La Chine veut limiter les avortements
Gabriel Ouimet
Après avoir limité le nombre de naissances sur son territoire pendant des années, Pékin veut réduire le nombre d’avortements qui ne sont pas «nécessaires médicalement», dans le but de relancer son taux de natalité et d'encourager les couples à avoir plus d’enfants.
De nouvelles directives sur la santé sexuelle des femmes, publiées par le gouvernement, indiquent que les professionnels de la santé doivent en faire plus pour «promouvoir les examens prémaritaux, des bilans de santé prégrossesse» et «réduire les avortements qui ne sont pas nécessaires médicalement».
Le Conseil d’État a aussi déclaré que des mesures allaient être prises pour éviter les grossesses non désirées et pour encourager les hommes à «partager la responsabilité» de leur prévention.
On ne sait toutefois pas comment ces mesures seront mises en place, puisque le gouvernement n’a pas donné plus de détails pour l’instant.
Déjà, depuis 2018, les autorités sanitaires du pays multiplient les avertissements contre le recours à l’avortement, car elles jugent que la procédure est dangereuse pour le corps des femmes et qu’elle risquerait de provoquer l’infertilité.
L’enfant unique pointé du doigt
Contrairement à une bonne partie du reste de l’Asie, l’avortement est légal et très accessible en Chine. Le pays est cependant aujourd’hui victime de ses politiques passées.
Pendant des décennies, le gouvernement avait instauré une politique de l’enfant unique pour limiter le nombre de naissances. La préférence traditionnelle pour les bébés garçons a mené à l’avortement ou à l’abandon des petites filles, ce qui a conduit à un déséquilibre au sein de la population.
Les inquiétudes grandissantes sur la démographie ont donc graduellement eu raison de la politique de l’enfant unique: en 2016, elle a été assouplie pour permettre à tous les Chinois d’avoir un deuxième enfant et, en mai dernier, le gouvernement a annoncé que la limite était augmentée à trois enfants par famille.
Des mesures pour réduire la charge financière liée à l’éducation des enfants ont aussi été mises en place.
Hausse des avortements, baisse des naissances
Malgré cela, des données de la Commission nationale de la santé indiquent qu’entre 2014 et 2018, il y a eu en moyenne 9,7 millions d’avortements par an, soit une hausse d’environ 51% par rapport à la moyenne 2009-2013. On ne sait cependant pas combien d'avortements ont été pratiqués pour des raisons médicales.
Bien que la Chine reste le pays le plus peuplé du monde, avec 1,411 milliard d’habitants à la fin de 2020, le dernier recensement a montré que la croissance démographique entre 2011 et 2020 avait été la plus faible depuis les années 50 et que la population devrait commencer à décliner bientôt.
L’année passée, le nombre de naissances est tombé à 12 millions, contre 14,65 millions en 2019, ce qui était déjà le taux de natalité le plus bas enregistré depuis la fondation de la Chine communiste en 1940.