La priorisation des soins et des ressources en milieux hospitaliers au détriment des CHSLD, ainsi que la présence d’«âgisme systémique» au Québec, ont mené à «l’hécatombe» vécue dans les centres d’hébergement, lors de la première vague de la pandémie.

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C’est ce qu’on soutenu les deux premiers experts entendus à la barre des témoins lundi avant-midi, lors des audiences du volet national de la gestion de la crise de la COVID-19 dans les milieux d’hébergements pour ainés, qui s’amorçait au palais de justice de Québec. 

«On a fait très peu de cas de ces milliers de morts, on n’a pas de vu de mouvement Old Age Matters. On n’a pas vu de démission de ministre, on n’a pas vu de limogeage de directeur d’établissement, même les wokes ne se sont pas insurgés pour critiquer cette hécatombe chez les personnes âgées», a durement critiqué le Dr Réjean Hébert, gériatre et ancien ministre de la Santé. 

Ce dernier a aussi souligné plusieurs lacunes en CHSLD, dont la vétusté des établissements, la mauvaise ventilation, les chambres à lits multiples, les salles de bain partagées et la pénurie de personnel, soulignant qu’elles ont également contribué à créer la «tempête parfaite».  

Selon lui, les personnes âgées ont été «l’angle mort» de la crise. Le Dr Hébert a aussi tenu à rappeler que 92% des décès lors de la première vague de COVID-19 au Québec étaient chez des personnes âgées de 70 ans et plus. 

«Le Québec se démarque malheureusement tristement par le nombre de décès en hébergement», a-t-il indiqué. Le spécialiste a rapporté que le taux de mortalité en centres d’hébergement au Québec se situait à 9,7 au Québec, alors qu’il était de 5,3 et 5,2 en Espagne et en Italie respectivement, pays également très touchés par la pandémie COVID-19. 

«Centralisation hospitalière»   

Pour sa part, le gériatre et épidémiologiste Dr Quoc Dinh Nguyen a notamment critiqué une «centralisation hospitalière» dans les décisions gouvernementales, au détriment des CHSLD, notamment en ce qui concerne l’approvisionnement du matériel de protection et les ressources humaines. 

«Couper la voix» aux résidents

Même s’il était en accord avec le fait d’interdire l’accès aux CHSLD pour les proches aidants afin d’éviter d’éventuelles contaminations, le Dr Nguyen affirme que cette mesure a contribué à «couper la voix» aux résidents, contribuant au triste résultat que l’on connait. 

Au total, une quarantaine d’experts et de témoins seront appelés à témoigner lors des audiences, qui se tiendront jusqu’au 3 décembre prochain. La coroner Me Géhane Kamel émettra ensuite ses recommandations. 

Le directeur national de santé publique, Dr Horacio Arruda, ainsi que la ministre responsable des ainés, Marguerite Blais, si elle est revenue de son congé de maladie, seront notamment entendus au cours des prochains jours. 

Plusieurs décès de personnes vulnérables, survenues en CHSLD ou en résidences pour ainés ont fait l’objet d’enquête par la coroner Kamel depuis le mois de mars dernier, dont le Manoir Liverpool de Lévis, le CHSLD Laflèche de Shawinigan, le CHSLD Herron de Dorval, ainsi que le CHSLD René-Lévesque de Longueil.