main de différentes façons à Leylah, mais le gros du travail a été effectué par son père », souligne le chef du tennis professionnel et de transition à Tennis Canada. « Nous avons parfois eu des petits désaccords quant à la participation ou non à certains tournois, mais c’est tout à fait normal. Nous avons une super bonne relation avec le papa. »
Bruneau était persuadé que Fernandez allait connaître du succès, mais il a été surpris par son explosion au US Open en septembre dernier. « Leylah avait franchi toutes les étapes en remportant un Grand Chelem chez les juniors à Roland-Garros alors qu’elle n’avait que 16 ans et obtenu plein de résultats prometteurs. Elle a explosé au US Open et sorti de sa courbe de progression. Ce n’était pas une surprise totale, mais c’était wow. » Comme plusieurs, Bruneau est impressionné par l’éthique de travail de la joueuse de 19 ans. « Quand elle s’entraînait au Centre national à Montréal, je ne l’ai jamais vue ne pas donner son 200 pour cent, a-t-il imagé. Avant un match important comme c’est le cas en fin de semaine contre la Lettonie, c’est normal qu’elle s’entraîne à fond comme elle vient de le faire, mais c’est toujours comme ça dans son cas. Sa compréhension du jeu à seulement 19 ans est impressionnante. »
Bruneau croit que Fernandez doit apprendre à vivre avec son statut de tête de série à chaque tournoi. « C’est une chose de bien faire quand tu es une joueuse qui n’est pas attendue, mais c’est un nouveau rôle quand tu te retrouves parmi les favorites. Ça prend un petit moment pour être à l’aise dans ce rôle et apprendre à négocier avec cette nouvelle réalité. »