Publicité
L'article provient de TVA Nouvelles
Monde

L'armée ukrainienne en panne de nouvelles recrues pour le front

AFP
Partager

Agence France Presse

2023-12-19T13:44:51Z
Partager

Après 22 mois d'une guerre coûteuse en hommes, l'armée ukrainienne peine à trouver des nouvelles recrues pour aller au front, combattre des forces russes de nouveau à l'offensive.

• À lire aussi: L'ONU regrette que le monde soit «blasé» face à la guerre en Ukraine

«Nos unités manquent de personnel. Nous avons besoin de jeunes, de moins de 40 ans, et motivés»: s'inquiète le major Oleksandre Volkov, commandant d'un bataillon de la 24e brigade mécanisée.

Ce matin-là, l'officier a préféré annuler une séance d'entraînement en extérieur près de Bakhmout pour de nouvelles recrues, à cause du gel, afin d'éviter que ses hommes ne se blessent.

Seuls seront dispensés des cours en salle sur le démontage et le remontage d'armes individuelles et les premiers secours.

«La société d'aujourd'hui a probablement été abusée par certains médias, affirmant que tout va bien (pour l'armée ukrainienne), que nous battons l'ennemi et que la victoire aura lieu dans un avenir proche», regrette le major.

«Mais la situation actuelle n’est pas si simple. L’ennemi est vraiment très fort, très puissant. Et nous faisons tout pour le retenir et le battre», ajoute-t-il.

Après l'échec de la contre-offensive ukrainienne estivale dans le sud, qui s'est fracassée sur une solide défense russe, les troupes de Moscou ont repris l'initiative depuis l'automne et sont à l'attaque sur plusieurs secteurs, en particulier dans l'Est.

Publicité

Adrénaline et exaltation

Koupiansk, Bakhmout, Avdiïvka, Marinka...: disposant de plus de ressources humaines et de munitions, l'armée russe grignotent lentement du terrain, en dépit d'importantes pertes en hommes et en matériel.

En face, les Ukrainiens peinent à défendre après deux années éprouvantes, dans la chaleur des étés, la boue et la neige des hivers, et les bombardements constants sur les tranchées.

Certains qui combattent depuis le début le 24 février 2022 sont épuisés. Les tués et les blessés ont du mal à être remplacés, les volontaires se faisant plus rares.

Au début du conflit, «tout se passait dans l'adrénaline, dans une sorte d'exaltation (...), tout le monde s'est précipité pour se battre et il n'y a donc eu aucun problème» d'effectifs, avance le lieutenant Igor Prokopiak, commandant de compagnie.

«Mais avec le temps, ça s'est calmé. Les gens ont eu accès aux réseaux sociaux, ils ont vu le côté terrible de la guerre, cruel. Cette adrénaline initiale s'est dissipée, le cerveau s'est réveillé, la peur est apparue et, par conséquent, les gens ont commencé à craindre pour leur vie», poursuit l'officier de 32 ans.

Oleksandre Volkov constate que les civils «n'ont pas vraiment envie de rejoindre les forces armées».

Et la moyenne d'âge des soldats sur le front augmente. Le major cite son unité qui compte 40% de 45 ans et plus.

«J'ai vu beaucoup de jeunes dans la vie civile, je ne sais pas pourquoi ils ne sont pas mobilisés», note M. Volkov.

«Au tour des autres»

«Il faut que l’État réponde, qu’il recrute, qu’il remplace les unités, qu’il remplace les gens qui combattent depuis deux ans déjà, moi y compris», insiste-t-il.

Publicité

Depuis quelques semaines, des épouses de soldats manifestent aussi à Kyïv pour réclamer le retour de leur époux du front, avec entre autres slogans: «Maintenant, c’est au tour des autres».

Le 1er décembre, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a demandé au commandement militaire de revoir le système de recrutement.

«Ce n’est pas simplement une question de nombre, de personnes qui peuvent être mobilisées (...) C’est une question de calendrier pour chaque personne qui est actuellement dans l’armée, pour la démobilisation, et pour ceux qui rejoindront» les unités, a-t-il dit.

Le major Volkov critique les bureaux de mobilisation trop «soviétiques», avec leur approche où «la qualité est secondaire». «Ils sont focalisés uniquement sur le résultat quantitatif».

Le système a aussi été gangréné par la corruption qui permettait aux conscrits d'échapper à l'armée. Le président Zelensky a dû limoger l'été dernier tous les responsables régionaux chargé du recrutement.

Taras, lui, ne sait pas pourquoi il n'a pas été mobilisé plus tôt. Il vient d'arriver dans l'unité du major Volkov et suit l'entraînement avec d'autres recrues.

«J'ai été arrêté dans la rue et j'ai reçu une invitation au bureau d'enregistrement militaire. Alors j'y suis allé», dit cet employé municipal de 38 ans de la région de Transcarpathie, région occidentale à plus de 1 000 km du front.

«Pour être honnête, plus je suis proche (de la ligne de front), plus c'est intéressant, plus j'en comprends la nécessité. Chez nous, c'est vraiment très loin de tout ça, donc la vie y est très calme», explique-t-il.

«Maintenant, je comprends qu'il m'aurait fallu venir plus tôt. Parce que l’Ukraine doit être défendue».

Publicité
Publicité