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L'article provient de Le Journal de Montréal
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Comment la désinformation sur les vaccins a rendu les enfants vulnérables au variant Omicron

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2022-01-23T12:09:12Z
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La COVID-19 a causé des décès en cascade chez les adultes américains pendant deux ans, épargnant largement les enfants, mais la propagation éclair du variant Omicron a conduit à des records d'infections et d'hospitalisations chez les enfants, la désinformation autour des vaccins accentuant les risques encourus.

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La peur que les sérums aient été développés trop vite, des rumeurs sur l'impact des injections sur la fertilité... Wassim Ballan, médecin au Phoenix Children's Hospital, assure que combattre la désinformation fait désormais partie de son métier.

«Malheureusement, la plupart du temps, quand on discute avec une famille de ces choses-là, l'enfant est déjà à l'hôpital», déplore-t-il. 

Les parents doivent comprendre que les vaccins sont «l'outil le plus important pour se protéger», dit-il, en particulier pour éviter des formes graves de la maladie comme le syndrome inflammatoire multisystémique chez les enfants (MIS-C), une complication rare et dangereuse qui ne se déclenche que plusieurs semaines après l'infection.

Seuls 27% des enfants âgés de 5 à 11 ans ont reçu une première dose de vaccin aux États-Unis, tandis que les hospitalisations pédiatriques ont atteint un record de 914 par jour en janvier, une hausse spectaculaire par rapport au pic précédent de 342 en septembre 2021. 

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Une protection dans l'utérus

La première semaine de janvier 2022, le Texas Children's Hospital, à Houston, a enregistré 12 bébés en soins intensifs avec la COVID-19. 

Les nourrissons sont trop jeunes pour recevoir le vaccin, mais Kathryn Gray, docteure au Brigham and Women's Hospital à Boston, assure que de plus en plus des recherches indiquent que la vaccination durant la grossesse mène à une transmission d'anticorps aux bébés, leur conférant une protection temporaire. 

De nombreuses femmes enceintes sont néanmoins hésitantes à se faire immuniser, car elles ont été exclues des essais cliniques initiaux.

La Dre Gray fait partie des professionnels surveillant l'évolution de la situation.

«Pour le moment, il n'y a pas eu de signaux d'alarme» dans les données, dit-elle, ajoutant qu'elle assure en «toute confiance» à ses patientes que se faire vacciner durant leur grossesse est sûr pour la mère et le bébé. 

Les autorités sanitaires à travers le monde ont le même discours, mais le manque initial de données continue à être exploité sur les réseaux sociaux par les opposants aux vaccins.

Des publications sur Facebook et Twitter prétendent que les cas d'enfants mort-nés ont grimpé depuis que les femmes enceintes se font vacciner, bien que le manque de protection contre le virus soit un risque bien plus grand. 

Selon les épidémiologistes Carla DeSisto et Sascha Ellington, des centres de prévention et de lutte contre les maladies (CDC), sur 1,2 million de naissances aux États-Unis, les données n'ont pas suggéré «de preuves que le taux de mortinatalité a été plus élevé pendant la pandémie». 

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Leurs travaux ont en revanche révélé les risques pour une femme enceinte de contracter la COVID-19. 

«Par rapport aux personnes enceintes sans COVID-19, les personnes enceintes avec la COVID-19 risquent plus de développer une grossesse avec une issue dangereuse, notamment des naissances prématurées ou de bébés mort-nés», soulignent les chercheuses. 

«Lait non vacciné»

L'allaitement a lui aussi été la cible de désinformation, avec des publications affirmant que des bébés auraient développé des éruptions cutanées ou étaient morts après avoir été nourris par une mère vaccinée. 

L'association de périnatalogie Society for Maternal-Fetal Medicine a pourtant recommandé la vaccination aux personnes allaitantes et indique qu'il n'y a aucune raison d'arrêter l'allaitement après avoir été vaccinée. 

Les fausses informations prolifèrent dans des groupes privés sur Facebook, où des parents échangent et vendent du lait maternel, ont expliqué des modérateurs à l'AFP. 

Sur la page de l'un de ces groupes qui compte plus de 10 500 abonnés, une mère new-yorkaise, Bethany Bristow, a repéré des demandes de «lait non vacciné». Avec d'autres modérateurs, elle a décidé d'interdire ce type de requêtes. 

Au contraire, des études ont dévoilé que le lait de mères vaccinées avait certains avantages, selon Laura Ward, codirectrice du Centre pour l'allaitement médical au Cincinnati Children's Hospital.

«Des anticorps ont été détectés dans le lait maternel de femmes vaccinées allaitantes. Cela signifie que les nourrissons allaités pourraient avoir une certaine protection contre la COVID-19 si leur mère a reçu le vaccin», note-t-elle. 

«Les inquiétudes ou les zones d'ombre au sujet des vaccins sont éclipsées par les risques encourus par la COVID-19», renchérit la docteure Kathryn Gray. 

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