La Banque du Canada augmente son taux directeur
Anne Caroline Desplanques | Agence QMI
La Banque du Canada relève le taux directeur d’un quart de point. Le taux cible du financement à un jour passe de 0,25% à 0,5%.
L’objectif est de contrôler l’inflation, qui s’établit désormais à 5,1%.
La Banque avait annoncé ses couleurs en janvier, prévenant qu’elle ne pouvait plus maintenir le taux directeur à son niveau plancher sans s’éloigner dangereusement de sa cible de 2% d’inflation.
Une tempête nommée Poutine
Mais, depuis la dernière sortie de la banque centrale, une autre tuile s’est abattue sur l’économie mondiale, alors qu’elle ne s’était pas encore pleinement remise de la pandémie: l’invasion de l’Ukraine par la Russie. La Banque craint maintenant que l’inflation s’accélère encore plus que prévu.
«Les hausses de prix se sont généralisées et les mesures de l’inflation fondamentale ont toutes augmenté. Les mauvaises récoltes et les coûts de transport plus élevés ont fait monter les prix des aliments. L’invasion de l’Ukraine exerce des pressions à la hausse supplémentaires sur les prix de l’énergie et des produits de base alimentaires», a expliqué la banque centrale.
L’attaque russe en Europe a automatiquement secoué les marchés internationaux, poussant le prix du pétrole brut à la hausse et, avec lui, celui de tous les biens de consommation. Les chaînes d’approvisionnement, encore perturbées par la pandémie, doivent maintenant absorber un autre choc. Les sanctions économiques imposées à Moscou ont accentué le phénomène.
... deviendra un dangereux ouragan
Mardi, la ministre des Finances et vice-première ministre Chrystia Freeland a prévenu que, pour stopper Vladimir Poutine, des sanctions encore plus sévères sont sur le point d’être annoncées et risquent d’affecter l’économie canadienne.
Face à cet ouragan international, la Banque du Canada signale s’attendre à ce que «l’inflation à court terme dépasse la projection de janvier». Il lui faudra tenir la barre de l’économie canadienne d’une main de fer pour faire face aux vents contraires.
Le ministre de l’Industrie, François Philippe Champagne, prévoit que la guerre influencera surtout le prix de l’essence, du gaz, du blé et de certaines denrées alimentaires.
Dans ce contexte, le ministre a tenu à se montrer rassurant et proactif.
«L’avantage, d’une certaine façon, pour le Canada, c’est que les échanges commerciaux qui existent entre le Canada et la Russie sont minimes, moins d’un pour cent au niveau des importations et des exportations», a-t-il dit mercredi matin.
Pour «s’assurer que les Canadiens paient le meilleur prix» malgré tout, M. Champagne a demandé au Bureau de la concurrence du Canada de s'assurer qu’il n’y ait pas de pratiques déloyales dans le marché des carburants, comme l’a fait l’administration Biden il y a quelque semaines.
La Banque du Canada prévient d’ores et déjà que d’autres hausses du taux directeur suivront. La prochaine date d’établissement du taux cible de financement à un jour est le 13 avril.