L'apparition de Youtubeurs nord-coréens intrigue des experts
TVA Nouvelles d'après CNN
De plus en plus de Youtubeurs nord-coréens font leur apparition, ce qui intrigue plusieurs experts. Que se cache-t-il derrière ça ?
«Ceci goûte le lait, cette photo est trop mignonne. Et ceci est la saveur de pêche», s’exclame la jeune fille surnommée YuMi, qui habite en Corée du Nord.
Sa vidéo est d’une durée de quatre minutes et a récolté jusqu’à présent plus de 41 000 visionnements sur YouTube. Mais ce «vlog» n’en est pas un qui est ordinaire : rappelons que la femme demeure dans l’un des pays les plus secrets au monde.
Créée en juin dernier, la chaîne YouTube de YuMi est l’un des nombreux comptes de médias sociaux à être apparus depuis les deux dernières années. Parmi ceux-ci, les soi-disant résidents nord-coréens partagent des fragments de leur vie.
Toutefois, des experts sonnent l’alarme : ces vidéos présenteraient des signes révélateurs que la réalité montrée s’éloigne de celle vécue par les millions de Nord-Coréens vivant sous la dictature Kim Jong Un.
Selon eux, YuMi et d'autres personnes comme elle sont probablement liées à de hauts responsables en Corée du Nord et pourraient faire partie d'une campagne de propagande visant à redorer l'image internationale du pays en le rendant plus sympathique, voire plus touristique.
Pendant des décennies, la Corée du Nord a été fermée au reste du monde en raison de restrictions strictes sur la liberté d’expression et sur l’accès à l’information.
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Élite aisée
«Se connecter au monde extérieur est une chose impossible pour un résident», a déclaré Ha Seung-hee, professeur de recherche sur la Corée du Nord à l'université Dongguk.
YuMi n'est pas la seule Youtubeuse nord-coréenne à attirer l’attention: une jeune fille de 11 ans qui se fait appeler Song A a fait ses débuts sur YouTube en avril 2022 et a déjà gagné plus de 20 000 abonnés.
«Mon livre préféré est "Harry Potter" de J. K. Rowling», affirme Song A dans une vidéo. La Corée du Nord interdit pourtant la culture étrangère, notamment celle des pays occidentaux. Elle parle également avec un accent britannique, alors qu’elle résiderait à Pyongyang.
Dans une autre vidéo, on peut également voir Song A visitant un parc d’attractions bondé. Selon un autre expert, il se pourrait que les installations existent, mais qu’elles ne fonctionnent pas de façon régulière puisque «l’électricité en Corée du Nord n’est pas assez régulière pour faire fonctionner un parc d’attractions», explique-t-il.
Aussi, selon des rapports, l’élite aisée de la Corée du Nord, comme les hauts fonctionnaires et leurs familles, a accès au luxe. Ce n'est pas tout le monde qui peut y accéder. Puis, le bon niveau d’anglais de ces Youtubeuses suggère qu’elles sont très instruites, ce qui indique également un lien avec les hauts fonctionnaires du pays.
De la propagande ?
La propagande nord-coréenne n'est pas nouvelle. Des affiches de style soviétique, des vidéos de troupes en marche et de tests de missiles, ainsi que des images de Kim Jong Un sur un cheval blanc faisaient partie des anciennes campagnes de propagande.
Mais, selon les experts, les vidéos YouTube et les comptes de médias sociaux nord-coréens similaires sur des plateformes chinoises comme Weibo et Bilibili montrent une nouvelle stratégie: la fiabilité. La Corée du Nord tente de montrer que Pyongyang est une «ville ordinaire» et veut se montrer comme un «pays sûr» pour attirer des touristes.