La bataille d’une pâtissière de Jonquière est bonne pour ses affaires
Jean-François Tremblay
La pâtissière de Jonquière, au Saguenay–Lac-Saint-Jean, qui a décidé de défier les mesures sanitaires en ouvrant son commerce, jeudi, a été victime de sa popularité le lendemain et a dû fermer sa boutique en raison d’une rupture de stock.
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Le soutien envers Stéphanie Hariot est tel qu’après près de cinq heures d’ouverture, le commerce a été fermé à 11h45 vendredi. «Dsl. Pu de stock. À demain 7h00», était-il possible de lire sur l’affiche collée sur la porte, les comptoirs étant vides.
Des clients faisaient la file vendredi matin à l’extérieur à -30 degrés. Des automobilistes klaxonnaient en passant devant la pâtisserie en guise d’appui, et de nouveaux clients avaient fait 40 minutes de route pour fréquenter l’endroit pour la première fois.
Pour cette deuxième journée, Stéphanie Hariot a préféré ne pas accorder d’entrevue ni avoir de caméra dans son commerce. Elle dit vouloir éviter d’être surexposée.
Elle continue cependant de défier la loi et a affirmé que des gens organisent une collecte de fonds GoFundMe au cas où elle recevrait des constats d’infraction.
Des avocats pensent aussi que sa lutte serait défendable si on lui imposait des constats d’infraction.
«Ce qu’elle fait, c’est une majorité de gens qui le pensent, mais qui ne le font pas», a affirmé l’avocat Charles Cantin.
Jeudi, il était venu encourager sa voisine commerçante en sortant des gâteries à emporter. Il croit qu’il y a une défense possible si elle recevait un constat.
«Il y a peut-être des pistes de défense, mais je suis très prudent à cette étape-ci», a ajouté Me Cantin.
L’avocat Régis Gaudreault était aussi allé se chercher des produits jeudi chez celle qu’il a déjà représentée au civil.
«C’est une petite madame qui est toute seule, propriétaire unique et qui travaille très fort», a témoigné Me Gaudreault.
Les deux avocats ne veulent pas inciter à la désobéissance civile, mais leur achat consistait à encourager une commerçante.
Me Gaudreault a également estimé qu’un constat serait contestable. «Mme Hariot n’a pas une salle à manger comme dans un restaurant. Moi, je pense qu’il faut faire une différence entre un restaurant et un café ou une pâtisserie.»
Mais les tickets pourraient s’accumuler si elle poursuit sa lutte, selon lui. «Chaque jour d’ouverture ou de manquement est une infraction.»
La police de Saguenay a mentionné que le dossier est toujours sous enquête et n’a pas encore été soumis au bureau du Directeur des poursuites criminelles et pénales.