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L'article provient de TVA Nouvelles
Monde

L'ex-ministre de l'Intérieur évacue les polémiques sur les forces de l'ordre

AFP
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Agence France-Presse

2021-11-17T21:14:16Z
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Menaces spécifiques sur la salle de concert attaquée, potentielle lenteur d'intervention des forces spéciales... Au procès des attentats du 13 novembre 2015 à Paris, l'ex-ministre de l'Intérieur français a évacué mercredi les polémiques soulevées depuis six ans par des parties civiles.

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Données chiffrées à l'appui et sans aucune note, l'ancien premier flic de France, Bernard Cazeneuve, défend son action depuis près d'une heure devant la cour d'assises spéciale de Paris quand il en vient spontanément aux controverses, anticipant les interrogations futures des avocats de parties civiles. 

Est-ce que des policiers, tout comme des militaires de l'opération Sentinelle (déployée au lendemain des attentats de janvier 2015 à Paris pour faire face à la menace terroriste), «ont été empêchés d'intervenir» pour mettre fin à la prise d'otages dans la salle de spectacle parisienne du Bataclan, commence Bernard Cazeneuve, veste croisée, pochette, cravate à motifs verts.  

«On ne peut pas faire intervenir des forces qui ne sont pas spécialisées, pas préparées. (...) Seuls la BRI et le Raid (deux forces d'intervention spéciales de la police, NDLR) pouvaient intervenir pour sauver les otages», affirme le témoin, cité par la partie civile. 

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«Est-ce que cette intervention aurait pu être plus rapide ?» D'un ton toujours égal, Bernard Cazeneuve souligne que la BRI (Brigade de recherche et d'intervention) est présente devant le Bataclan en «25 minutes», soit dans les délais prévus pour faire face au risque d'attentat. 

«J'ai été très blessé, pas à titre personnel, mais pour eux, je suis un ministre qui passe, quand j'ai vu la manière dont ils étaient mis en cause», lâche l'ex-premier ministre socialiste. 

De la même façon, il aurait pris, «c'est évident», «les dispositions pour assurer la protection» du Bataclan s'il avait été informé d'une quelconque menace, évoquée par des parties civiles et d'anciens responsables policiers.  

Bernard Cazeneuve le dit «solennellement»: il n'a «jamais été destinataire d'une note» ou du «moindre document» en ce sens. 

«Hanté en permanence»

L'ancien ministre de l'Intérieur revient sur une autre «polémique»: la «façon dont Salah Abdeslam (seul membre des commandos projetés de l'État islamique, NDLR) a été interpellé le matin du 14 novembre» 2015.

Au lendemain des attentats qui ont fait 130 morts à Paris et en région parisienne, Salah Abdeslam prend la fuite vers la Belgique, aidé par deux complices, également jugés à ses côtés. Contrôlé sur l'autoroute par des gendarmes français, Salah Abdeslam poursuit sa route et ne sera arrêté que quatre mois plus tard à Bruxelles. 

Cet échec est l'un des «angles morts» de la coopération judiciaire européenne à l'époque dénoncés par Bernard Cazeneuve.

«Le dispositif de contrôle aux frontières extérieures de l'Union européenne était insuffisant», reconnaît-il.

Questionné sur son vécu personnel de ces attentats, il évacue encore: «Ce que j'ai ressenti n'est rien comparé à la douleur insondable des familles». C'est pour cela qu'il est «resté extrêmement discret» sur ses sentiments après cette nuit d'horreur, explique l'ancien ministre de l'Intérieur. 

L'armure se fissure quand la première assesseure lui demande s'il a «des regrets», compte tenu de sa connaissance de l'état de la menace en France, confrontée en 2015 à une vague d'attentats sans précédent et à de multiples départs de ses ressortissants en Syrie pour rejoindre l'État islamique. 

«Aurions-nous pu faire autrement?», répond le témoin. «Il ne s'est pas écoulé un jour sans que je ne me sois posé la question de savoir s'il y avait quelque chose que j'aurais pu faire, et, que je n'ai pas fait. Cette question me hante en permanence», admet-il. 

«En dépit de la mobilisation, des attentats sont survenus, des vies ont été brisées, des Français sont inconsolables», poursuit l'ex-premier ministre. 

«Je ne peux que m'interroger (...) et je continuerai à m'interroger jusqu'à mon dernier souffle», dit-il encore.

L'audition de l'ex-ministre de l'Intérieur a duré plus de trois heures. Ni le parquet national antiterroriste ni les avocats de la défense ne lui ont posé la moindre question.

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