L'OTAN, toujours une menace pour la Russie, selon un expert
Agence QMI
L’invasion jeudi matin de l’Ukraine par la Russie a surpris la communauté internationale malgré le déploiement des forces russes depuis plusieurs semaines à la frontière, une situation qui est directement liée à l’OTAN, selon un spécialiste de la Russie.
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«C’est une invasion en bonne et due forme à laquelle on assiste», a indiqué Pierre Jolicoeur, vice-recteur associé à la recherche au Collège militaire royal du Canada et spécialiste de la Russie, en entrevue en matinée à LCN.
Se disant aussi surpris par la décision du président russe Vladimir Poutine, l’expert a mentionné que l’armée russe est désormais «mise en opération», aussi bien en ce qui concerne les forces aériennes, navales et terrestres.
«J’aurais l’impression que [Poutine] voulait s’assurer d’une certaine neutralité de l’Ukraine. Ce qu’il veut en fait, au-delà du territoire du Donbass ukrainien, il veut s’assurer d’avoir une zone tampon, il veut avoir une sécurité pour se protéger d’une éventuelle menace de l’OTAN», a-t-il expliqué.
Le président russe chercherait ainsi à renégocier les termes de l’architecture de sécurité en Europe. «Pour y parvenir, il occupe non seulement l’est ukrainien, mais là il semble vouloir récupérer l’ensemble de l’Ukraine, pour montrer que la Russie est vraiment une puissance militaire», a précisé M. Jolicoeur.
Il ne pense toutefois pas que Vladimir Poutine ira jusqu’à s’attaquer un pays membre de l’OTAN, comme c’est le cas de plusieurs pays limitrophes à la Russie.
«Je serais vraiment surpris qu’il décide de s’attaquer à un pays membre de l’OTAN. Il sait que l’article 5 est une mesure quasi automatique, un des pays membres de l’OTAN est attaqué, c’est l’ensemble de l’OTAN qui est attaquée», a-t-il soutenu.
«J’ai l’impression qu’il est en train d’occuper le territoire. Est-ce qu’il va vouloir suspendre la souveraineté de l’Ukraine, ça, c’est une autre question», a ajouté M. Jolicoeur.
Des sanctions économiques suffisantes?
Selon M. Jolicoeur, les sanctions économiques mises en place par plusieurs pays occidentaux, dont le Canada, ont des effets seulement sur le court terme.
«Ça déstabilise un peu les entreprises, des personnalités, mais sur le long terme, un pays qui subit des sanctions économiques réussit toujours à trouver des façons de contourner les blocus pour contourner les limitations», a-t-il souligné, tout en rappelant que le Canada a appliqué des sanctions économiques contre la Russie depuis 2014 et l’annexion de la Crimée.
Ce type de sanctions reste par ailleurs le seul moyen de pression qui sera utilisé par les pays occidentaux, d’après le spécialiste.
«L’Ukraine est un peu seule aujourd’hui même s’il y a des messages de solidarité de la communauté internationale au grand complet [...], mais ce soutien ne va pas aller jusqu’à une intervention sur le terrain».