Tests rapides enfin près de chez vous
Laurent Lavoie | Journal de Montréal
La course aux tests rapides commence enfin ce matin, alors que les pharmacies commenceront à en distribuer gratuitement. Et le stock risque de s’écouler très rapidement si l’engouement se compare avec ce qui s’est produit ailleurs.
«Si tout le monde veut sa boîte demain matin, ça ne fonctionnera pas, a fait valoir Benoit Morin, président de l’Association québécoise des pharmaciens propriétaires. Je comprends l’engouement, mais le message que j’aimerais lancer, c’est un appel à la patience.»
Environ 840 000 trousses de tests rapides devraient être distribuées gratuitement dans la grande majorité des pharmacies de la province cette semaine. Une seule sera accordée par mois par personne. Elles peuvent d’ailleurs être utilisées par toutes les tranches d’âge.
Il est aussi suggéré que chaque membre de la famille ait en sa possession sa carte d’assurance-maladie.
Les familles ayant reçu des tests provenant de milieux scolaires peuvent aussi se présenter, mais il est recommandé de laisser la chance à ceux qui n’en détiennent toujours pas, indique Benoit Morin.
À sec
Or, il est probable que le gouvernement soit rapidement confronté à une pénurie, selon les intervenants consultés par Le Journal. Ce fut le cas en seulement quelques heures en Ontario et Alberta, où ils sont aussi offerts gratuitement.
Alors qu’ils sont des milliers à braver le froid dans les files d’attente des cliniques de dépistage, cet outil continuera de gagner en popularité, poussant la population à l’acheter auprès d’entreprises privées, estime Marie-Pier Raymond, présidente de Cardio choc, distributeur d'équipement médical depuis plus de 30 ans.
«Avec les rassemblements des fêtes, le nombre de cas qui augmentent, les gens veulent se rassurer, se tester avant leur party, même si ce n’est pas ça l’objectif. Je pense qu’il va y avoir une recrudescence de la demande», indique-t-elle.
Écoutez Benoît Dutrizac et Philippe-Vincent Foisy sur QUB radio:
Vigilance
Avec la popularité à prévoir de ces tests, plusieurs pourraient y voir une opportunité d’affaires. Mais les experts dans le milieu lèvent un drapeau rouge.
«C’est important de vérifier la crédibilité de la compagnie à qui on achète, si elle a pignon sur rue depuis un bout de temps, et en fait si elle ne profite pas de la manne du contexte actuel», souligne Roxane Borgès Da Silva, professeure à l’École de santé publique de l’Université de Montréal.
Benoit Morin, qui encourage la population à se tourner vers des professionnels, abonde dans le même sens. «Même si c’est approuvé par Santé Canada, si ça a été congelé ou mis dans des températures excessives, votre test n’est plus bon», pointe-t-il.
Une chute drastique
Néanmoins, le dépistage massif de la population avec les tests rapides peut offrir des résultats intéressants, tel que l’a rapporté la revue Science.
À la fin de l’année 2020, la Slovaquie a utilisé cette stratégie auprès de ses quelque 5,5 millions d’habitants. Après deux rondes de tests, le nombre de nouvelles infections a chuté d’environ 80% dans une quarantaine de comptés.
«Quand ils ont arrêté, les cas se sont mis à remonter, mais ça dépend de l’étendue de l’utilisation, donc c’est difficile à prévoir. À cinq [tests] par personne [comme au Québec], ce n’est pas beaucoup», commente Roxane Borgès Da Silva.
Écoutez la chronique de Geneviève Pettersen avec Benoit Dutrizac sur QUB Radio:
En chiffres
Coût approximatif au privé : 60$ pour 5 tests
Dépenses d’Ottawa pour les tests rapides : 1,33 G$
Nombre de tests achetés : jusqu’à 102 millions
Nombre de tests que Québec veut distribuer avant les Fêtes: 10 millions
Sources : Services publics et Approvisionnement Canada et le gouvernement du Québec