La cravate dans tous ses états!
Marouchka Franjulien
L’accessoire culte a pris d'assaut les passerelles cette année. Gros plan sur la cravate, ses multiples interprétations et ses moments marquants, de Hollywood aux tapis rouges...
Windsor, Hanover, Cavendish, Pratt... Il existe autant de façons de faire un noeud que la cravate a de symboliques. C’est d’abord un insigne de pouvoir, l’accessoire indispensable au costume masculin qui se gonfle d’importance pour dissimuler les boutons d’une chemise parfaitement repassée. Et si la cravate est en voie de disparition dans les bureaux, où la tenue décontractée n’est plus seulement autorisée que le vendredi, elle reste le propre des politiciens, des banquiers et des hommes d’affaires, qui continuent de suivre un code vestimentaire de prestige, ancré dans les traditions. Fait significatif, lors du coup d’envoi du carnaval de Cologne, en Allemagne, les femmes coupent la cravate de leurs collègues masculins pour symboliser une prise de pouvoir... et d’émasculation! Car sous ses airs d’innocence, cette bande de tissu serait aussi, et avant tout, une incarnation phallique, qui trouve son paroxysme dans «la cravate de notaire», non pas l’attribut d’une profession, mais une position sexuelle qu’on vous laisse googler.
C’est en tout cas ce que pensait Freud (qui était légèrement obsédé par le sexe, on vous l’accorde). «Dans le rêve [...], la cravate symbolise souvent le pénis, non seulement parce qu’elle est longue et pend et qu’elle est particulière à l’homme, mais parce qu’on peut la choisir à son gré, choix que la nature [nous] interdit malheureusement », expliquait le père de la psychanalyse, dans son livre L’interprétation des rêves. À motifs ou coloré, taillé dans des matières soyeuses, l’accessoire devient l’apparat du mâle, qui montre ses plumes comme un paon fait la roue pour capter l’attention de la femelle. C’est la cravate qu’on tire vers soi pour attirer l’autre dans ses bras... avant de la dénouer aussitôt! Mais voilà, Freud avait oublié un léger détail: la masculinité n’a pas l’exclusivité de cet appendice-là.
Un symbole féministe
Au 17e siècle, la cravate apparaît d’abord au cou des soldats étrangers embauchés par le roi Louis XIII – les hussards croates, qui lui inspirent d’ailleurs son nom (croate... cravate, c’est vrai que c’est proche) – avant de faire son entrée à la cour de France, alors le centre du monde occidental en matière de bon goût et de bienséance. Deux siècles plus tard, une poignée de féministes, comme l’écrivaine George Sand et la militante Amelia Bloomer, troque la lavallière, le fameux pussy bow qui orne le décolleté des belles, pour cet accessoire typiquement masculin.
Le message? La revendication de leur émancipation, sur un pied (ou, en l’occurrence, une cravate) d’égalité avec le sexe fort. Arrive l’âge d’or hollywoodien: Greta Garbo, Marlene Dietrich et Katherine Hepburn – qui campe une femme déguisée en homme dans le film Sylvia Scarlett – brouillent les genres en préférant aux robes glamours des années 30 le costume masculin.
À l’époque, et sur le cou des femmes, la cravate reste avant tout un symbole d’indépendance plus qu’un simple ornement.
Un accessoire tendance
C’est dans les années 70 que l’accessoire fait véritablement son entrée dans la garde-robe féminine. En 1975, Patti Smith prend la pose devant l’objectif de son ami, le photographe Robert Mapplethorpe, pour la couverture de son album Horses.
Sa tenue androgyne – une fine cravate noire défaite, portée sur une chemise blanche – incitera d’autres reines du rock à s’emparer de la bande de tissu transversale, dont Annie Lennox du groupe Eurythmics. Deux ans plus tard, Diane Keaton, qui crève l’écran dans le film Annie Hall en incarnant une jeune femme délurée, porte à son tour la cravate, cette fois-ci rentrée dans un gilet masculin. Dès lors, les femmes s’emparent de cet accessoire tendance qui ponctue leur tenue, au même titre qu’un sac ou qu’une paire d’escarpins.
Au tournant des années 2000, la cravate délaisse pour de bon sa symbolique émancipatrice pour devenir une autre de ces lubies banalisées (voire légèrement has been), la faute à Avril Lavigne et à son pop rock. À l’aube d’une nouvelle décennie, la chanteuse canadienne s’époumone sur MTV en débardeur et en cravate à rayures, en lançant du même coup une mode qui prend d’assaut les couloirs des cégeps et les skateparks. L’accessoire s’expose à outrance et finit par lasser...
Mais quand on le voit sur les passerelles des créateurs, de Prada à Versace, en passant par Dior, Emporio Armani et Alyx, au cou de Bella Hadid, on a de nouveau une envie urgente de l’adopter!
Qui porte la cravate?
Du petit écran au tapis rouge, l’accessoire est dans le cou(p)!
Diana Spencer
La princesse de Galles, ultra-chic dans un costume marine, donne à la cravate son titre de noblesse, alors qu’elle rend visite à son frère à Londres, en 1994.
Sex and the City
Quand Carrie Bradshaw adopte l’accessoire, on a envie de la copier!
Brigitte Bardot
L’actrice porte le costume et la cravate comme personne, dans les rues de Rome, en 1967.
Tilda Swinton
Actrice caméléon par excellence, Tilda Swinton pose ici dans un ensemble immaculé avec une cravate aux allures de foulard, aux Governors Awards, en 2011.
Janelle Monáe
La chanteuse et actrice est fan des tenues androgynes pour fouler les tapis rouges (et nous aussi!).
Madonna
La Madone est une adepte de la cravate, sur scène comme aux Grammys, en 2014.
Julia Roberts
En 1990, l’actrice ose la cravate mauve à motifs – et le veston surdimensionné – aux Golden Globes.
Gossip Girl
D’un côté, le style bourgeois de Blair Waldorf; de l’autre, le penchant bohème de Serena van der Woodsen. Au fil des épisodes, les deux écolières se livrent une guéguerre amicale, et la cravate devient le symbole phare de leurs différences.
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