L'OMS promet d'agir après des accusations de racisme visant un directeur en Asie
AFP
L'OMS s'est engagée jeudi à prendre des «mesures appropriées» après de graves accusations de racisme et de mauvaise conduite visant son directeur régional pour le Pacifique occidental. Un nouveau scandale au moment où l'Organisation réclame plus de moyens et d'indépendance.
• À lire aussi: COVID 19 : un million de doses de vaccin livrées à Gaza depuis les Émirats
• À lire aussi: Le «risque global» lié à Omicron toujours très élevé, avertit l’OMS
Le responsable mis en cause, le Japonais Takeshi Kasai, s'est dit prêt à collaborer à toute enquête, et la France comme le Royaume-Uni ont fait savoir qu'ils suivaient cette affaire de près.
Ces accusations surviennent alors que la direction de l'Organisation mondiale de la santé à Genève est déjà sous forte pression.
Les principaux donateurs estiment que la direction, y compris le directeur général Tedros Adhanom Ghebreyesus, avaient tardé à agir après le scandale des violences sexuelles commises par certains de ses employés en République démocratique du Congo.
L'OMS a fait depuis son mea culpa. «Vous êtes en droit d'attendre une conduite exemplaire, et vous êtes en droit d'exiger une organisation qui a zéro tolérance pour l'exploitation sexuelle, les comportements abusifs et le harcèlement», avait promis encore lundi, le docteur Tedros.
Cette fois c'est l'un de ses puissants directeurs régionaux, le docteur Kasai, qui est visé par de graves accusations détaillées dans un courriel dont l'AFP a obtenu copie, après que l'affaire a été révélée par l'agence Associated Press.
Dans un bref courriel à l'AFP, l'OMS indique seulement être «au courant de ces allégations» et «prendre toutes les mesures appropriées pour assurer un suivi de cette question». Elle ne donne aucun détail.
M. Kasai, pour sa part, s'est dit «prêt à coopérer pleinement à toute procédure d'enquête sur les problèmes qui ont été soulevés».
Selon AP, des dizaines de collaborateurs de l'OMS ont déposé une plainte interne en octobre avant d'envoyer un courriel à la mi-janvier aux pays membres du Conseil exécutif de l'agence onusienne.
Dans ce courriel, ils accusent M. Kasai d'avoir un «leadership autoritaire et raciste», mais aussi d'avoir partagé régulièrement des informations privilégiées avec le ministère japonais des Affaires étrangères, de n'avoir pas voulu critiquer la Chine ou encore d'avoir «gaspillé» l'argent des donateurs.
Dans un document envoyé à l'OMS, et dont l'AFP a obtenu une copie, M. Kasai dit prendre «très au sérieux les préoccupations exprimées au sujet de (son) style de gestion» et s'engage à apporter des changements».
«Quant à l'accusation de racisme à l'égard de certaines cultures ou de pays, je la rejette. Il est vrai que j'ai été dur avec le personnel, mais je rejette l'idée que j'ai ciblé le personnel d'une nationalité en particulier», indique-t-il.
«Je conteste également les accusations de partage d'informations confidentielles sur la vaccination contre la COVID-19 avec le Japon», ajoute celui qui a pris son poste en février 2019 après avoir occupé le poste d'adjoint. Il travaille pour l'OMS depuis plus de 15 ans.
Les directeurs régionaux sont proposés par les comités régionaux, puis désignés par le Comité exécutif à Genève et ils sont sous la responsabilité du directeur général.
La région du Pacifique occidental, dont le siège est à Manille, couvre 1,9 milliard de personnes et 37 pays et territoires dont la Chine, le Japon, la Corée du Sud, l'Australie ou le Vietnam, mais aussi la Polynésie française et la Nouvelle-Calédonie. La France fait ainsi partie du comité régional de la région.
La Mission française à Genève a indiqué à l'AFP prendre «très au sérieux les graves accusations formulées à l'égard du docteur Kasai».
«Si les faits étaient avérés, il appartiendra au directeur général de prendre toute mesure qu'il jugera appropriée et le cas échéant de consulter le conseil exécutif sur une éventuelle fin de contrat», indique-t-on de même source, insistant sur la politique de tolérance zéro de la France pour ce genre de débordements.
«Nous attendons de l'OMS qu'elle enquête de manière approfondie sur toutes les allégations de mauvaise conduite et qu'elle apporte son soutien aux personnes concernées», a indiqué à l'AFP Simon Manley, l'ambassadeur britannique à Genève.
«La France, avec ses partenaires, sera extrêmement attentive au bon déroulement de l'enquête ainsi qu'à ses résultats», a souligné la Mission.