La détresse psychologique augmenterait chez les adolescents trans et non-binaires
Léa Martin
Les jeunes sont nombreux à avoir des idées noires et c’est encore plus vrai chez les personnes trans et non-binaires, révèle une nouvelle étude sur la santé mentale des jeunes au Québec.
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«Chez les jeunes ayant une autre identité de genre [que celle leur ayant été attribuée à la naissance], environ les trois quarts présentent des symptômes d’anxiété ou de dépression», affirme la Dre Mélissa Généreux, médecin-conseil à la Santé publique de l’Estrie et responsable de cette enquête réalisée auprès de 17 708 personnes âgées de 12 à 25 ans, dont 15 104 élèves du secondaire.
73,2% de ces jeunes disent faire face à des problèmes d’anxiété ou de dépression contre 52,2% des personnes s’identifiant comme filles et 21,2% des personnes s’identifiant comme garçons, révèle-t-on dans cette étude.
Il y a urgence d’agir
Les jeunes qui s’identifient à une autre identité de genre sont également bien plus nombreux que les autres répondants à avoir eu des idées noires dans les deux semaines ayant précédé leur participation à l'étude.
«Ce qui est inquiétant dans cette étude, c’est la période de temps», explique Geneviève Sainte-Marie de TransEstrie. «Dans les autres études sur le sujet, il est plutôt question d’idées noires qui se manifestent dans la dernière année. Ces nouvelles données montrent encore plus l’urgence d’agir.»
Selon elle, il est essentiel de prendre des mesures pour faire baisser ce nombre.
«Avec les connaissances qu’on a depuis les dernières années, ces chiffres-là devraient être en baisse», regrette-t-elle.
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Des pistes de solution
Les résultats de l’étude montrent également que les jeunes sont souvent mal à l’aise lorsqu'il s'agit pour eux de parler de leurs problèmes de santé mentale avec leur famille, leurs amis ou les adultes de leur entourage.
«On a demandé aux jeunes quelles seraient les pratiques qui leur feraient du bien dans les 12 prochains mois», précise la Dre Généreux qui identifie quelques pistes de solution.
Les réponses varient selon l’identité de genre des participants, précise-t-elle.
«Chez les jeunes ayant une autre identité de genre, la pratique numéro un qui leur ferait du bien, c’est d’avoir accès à des aménagements physiques qui favorisent la relaxation, comme des espaces de détente», propose la chercheuse.
Les jeunes trans ou non-binaires souhaiteraient également que les parents soient mieux outillés pour parler de santé mentale. «Probablement que le dialogue est plus difficile compte tenu de la réalité plus spécifique que vivent ces jeunes-là», souligne la Dre Généreux.
Un manque de ressources
Face à ces nombres alarmants, le directeur général d’Interligne, Pascal Vaillancourt, dénonce l'attitude du gouvernement Legault.
«Je suis à la direction de mon organisme depuis 8 ans et je n’ai jamais eu autant l’impression de ne pas être écouté par le gouvernement qu’à l’heure actuelle», déplore-t-il.
L’organisme, qui offre du soutien de première ligne aux personnes de la communauté LGBTQ+, a presque dû fermer son service d’écoute de nuit l’automne dernier. Si les dons de la population ont permis à Interligne de repousser sa fermeture, la survie de ce service reste encore menacée.
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Selon Geneviève Sainte-Marie, mieux financer les organismes LGBTQ+, c’est aussi une façon de désengorger le système de santé.
«Le jeune, quand il arrive chez nous [...], on peut tout de suite l’accompagner. Autrement, c’est des listes d’attente, son état se détériore et éventuellement, il n’en pourra plus», mentionne-t-elle.
Pascal Vaillancourt et Geneviève Sainte-Marie insistent finalement sur l’importance d’avoir des services spécialisés pour les jeunes faisant partie de la diversité sexuelle et de genre afin de les accompagner dans leurs défis et d’aider leurs proches et les milieux scolaires.
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