Menaces de riposte et appels au dialogue: voici les principales réactions internationales aux tarifs de Trump
AFP
Un « coup dur »pour l’économie mondiale, du « protectionnisme » : la plupart des pays ont dénoncé les droits de douane additionnels imposés par le président américain Donald Trump, Union européenne et Chine en tête. Sans annoncer de représailles concrètes dans l’immédiat, certains privilégiant la négociation.
Voici les réactions, en commençant par les pays les plus taxés.
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Voici les réactions, en commençant par les pays les plus taxés.
Canada
« Nous allons combattre ces droits de douanes avec des contre-mesures », a annoncé le Premier ministre Mark Carney.
Le Canada imposera des droits de 25% sur tous les véhicules importés des États-Unis qui ne respectent pas l'Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM), a annoncé Mark Carney, jeudi en point de presse.
Cette mesure n’affectera toutefois pas les pièces, a assuré le premier ministre.
Chaque dollar sera remis directement aux travailleurs de l’industrie automobile et aux entreprises touchées par les tarifs douaniers américains.
Chine
Un porte-parole du ministère chinois du Commerce a dénoncé « l’unilatéralisme, le protectionnisme et le caractère d’intimidation des mesures des États-Unis », tout en signalant que Pékin souhaitait « maintenir la communication » avec Washington.
Union européenne
Les nouveaux droits de douane sont « un coup dur » pour l’économie mondiale, a déclaré la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Selon elle, il n’est « pas trop tard »pour négocier, mais les Européens travaillent à « un nouveau paquet de contre-mesures ».
L’UE envisage « d’attaquer les services numériques », selon la porte-parole du gouvernement français Sophie Primas.
« Nous agirons de manière calme, soigneusement échelonnée et unifiée, a affirmé le commissaire européen au Commerce, Maros Sefcovic.
France
Emmanuel Macron a dénoncé une «décision brutale et infondée» et des «mesures d’une extrême gravité pour l’économie européenne».

“La décision qui a été annoncée cette nuit est une décision brutale et infondée”, a réagi le président français. D’une “ampleur inédite”, cette décision “va avoir un impact massif qui va toucher tous les secteurs de l’économie et de l’export européens”.
M. Macron a appelé les entreprises françaises engagées aux États-Unis à y suspendre leurs projets d’investissements jusqu’à ce que l’annonce de Donald Trump sur une hausse massive des droits de douane à l’encontre de l’Union européenne soit “clarifiée”.
Allemagne
Le chancelier allemand Olaf Scholz et son ministre de l’Économie ont appelé l’Europe à montrer «ses muscles», sans écarter l’option de taxer la tech américaine, tout en maintenant le dialogue.
Italie
La première ministre Giorgia Meloni avait déploré dès mercredi soir une “mauvaise mesure”. Elle avait auparavant dit vouloir “parvenir à un accord avec les États-Unis, afin d’éviter une guerre commerciale qui affaiblirait inévitablement l’Occident au profit d’autres acteurs mondiaux”.
Espagne

Ces mesures consistent à revenir “au protectionnisme du XIXe siècle, ce qui, à mon avis, n’est pas une manière intelligente de relever les défis du XXIe siècle dans un monde totalement interconnecté”, a jugé le premier ministre espagnol Pedro Sanchez.
Suisse
Le gouvernement suisse ne prévoit pas de contre-mesures “en l’état” aux droits de douane américains malgré le coup de massue de 31 % asséné sur de nombreux produits helvétiques, dans une tentative visant à préserver ses relations commerciales avec les États-Unis.
“Une augmentation des tensions commerciales n’est pas dans l’intérêt de la Suisse”, a indiqué le Conseil fédéral.
Inde

Prudent, le gouvernement indien a dit “examiner les conséquences” des nouvelles taxes de 26, voire 27 %, et tenter d’y voir des “opportunités”. Notamment en termes de parts de marché à gagner face à des voisins concurrents comme la Chine, l’Indonésie ou le Vietnam, plus lourdement taxés, selon la Fédération des organisations d’exportations indiennes.
Vietnam

Le premier ministre vietnamien, dont le pays est visé par des droits de douane massifs de 46 %, a demandé jeudi la mise en place immédiate d’une “équipe de réaction rapide”.
Bangladesh
Des dirigeants de l’industrie textile du Bangladesh ont estimé que Donald Trump portait un “coup de massue” au deuxième plus grand fabricant de vêtements au monde, avec des droits de douane de 37 % pour le pays.
Cambodge
Le ministère du Commerce a qualifié de “pas raisonnables” les taxes de 49 % contre le Cambodge, l’un des plus importants pays exportateurs de vêtements bas de gamme, espérant pouvoir négocier avec Washington.
Japon
Ces mesures sont “extrêmement regrettables”, a indiqué le ministre du Commerce et de l’Industrie Yoji Muto, précisant avoir “vivement exhorté Washington à ne pas les appliquer au Japon”.
Le gouvernement a estimé que Washington pourrait avoir enfreint les règles de l’OMC et leur accord bilatéral.
Thaïlande
La Thaïlande dispose d’un «plan solide» pour répondre aux droits de douane de 36 % la visant et espère pouvoir négocier une réduction de ceux-ci, a affirmé jeudi la première ministre Paetongtarn Shinawatra.
Corée du Sud
La “guerre tarifaire mondiale est devenue une réalité”, a déploré le président par intérim Han Duck-soo, qui s’est engagé à “utiliser toutes les ressources du gouvernement pour surmonter la crise commerciale”.
Afrique du Sud
Les nouveaux droits de douane de 30 % imposés sur les importations sud-africaines sont préoccupants et soulignent le besoin urgent d’un nouvel accord commercial bilatéral, a déclaré le président sud-africain Cyril Ramaphosa.
Royaume-Uni
La hausse des droits de douane aura «un impact économique, tant au niveau national que mondial», a affirmé jeudi le premier ministre britannique Keir Starmer, dont le pays a été relativement épargné par Trump (10 %) et négocie un accord avec les États-Unis ».
Danemark
« Le commerce mondialisé a profité à tous (...) Je ne comprends pas que les États-Unis veuillent déclencher une guerre commerciale contre l’Europe. Personne n’est gagnant, tout le monde est perdant », a déclaré Lars Løkke Rasmussen, ministre des Affaires étrangères.
Suède
Le Premier ministre suédois Ulf Kristersson a dit « déplorer profondément » que les États-Unis aient « pris une direction visant à restreindre le commerce ».
Norvège
« C’est le revers le plus grave pour un commerce mondial ouvert et libre depuis l’entre-deux-guerres », a estimé le ministre norvégien de l’Économie Jens Stoltenberg.
Australie
« Ces droits de douane ne sont pas inattendus, mais soyons clairs : ils sont totalement injustifiés », a déclaré le Premier ministre Anthony Albanese, déplorant un « geste qui n’est pas celui d’un ami » et craignant une détérioration des relations entre les deux pays.
Brésil
Le président Lula a annoncé que « toutes les mesures appropriées » seraient prises pour « défendre les entreprises et les travailleurs » du pays sud-américain, visé par l’imposition de 10 % de droits de douane par les États-Unis.
« Nous défendons le multilatéralisme et le libre-échange, et nous répondrons à toute tentative d’imposer un protectionnisme qui n’a plus sa place dans le monde », a déclaré Luiz Inacio Lula da Silva.
Mexique
La présidente mexicaine Claudia Sheinbaum a estimé que la décision de Donald Trump de ne pas appliquer de droits de douane réciproques avec le Mexique était quelque chose de « bon » pour son pays.
« C’est bon pour le Mexique », a dit la cheffe d’État. Elle a précisé que cette décision était due à « la bonne relation » que son gouvernement avait construite avec l’administration américaine.