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L'article provient de TVA Nouvelles
Monde

Vingt ans après le 11-Septembre, la COVID-19 donne un nouvel élan aux complotistes

AFP
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Agence France-Presse

2021-09-06T20:05:21Z
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Pour Heather Bauer, le plus important dans l'anniversaire des attentats du 11-Septembre n'est pas l'effondrement des tours jumelles dans un enfer de poussière à New York, le trou béant dans le Pentagone ou la carcasse d'un avion dans un champ de Pennsylvanie.

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L'Américaine est persuadée que ces attentats sont l'oeuvre des États-Unis et non d'Al-Qaïda, une thèse qui sera abondamment reprise lors d'événements en marge du 20e anniversaire des attaques qui ont fait plus de 3000 morts.

«Je remets absolument tout en question, et je me demande ce qui est vrai dans tout ce qu'on nous raconte sur l'histoire,» dit cette femme au foyer du Wisconsin, dans le nord des États-Unis, également convaincue que la COVID-19 n'existe pas.

Elle avait 14 ans le 11 septembre 2001. Pendant des années, elle a cru à la version «officielle», jusqu'à ce qu'elle s'intéresse aux théories du complot développées par la mouvance QAnon.

Elle pense désormais que les attaques ont été orchestrées pour justifier la guerre en Irak lancée en 2003.

Elle fait partie du mouvement dit pour la vérité sur le 11 septembre, qui discute inlassablement sur les réseaux sociaux de «preuves» selon lesquelles les tours du World Trade Center se sont effondrées après une explosion contrôlée, et non parce que deux avions de ligne s'y sont fracassés.

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Une des explications souvent avancées est que «le kérosène ne peut faire fondre les barres d'acier», et qu'il a fallu des explosifs pour faire tomber si verticalement les tours.

Ces allégations, développées avec moult détails depuis vingt ans, ont été régulièrement réfutées par la presse et des documentaires. 

«Un pays complotiste»

Plusieurs conférences vont être organisées - avec du public - dans le cadre de l'anniversaire pour discuter du 11-Septembre, mais aussi des origines de la pandémie de coronavirus et des vaccins.

La 17e édition du «Festival du film sur la vérité du 11-Septembre», à Oakland en Californie, diffusera deux documentaires sur la pandémie dont «Plandemic», que des vérificateurs estiment truffé de fausses informations sur le virus.

«Il y a tellement de choses dont nous voulons parler, et nous n'avons que huit heures», se désole Carol Brouillet, organisatrice de l'événement et fondatrice de l'Alliance pour la vérité sur le 11-Septembre en Californie du Nord.

La matière ne manque pas. L'un des invités, Ken Jenkins, a à lui seul produit des dizaines de DVD sur les attentats, selon la page internet du festival.

Les théories complotistes sur le 11-Septembre ont été les premières à bénéficier de l'explosion de l'internet et se sont répandues beaucoup plus vite que des thèses plus anciennes, comme celles sur l'assassinat du président Kennedy ou le pied de Neil Armstrong sur la Lune.

«L’Amérique est un pays remarquablement complotiste», lance Garrett Graff, journaliste et auteur d'un livre sur le sujet.

Avec l'internet, ces thèses complotistes ont permis à ceux qui y croyaient de créer plus facilement un réseau d'adeptes.

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De l'anthrax à la COVID

Ces théories «sont nées au moment précis où des réseaux sociaux ou des médias en ligne comme YouTube ont permis aux gens de propager leurs idées de manière convaincante», dit-il.

La Commission des juristes pour une enquête sur le 11-Septembre organise ainsi une conférence en ligne pour le 20e anniversaire, qui parlera aussi de la COVID-19.

L'événement est baptisé «de l'anthrax du 11-Septembre à la pandémie», en référence aux enveloppes contenant cette substance mortelle envoyées à des responsables politiques et des journalistes pendant quelques semaines en septembre 2001.

Le lien entre l'anthrax et la COVID est clair, assure l'avocat Mick Harrison, membre de la Commission.

«Parce que nous avons fait des recherches sur le travail des États-Unis concernant les armes biologiques, nous sommes maintenant inquiets du fait qu'il puisse y avoir actuellement un problème avec l'utilisation de ces armes dans le pays», dit-il.

Pour Mme Bauer et M. Harrison, la lutte contre la version officielle des attentats est un devoir civique.

«J'essaie d'améliorer ce pays en rendant le gouvernement plus démocratique, plus responsable et plus transparent», affirme Mick Harrison.

Le 11-Septembre «pose un gros problème car nous ne savons pas encore la vérité sur ce qu'il s'est passé».

La décision du président Joe Biden de déclassifier certains documents de l'enquête sur les attentats, et la responsabilité éventuelle de l'Arabie saoudite, pourrait lever les doutes... ou relancer les théories du complot.

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