Quand l'écocolère l'a poussé à s'engager pour la planète
Gabriel Beauchemin
On entend beaucoup parler de l’écoanxiété, mais la crise climatique peut également déclencher d’autres émotions, dont l’écocolère. C'est ce qui a poussé le Montréalais Simon Goulet-Tinaoui à s'impliquer dans la lutte aux changements climatiques.
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Le futur candidat au doctorat en psychologie à l’UQAM a d’abord traversé il y a un an et demi ce qu’il qualifie lui-même d’une dépression devant l’inaction des gouvernements et la menace vertigineuse de la crise environnementale.
«On se sent un peu abandonné, on se sent un peu trahi par la société qui nous promet des choses, donc c’est quand même assez déroutant, explique d’abord Simon Goulet-Tinaoui. On réalise à quel point la situation est grave. On comprend ce que ça veut dire 2 degrés ou 4 degrés de plus sur la planète. La Terre va être tout simplement inhabitable.»
C’est après cette première période lourde et angoissée que la colère est apparue, une nouvelle émotion qui, elle, l’a rapidement portée vers l’action.
«C’est quelque chose qui a poussé en moi, où je me suis dit “hey, va falloir faire quelque chose”», raconte-t-il.
Sur la base de cette colère-là, Simon Goulet-Tinaoui s’est mis à s’informer beaucoup plus sérieusement sur la crise environnementale. Il s’est impliqué chez Extinction Rebellion, a co-fondé l’OBNL Éco-motion, une organisation visant à fournir des espaces pour soutenir psychologiquement les communautés face aux changements climatiques, puis s’est lancé dans un doctorat à l’UQAM portant sur les écoémotions.
L’écocolère, une écoémotion
Cette écocolère, comme l’écoanxiété qui a fait les manchettes dans les dernières années, fait partie du vaste monde des écoémotions, c’est-à-dire des émotions que l’on vit lorsqu’on contemple les effets du changement climatique, résume la Dre Karine St-Jean, psychologue et auteure du livre Apprivoiser l’écoanxiété et faire de ses écoémotions un moteur de changement.
Et plus particulièrement, qu’est-ce que c’est au juste l’écocolère?
«Globalement, c’est une colère qui est ressentie face à la dégradation de l’environnement, qui va souvent être dirigée contre les acteurs à l’origine de cette dégradation-là, donc que ce soit les corporations, les gouvernements, ou contre nos amis qui n’agissent pas en cohérence avec nos valeurs», explique la psychologue.
Si cette colère a amené des changements positifs dans la vie de Simon Goulet-Tinaoui, ce n’est pas le cas pour tous; elle peut devenir problématique, poursuit la Dre St-Jean.
«J’ai rencontré des gens pour qui la colère, c’était très lourd, raconte Karine St-Jean. Ils ruminaient beaucoup sur cette colère-là, elle créait beaucoup de conflits avec les membres de leur entourage, ils étaient dans des actions très engagées, essayaient de convaincre tout le monde, blâmaient tout le monde, donc la colère peut aussi être très toxique.»