L'hypertrucage pornographique est en plein essor et personne n’est à l’abri
Cybèle Olivier
Les femmes et les enfants sont les principales victimes de l’hypertrucage pornographique qui est en ascension en Amérique du Nord.
Plus connu sous le nom deepfake, le phénomène inquiète les autorités en raison de leurs répercussions sur la vie privée et la santé mentale.
Les hypertrucages, ces vidéos créées en apposant le visage d'une personne sur le corps d'une autre, sont de plus en plus utilisés pour des contenus sexuellement explicites, sans le consentement des individus concernés.
Selon Sensity, une société basée à Amsterdam qui détecte et surveille les médias synthétiques développés par l'IA, 96% de ces vidéos concernent principalement des femmes.
Le FBI a récemment fait une annonce publique pour mettre en garde la population contre les chantages aux hypertrucages sexuels, soulignant que le nombre de plaintes a explosé.
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La technologie est utilisée pour plusieurs raisons
Pour des fins de marchandisation, proposant la création de vidéos custom pour des sommes parfois dérisoires, impliquant souvent des visages d'actrices.
Dans des cas de revenge porn, où des vidéos pornographiques sont diffusées pour se venger d'une personne sans son consentement.
La sextorsion, impliquant souvent des adolescents, est une autre conséquence tragique de cette technologie, où l'argent est extorqué sous la menace de la diffusion de ces vidéos.
La pornographie juvénile est également un grave problème lié à l'hypertrucage, avec des prédateurs utilisant cette technologie pour créer du contenu exploité de manière encore plus insidieuse.
Le Centre Canadien de Protection de l'Enfance s'inquiète particulièrement de cette nouvelle forme de sextorsion visant les mineurs.
Le deepfake a été utilisé pour créer encore plus de pornographie juvénile.
Le cas exemplaire de Steven Larouche, le premier du genre au Canada, en témoigne.
Il a plaidé coupable à des accusations de possession de pornographie juvénile impliquant des deepfake.
Sur son ordinateur, 545 000 fichiers ont été trouvés dont 86 000 étaient des images modifiées par l’hypertrucage.
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Quelles sont nos ressources
Le Centre canadien de protection de l'enfance (CCPE) propose le site aidezmoisvp.ca, qui permet aux victimes de signaler des images qu’elles souhaitent voir retirées d’Internet.
Des initiatives comme le projet Arachnide permettent de prélever les empreintes numériques des images signalées, contribuant à l'effort pour les supprimer, mais il reste encore beaucoup à faire.
Une réglementation en ligne plus stricte est nécessaire pour lutter contre cette menace grandissante.
Au Canada, le CCPE appelle à une loi contraignant les opérateurs à agir lorsqu'ils reçoivent des signalements.
Il suggère de prendre exemple sur le modèle français qui fixe un délai de 24 heures pour la suppression des contenus signalés.
Face à ces enjeux, l'implication du milieu de l'IA est cruciale pour développer des outils efficaces de détection et de prévention des deepfakes, afin de protéger la vie privée et la santé mentale de milliers de personnes exposées à ces contenus altérés de manière malveillante.