L'horreur à Laval : «ça n’a aucun sens, il n'y a pas de logique»
TVA Nouvelles, Régine Laurent
Grandement touchée par la tragédie de Laval, Régine Laurent a rédigé une lettre poignante à l’intention des parents de la garderie défoncée par un autobus.
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Voici l’intégralité de sa lettre qu’elle a lue en ondes à l’émission «Le Bilan», mercredi soir :
Ce 8 février 2023, pour de nombreux parents et grands-parents, sera pour longtemps une journée, une date sombre d’une tristesse infinie.
Quand j’ai entendu la nouvelle à la radio dans la voiture, quelques minutes plus tôt, je venais d’accompagner une des filles de mes amis à l’école.
Durant quelques instants, j’ai pensé retourner à l’école, juste pour m’assurer qu’elle allait bien. Je sais que c’est une pensée absurde, mais quand il s’agit d’enfants, d’enfants que nous aimons, on peut avoir ce genre de pensée parce qu’on est touché dans notre amour, dans notre chair.
J’ai arrêté la voiture et pleuré en pensant à ma petite-fille de 15 mois à son CPE
Chers parents, j’imagine votre parcours ce matin, routine habituelle comme beaucoup d’autres matins avec votre enfant, votre poupon, avec l’amour de votre vie que vous chérissez depuis ses premiers cris lors de sa venue au monde.
Routine habituelle : vous accompagnez votre enfant au service de garde, vous repartez, la tête en paix, votre petit amour est en sécurité avec ses éducatrices.
Vous partez donc vaquer à vos occupations de la journée en attendant de retourner au service de garde, en fin de journée; en attendant ce moment de bonheur où votre enfant tout sourire, vous ouvrira les bras en vous voyant.
Et puis, ce matin, la vie en a décidé autrement. Je peux à peine imaginer l’inquiétude, votre cœur qui s’arrête de battre quand, au téléphone, on vous dit de retourner immédiatement à la garderie.
Et là, j’avoue que je peux à peine toucher du doigt ces longues minutes de cauchemar avant de savoir si votre enfant chéri est sain et sauf, avant de savoir si votre enfant est parmi les petits blessés, blessés gravement ou non?
Et puis l’horreur des horreurs: deux familles, des parents apprennent, quelques heures plus tard, le décès de leur enfant.
J’entrais à peine dans l’âge adulte, quand mon petit frère est décédé, de maladie. En pensant à ce que vous étiez en train de vivre, j’ai pensé à mes parents ; leurs cris de douleur ont résonné dans ma tête ce matin. Nous les frères et sœurs étions dans un état quasi catatonique.
Je vous fais cette confidence pour vous inciter à prendre toutes les mains qui vous seront tendues, aujourd’hui, dans les semaines et mois à venir.
Croyez-moi : on ne peut se relever seul, sans aide, de la perte d’un enfant, ni même se relever seul des quelques minutes de choc où vous avez cru perdre votre bambin.
Toute l’aide psychologique qui vous sera offerte est absolument nécessaire. Prenez le temps, à votre rythme, de verbaliser tout ce que vous ressentez.
Un chauffeur d’autobus à qui des milliers de personnes confient leurs vies tous les jours. Un service garde où nos enfants sont sensés être en sécurité. Ça n’a pas de sens. Ça n’a aucun sens, il n'y a pas de logique.
Toutes les émotions doivent, méritent de sortir, parce que ce qui s’est passé ce matin est incompréhensible, inconcevable, inimaginable.
Aux éducatrices, aux voisins, aux premiers répondants : vous aussi prenez le temps d’aller chercher toute l’aide psychologique pour traiter le choc que vous avez vécu ce matin.
Chers parents, j’espère qu’à un moment donné, la solidarité exprimée de partout au Québec mettra un baume, même temporaire, sur votre immense peine.
De tout cœur, toutes mes sympathies !
Pour voir le billet de Régine complet, visionnez la vidéo ci-haut.