La diversité, c'est payant


Sophie Durocher
Si j’avais un conseil à donner à quelqu’un qui se lance en communication, ce serait de se spécialiser en « diversité, inclusion et équité ».
2 juin 2021 : Yolande James est nommée directrice générale, Diversité et inclusion de Radio-Canada.
Le communiqué précise : « Madame James contribuera à l’atteinte des objectifs du diffuseur public en termes de recrutement, de promotion et de développement des talents en matière de diversité, autant en programmation que dans les effectifs ».
23 septembre 2021 : Nomination de Rachel Décoste au poste de directrice, Diversité, équité et inclusion, à l’Office national du film du Canada.
8 novembre 2021 : Yolande James annonce l’arrivée de Lilly Nguyen à titre de directrice, Culture et engagement externe à la Direction générale de la diversité et de l’inclusion de Radio-Canada.
8 novembre 2021 : Cathy Wong est nommée vice-présidente, Équité, diversité et inclusion et Langues officielles à Téléfilm Canada, un poste nouvellement créé.
TASSE-TOI MONONCLE ?
En novembre 2020, Mme Wong, alors responsable de la lutte au racisme à la Ville de Montréal, était accusée par l’opposition de faire de l’âgisme.
« Comment faire place à la relève et à la diversité si certains élus s’accrochent à leur siège, mandat après mandat, décennie après décennie, et sollicitent de nouveaux mandats à chaque fois ? Il devient alors très difficile, voire impossible, pour la diversité et la relève de prendre sa place », avait-elle déclaré.
J’espère seulement que dans son nouveau poste à Téléfilm, Mme Wong ne remplacera pas le mot « élu » par « réalisateur blanc cisgenre de plus de 50 ans », comme dans la phrase : « Comment faire place à la relève et à la diversité si certains réalisateurs blancs cisgenres de plus de 50 ans s’accrochent à leurs films et sollicitent de nouveaux financements à chaque fois ? »
- Écoutez la chronique de Sophie Durocher au micro de Philippe-Vincent Foisy sur QUB Radio:
DE QUELLE DIVERSITÉ PARLE-T-ON ?
Tout le monde est pour la vertu. De même, tout le monde est pour la diversité, l’inclusion et l’équité.
Mais j’ai quand même quelques craintes quand je vois la multiplication de ces nouvelles bureaucraties.
Pour citer mon collègue Mathieu Bock-Côté : « Une société qui enferme chacun dans ses origines et transforme l’individu en échantillon représentatif d’une communauté bascule inévitablement dans la logique des quotas ».
Quand Radio-Canada, Téléfilm et l’ONF nous disent vouloir mieux représenter la société, cela signifie quoi ? Qu’on va établir des quotas ?
Que si une « communauté » représente 5 % de la population, elle devra aussi représenter 5 % des personnages de fiction ? Que les créateurs vont devoir penser leurs œuvres en termes de statistiques, avec un mètre à mesurer à la main ?
Que seuls les gais vont pouvoir incarner des gais, que seuls des transgenres pourront écrire des personnes transgenres ?
Dans un organisme où on établit une Direction de l’inclusion, donne-t-on le feu vert à un scénario comme celui de La petite vie qui a été retiré puis remis en ligne avec un avertissement ?
Mais surtout, la question que je me pose le plus est la suivante : quand on parle de l’importance de la diversité, est-ce qu’on inclut là-dedans la diversité... d’opinions ?