La crise du logement a frappé fort en 2024: «La situation s’est détériorée»
Axel Tardieu
Pénurie de logements, augmentation drastique des loyers, évictions... la crise du logement s’est empirée au Québec cette année et n’a épargné aucune région de la province.
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«C’est vraiment intense de se faire évincer dans le temps des Fêtes», avoue Mélissa Simard.
Cette Montréalaise monoparentale est sur le point de se faire évincer de son appartement dans l’arrondissement Verdun à cause d’une décision du Tribunal administratif du logement.
![Mélissa Simard vit seule avec son fils de 8 ans dans un appartement.](/_next/image?url=https%3A%2F%2Fm1.quebecormedia.com%2Femp%2Femp%2Fphoto1210348b2-5172-4ca7-8046-a7ddbddc6167_ORIGINAL.jpg%3Fh%3D3024%26impolicy%3Dcrop-resize%26w%3D4032%26width%3D1600%26x%3D0%26y%3D0&w=3840&q=75)
«On cherche en urgence, mais il n’y a pas beaucoup de logements. À Verdun, c’est moins de 1% des logements qui sont vides», explique celle qui est aussi membre du Comité d’action des Citoyens de Verdun (CACV).
Vivant dans son logement depuis huit ans, elle a vu son quartier changer. «Les prix ont explosé. Ça s’est beaucoup gentrifié», dit-elle.
Selon ses recherches, elle devrait payer 1000$ de plus par mois pour un logement similaire. C’est hors de ses moyens.
«C’est vraiment paniquant, comme mère. Je ne voudrais pas nous déraciner de notre réseau et devoir changer l’école de mon fils en milieu d’année.»
Pas la seule
Au Québec, des évictions forcées comme celle de Mélissa ont plus que doublé entre 2022 et 2023.
Les associations de protection des locataires observent, cette année, une aggravation de la crise du logement.
«Il y a beaucoup plus de reprises de logements et de “rénovictions”», observe Cédric Dussault, porte-parole du Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ).
![Un homme vient aider son ami Robert Bendahan à déménager le 10 octobre, jour de son éviction, à Montréal.](/_next/image?url=https%3A%2F%2Fm1.quebecormedia.com%2Femp%2Femp%2Fc15dc120-9e1a-11ef-9ae7-6372981395ea_ORIGINAL.jpg%3Fh%3D900%26impolicy%3Dcrop-resize%26w%3D1200%26width%3D1600%26x%3D0%26y%3D0&w=3840&q=75)
Aucune grande ville n’est épargnée. Les régions les plus touchées sont celles de Québec et de Trois-Rivières qui ne comptent que 0,9% de logements vides, selon la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL).
Aucune ville de plus de 10 000 habitants n’a atteint le taux d’équilibre, fixé autour de 3%.
Manque de logements abordables
Selon la SCHL, même si le taux d’inoccupation des logements a légèrement augmenté en 2024, il n’y a toujours pas assez de logements locatifs au Québec, surtout à des prix abordables.
Projet de loi 31
L’année a aussi été marquée par l’entrée en vigueur du controversé projet de loi 31.
S’il est destiné à «limiter le droit d’éviction des locateurs et renforcer la protection des locataires aînés», selon la ministre de l’Habitation, France-Élaine Duranceau, il permet aussi à un propriétaire de refuser qu’un locataire cède son bail à un autre locataire.
«C’était peut-être la seule chose qui restait pour certaines personnes de se prémunir d’une augmentation de loyer très importante quand il y avait un changement de locataire», se désole Cédric Dussault du RCLALQ.
Cette nouvelle loi donne aussi des «superpouvoirs» aux villes afin d’atteindre d’objectif de construire 560 000 nouvelles unités d’ici 10 ans.
La stratégie de la ministre contre la crise est de «construire plus et plus rapidement», disait-elle le 22 août.
Dur de se nourrir
Dans cette crise qui s’éternise, de plus en plus de gens ont du mal à se nourrir. Le nombre de demandes d’aide alimentaire a bondi d’un million en seulement trois ans.
«On entend que c’est beaucoup lié à la crise du logement», confirme Martin Munger, directeur général des Banques alimentaires du Québec.
En réaction, Québec et Ottawa ont annoncé le 16 février la construction rapide de 2574 nouveaux logements sociaux et abordables dans la province.