L'aviation, un secteur carboneutre dès 2050?
Camille Dauphinais-Pelletier
On le sait, les déplacements en avion ont une lourde empreinte climatique. Est-ce que ça pourrait changer? Peut-être: un accord a été conclu vendredi pour que la neutralité carbone soit atteinte en 2050 dans l’aviation civile à travers le monde.
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Quel est l’accord?
L’objectif de l’accord, c’est que d’ici 2050, l’industrie de l’aviation civile (c’est-à-dire non militaire) ne soit pas responsable d’émissions nettes de CO2 dans l’atmosphère.
Les déplacements de gens ou de marchandises effectués en avion devront donc ne pas émettre de CO2 – ou s’il y a des émissions, elles devront être compensées par l’industrie d’une manière ou d’une autre.
L’accord a été conclu entre les 193 États de l’Organisation de l'aviation civile internationale (OACI), une agence de l’ONU dont le siège est à Montréal.
Actuellement, 2,5% à 3% des émissions de CO2 mondiales proviennent de l’aviation.
Comment ça va se passer?
Une fois que l’objectif est énoncé, il faut trouver des façons d’y parvenir. Ce n’est pas facile, parce que pour le moment, les avions sont alimentés par des énergies fossiles.
L’objectif fixé aide toutefois les membres de l’industrie à aller dans le même sens, ce qui peut faciliter le travail des chercheurs, des entreprises et des gouvernements.
«C’est un tournant dans les efforts pour décarboner le secteur aérien, avec des gouvernements et des industriels qui se dirigent désormais dans la même direction, au sein d’un cadre réglementaire commun», a d’ailleurs mentionné Luis Felipe de Oliveira, directeur général du Conseil international des aéroports, qui regroupe près de 2000 aéroports dans 185 pays.
De son côté, le directeur général de l’Association internationale du transport aérien, Willie Walsh, s’attend à «des politiques publiques bien plus solides en faveur de la décarbonation, comme des incitations à augmenter la capacité de production des carburants d’aviation durables» d’origine non fossile (par exemple l’hydrogène vert), principal levier pour réduire les émissions du secteur aérien, selon les compagnies.
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Quelles sont les conséquences si ça n’arrive pas?
L’une des principales critiques envers cet accord, c’est qu’il n’y a pas de conséquences prévues si l’objectif n’est pas atteint.
«Ne prétendons pas qu’un objectif non contraignant permettra de ramener l’aviation à zéro», a notamment déploré Jo Dardenne, de l’organisation non gouvernementale belge Transport & Environment.
Prendre l'avion moins souvent?
Une façon non technologique de limiter les émissions de CO2, c’est de moins avoir recours aux avions.
Ce mode de transport concentre d'ailleurs les critiques, car il est vu comme un moyen de déplacement réservé aux plus riches: 50% des émissions de l’aérien proviennent du 1% des voyageurs qui se déplacent le plus.
Mais une réduction des vols n’est évidemment pas dans l’intérêt des compagnies qui œuvrent dans ce secteur, lesquelles dépendent des passagers pour être rentables.
La pandémie de COVID-19 avait d’ailleurs entraîné une chute de 60% des passagers mondialement, un nombre qui n’est jamais revenu au niveau de 2019 depuis. Il n’est pas question d’encourager une diminution pour réduire les émissions de GES: le secteur prévoit cette année revenir à 83% de l’achalandage prépandémique et redevenir rentable sur le plan mondial l’année prochaine.
– Avec les informations de l'AFP