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L'article provient de TVA Nouvelles
Politique

Enquête sur les décès en CHSLD: McCann ne savait pas pour les aînés abandonnés

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Vincent Larin | Agence QMI

2021-11-18T14:31:58Z
2021-11-18T21:25:12Z
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L’ex-ministre de la Santé, Danielle McCann, ne se souvient pas d’avoir été informé pendant la première vague de la pandémie, au printemps 2020, que certains résidents de CHSLD n’étaient pas nourris ni hydratés.

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«Ça m’a été rapporté qu’on manquait de personnel, mais est-ce qu’il a eu un moment où on n’a pas pu donner les soins de base, je ne sais pas», a-t-elle révélé, jeudi, lors de son témoignage à l’enquête publique sur la vague de décès en CHSLD durant la première vague.

D’abord rapportés par les médias, des cas de CHSLD « désorganisés et à bout de souffle » où des aînés sont morts seuls et sans soins de confort durant cette période ont été confirmés dans le rapport d’étape de la Protectrice du citoyen sur ce drame.

Or, Danielle McCann ne se souvient pas non plus d’avoir pris connaissance de ce document pourtant déposé le 10 décembre 2020. À noter, la ministre s’est vu confier le dossier de l’Enseignement supérieur au début de l’été.

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«Par déduction», elle a toutefois reconnu que certains aînés pouvaient avoir été privés temporairement de soins le temps que du personnel soit dépêché à leurs côtés, ce dont les CISSS et les CIUSSS s’occupaient en cas de bris de services.

Dès janvier     

Tout comme l’avait affirmé le directeur national de la santé publique, le Dr Horacio Arruda, lundi, Danielle McCann dit avoir été informée dès la fin janvier de la vulnérabilité des CHSLD. Il a alors été demandé aux PDG des CISSS et des CIUSSS de les préparer, s’est-elle remémorée.

Mais pendant «qu’à l’hôpital Notre-Dame les gens attendaient et se tournaient les pouces», les CHSLD étaient frappés «de plein fouet», a fait valoir la coroner Géhane Kamel. «Cette préparation-là, elle appartenait à qui?», a-t-elle lancé.

«Aux PDG des CIUSSS», a insisté la ministre en affirmant qu’il leur revenait de s’assurer d’«avoir les équipements, avoir du personnel».

Or, comme l’a exposé l’avocat représentant des familles endeuillées, Me Patrick Martin-Ménard, les procès-verbaux des rencontres entre hauts représentants du ministère de la Santé ne font pas mention du coronavirus avant la fin février.

«Je ne sais pas quoi répondre», a soufflé Danielle McCann, visiblement ébranlée.

La ministre a plus tard identifié l’absence d’un grand nombre de gestionnaire au niveau des CHSLD, une conséquence de la réforme Barrette, comme un «facteur majeur» qui «a fait très mal» durant la première vague.

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Pas moins de 1500 postes de gestionnaires de premier niveau ont été supprimés et quelques 2000 cadres ont quitté le réseau depuis cette réforme en 2015, a-t-elle détaillée.

Kamel veut entendre les inspecteurs   

La coroner Géhane Kamel n’exclut pas d'entendre les inspecteurs dont les rapports de visites ont été détruits durant la première vague de la pandémie.

Elle a adressé une nouvelle demande au ministère de la Santé jeudi: fournir tous les courriels et notes transmises aux sous-ministres adjoints au sujet de ces visites en CHSLD entre le 13 mars et le 1er mai.

La sous-ministre adjointe aux aînés, Natalie Rosebush, a révélé mardi, lors de son témoignage, que le gouvernement n’avait pas conservé les notes prises par ces inspecteurs durant la première vague. Une information confirmée le lendemain par son ex-collègue, l’ancien sous-ministre Yvan Gendron.

Le Parti libéral du Québec a réagi à ces révélations en demandant à la coroner Géhane Kamel d’entendre les inspecteurs.

Ce qu’elle n’a pas exclu de faire si le ministère était incapable de fournir quelques documents écrits au sujet de ces inspections dont il ne resterait plus de traces.

Des questions sans réponse

Jeudi, les libéraux ont relancé leurs demandes, cette fois en demandant à la coroner d’entendre le premier ministre du Québec, François Legault, sur la gestion de la première vague.

«François Legault a suggéré à Marguerite Blais (ministre responsable des Aînés) de partir en congé de maladie juste avant que l’enquête de la coroner ne recommence début novembre. Coïncidence? Des questions demeurent sans réponses», a écrit la députée Monique Sauvé, sur Twitter.

«Mme McCann a raison de dire que la réforme Barrette a été un facteur aggravant dans la gestion de la pandémie», mais il ne faut pas oublier que de 2018 à 2020, c’était elle la ministre de la Santé, a réagi le député solidaire Sol Zanetti pour qui la ministre «partage la responsabilité des dysfonctionnements du système de santé».

Selon lui, une commission d’enquête «en bonne et due forme» reste essentielle.

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