La contraception gratuite rapporterait-elle de l’argent au Québec?
Léa Martin
Pilule contraceptive, condom, stérilet, anneau vaginal: Québec solidaire veut rendre gratuits tous les moyens de contraceptions pour tout le monde. Pour la formation de gauche, une telle mesure permettrait à l’État de réaliser des économies.
48 M$ par année
Le montant que Québec devrait débourser chaque année pour assurer la gratuité des moyens de contraception gratuite, c'est de 48 M$, estime QS.
Selon le parti politique, cet investissement permettrait «de réaliser des économies potentielles de 71 M$ par année en réduisant le coût des soins reliés aux grossesses non désirées».
Les grossesses non désirées coûtent plus de 320 M$ au système de santé au Canada, selon une étude publiée dans Le Journal d'obstétrique et gynécologie du Canada.
La Colombie-Britannique, qui vient d’annoncer que les moyens de contraception sous ordonnance seraient gratuits à compter du 1er avril, a pour sa part prévu dépenser 119 M$ sur trois ans pour cette mesure, ce qui représente un peu moins de 40 M$ annuellement.
Ailleurs dans le monde
En Belgique, certains moyens de contraception sont gratuits pour les moins de 25 ans. La pilule du lendemain y est gratuite pour toutes. En France, la contraception est gratuite pour les femmes de moins de 26 ans. Depuis janvier 2023, les condoms y sont également gratuits en pharmacie pour les 18-25 ans.
«Le gouvernement Legault nous parlait de sa vision du féminisme la semaine dernière, voici une occasion concrète de montrer au reste de l'Amérique du Nord que dans notre vision québécoise du féminisme, l'accès à la contraception, comme l'accès à l'avortement, est un droit garanti au Québec», soutient la co-porte-parole de Québec solidaire, Manon Massé.
Déjà en 2022, QS avait proposé de rendre toutes les méthodes de contraception hormonales gratuites.
Une charge qui repose toujours sur les femmes
«Dans un contexte de hausse rapide du coût de la vie, nous devons éliminer les barrières financières à l'accès à la contraception», poursuit Manon Massé.
La charge contraceptive, financière et médicale repose encore beaucoup sur les femmes, souligne-t-elle.
«C’est la femme qui tombe enceinte et qui doit gérer la grossesse, désirée ou non. Mais l’homme intervient aussi; une femme ne peut pas tomber enceinte toute seule», indique la directrice clinique au Centre de santé des femmes de Montréal, Geneviève Landry. «C’est tout de même elle qui, souvent, assume les frais et doit gérer la méthode contraceptive».
Et qu’en est-il de la contraception masculine?
La recherche sur la contraception masculine avance, mais pas aussi rapidement que celle des femmes. L’an dernier, des scientifiques ont annoncé avoir mis au point une pilule contraceptive masculine qui s’est montrée efficace à 99% chez des souris sans provoquer d'effets secondaires visibles. Des essais cliniques sur les hommes étaient prévus pour la fin de l’année 2022.
En France, la vente de l’anneau en silicone chauffant, Andro-switch, qui gagnait en popularité, a été suspendue par l’Agence du médicament (ANSM), faute de preuves d’efficacité et de sécurité.
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Vers une gratuité des produits d'hygiène menstruelle
Québec solidaire propose aussi de rendre accessibles gratuitement les tampons et les serviettes hygiéniques, comme c’est le cas en Écosse depuis l’été 2022. Dans ce pays, une application a été créée, PickMyPeriod, afin de trouver les points de distribution les plus proches, comme dans les écoles et les universités.