La Caisse a versé plus de 18M$ pour attirer des gros bonnets
L’institution n’hésite pas à sortir le chéquier pour «compenser» de futurs employés


Sylvain Larocque
Même si elle affirme ne pas verser de primes d’embauche, la Caisse de dépôt a tout de même déboursé 18 millions $ pour convaincre des travailleurs de rejoindre ses rangs, au cours des cinq dernières années.
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Une centaine de salariés de la Caisse ont reçu des «montants compensatoires» au moment de leur embauche, indique l’institution, dans sa réponse à une demande d’accès à l’information du Journal.
«La Caisse ne paie pas de primes d’embauche aux fins d’attraction. Cependant, lorsque nécessaire, un montant compensatoire est prévu pour compenser des pertes reliées au programme de rémunération et d’avantages antérieur d’un candidat lors du changement d’emploi», indique Claude Mikhail, responsable de l’accès à l’information au sein de l’institution.
«Tout montant compensatoire alloué est accompagné d’une clause de rétention et doit donc être remboursé en cas de départ prématuré de l’employé», précise une porte-parole de la Caisse, Kate Monfette.
En moyenne, la Caisse a versé près de 100 000$ par personne, par année, aux bénéficiaires de ces compensations. Certains employés ont reçu de telles sommes pendant plus d’une année.
Plus à l’extérieur du Québec
Les salariés qui ne résident pas au Québec sont proportionnellement plus nombreux à recevoir de tels paiements, et les sommes qu’ils reçoivent sont généralement plus élevées.
De 2019 à 2023, la moyenne des «montants compensatoires» versés aux employés hors Québec a atteint plus de 120 000$, contre moins de 80 000$ pour les salariés québécois.
Cette situation s’explique notamment par le fait qu’à l’extérieur du Québec, la Caisse tente souvent de débaucher des professionnels qui jouissent de rémunérations considérables au sein de firmes financières prestigieuses dans des villes où le coût de la vie est élevé, comme Londres et New York.
La rémunération moyenne des salariés hors Québec de la Caisse est d’ailleurs nettement supérieure à celle des employés qui vivent ici: elle s’établit à 575 000$, contre 310 000$ pour l’ensemble du personnel de l’institution.
Près de 4M$ pour Emond
Le champion toutes catégories des «montants compensatoires» à la Caisse est le PDG de l’institution, Charles Emond. Celui-ci en a reçu pour tout près de 4M$, et ce, de 2019 à 2021. Ces sommes se sont ajoutées à sa rémunération annuelle de plus de 4M$ par année.
Avant de travailler à la Caisse, M. Emond occupait un poste de premier vice-président à la Banque Scotia.
Le vice-président aux infrastructures, Emmanuel Jaclot (905 000$), le chef du placement privé, Martin Longchamps (900 000$), et le chef des activités mondiales, Marc-André-Blanchard (800 000$), ont également eu droit à d’importantes compensations.
Or, avant d’être recruté par la Caisse, M. Blanchard gagnait moins de 300 000$ par année à titre d’ambassadeur du Canada aux Nations unies.
Notons qu’Hydro-Québec et Investissement Québec (IQ) sortent eux aussi le chéquier pour recruter des dirigeants. Hydro a ainsi versé 625 000$ à son nouveau vice-président aux finances, Maxime Aucoin, tandis qu’IQ a versé 595 000$ à Bicha Ngo, qui est devenue PDG de l’organisation en début d’année.
Ils ont reçu de grosses compensations
Charles Emond, PDG

2021: 1,8M$
2020: 1,4M$
2019: 0,7M$
Total: 4M$
Emmanuel Jaclot, vice-président aux infrastructures

2020: 459 000$
2019: 446 000$
Total: 905 000$
Martin Longchamps, vice-président au placement privé

2023: 900 000$
Marc-André Blanchard, vice-président, CDPQ mondial

2022: 400 000$
2021: 400 000$
Total: 800 000$