Publicité
L'article provient de Le Journal de Québec
Politique

L'exécution sommaire de Marie Montpetit

Photo d'archives
Partager
Photo portrait de Mathieu Bock-Côté

Mathieu Bock-Côté

2021-11-10T10:00:00Z
Partager

Il y a quelques jours, la députée libérale Marie Montpetit a été exécutée sommairement par sa cheffe, Dominique Anglade. 

On se souvient des circonstances. Il y a d’abord eu un conflit entre Marie Montpetit et Gaétan Barette à propos du système de santé. La première se sentait bafouée par les interventions de l’ancien ministre dans ses prérogatives parlementaires, le second voulait défendre son héritage politique, auquel il tient naturellement. 

Dominique Anglade était en droit de ramener ses députés à l’ordre. 

Procès

Jusqu’ici, nous sommes devant un conflit ordinaire, comme on en trouve inévitablement dans un milieu centré sur la quête du pouvoir et où l’orgueil de chacun peut prendre une taille himalayesque. 

Mais la suite est moins belle.

En l’espace de 24 heures, on a appris que Marie Montpetit était démise de ses fonctions, puis qu’elle devait ensuite quitter le caucus libéral

Pourquoi ?

Parce qu’apparemment, la députée de Maurice-Richard aurait un comportement répréhensible au travail. Elle s’emporterait. Elle pourrait même user de gros mots. En résumé, elle aurait un caractère épouvantable et certains employés l’auraient fait savoir à la direction. 

Écoutez Les idées mènent le monde, une série balado qui cherche a éclairer, à travers le travail des intellectuels, les grands enjeux de sociétés.

Tout cela est bien vague.

Publicité

Je ne sais pas si ce qu’on reproche à Marie Montpetit est vrai. Mais vous non plus. En fait, soyons honnêtes : nous ne savons pas vraiment ce qu’on lui reproche. Ce que nous savons, toutefois, c’est que la réputation d’une femme a été charcutée sur la place publique sans que nous ne sachions rien sérieusement des motifs et des raisons ayant justifié cette campagne de salissage. 

Nous savons qu’il fallait la punir, mais nous ne savons pas pourquoi. Nous sommes loin du procès juste et équitable.

Mais justement. Les procès médiatiques, car c’est bien de cela qu’il s’agit, ne sont pas, par définition, justes et équitables. Quand une crise émerge, les autorités qui veulent l’éteindre ont souvent comme premier réflexe de sacrifier le premier bouc émissaire disponible. Cela vient toujours avec une précipitation étrangère à l’esprit d’équilibre.

Et dès lors que le bouc émissaire est désigné sur la place publique, on en trouve presque inévitablement pour surgir et déballer leur sac à rancœurs contre lui. Les rumeurs, les ragots se font aller, les accusations gratuites aussi. 

Il faudra apprendre à gérer autrement ces crises.

Autre chose. 

Hypersensible

Dans notre société hypersensible où chacun se prend pour une victime, les milieux de travail exigeants sont de plus en plus difficilement tolérés. Il suffit qu’une personne exprime son autorité, dans l’action, avec un peu d’impatience, ou de manière un peu sèche, pour qu’on l’accuse de harcèlement moral ou de violence psychologique. 

La chose est encore plus vraie pour les femmes, qu’on traite d’hystériques dès qu’elles n’exercent pas leur pouvoir comme une bonne et douce mère de famille cajolant sa marmaille. 

Revenons à Marie Montpetit. Je ne sais toujours pas pourquoi on l’a exécutée. Mais je sais qu’on l’a exécutée publiquement en la traitant comme une députée jetable. 

Et à moins qu’on ne nous démontre le contraire clairement, je considère ce traitement discourtois, disgracieux et injuste. 

Publicité
Publicité