IMAGES | Procès pour agressions sexuelles de Gérard Depardieu: une première journée sous tension
Agence France Presse
Accusation de complot, multiples demandes procédurales : au procès de l’acteur français Gérard Depardieu pour agressions sexuelles sur deux femmes lors d’un tournage, la première journée d’audience a été marquée par les nombreuses attaques de la défense de l’acteur envers ses accusatrices.
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Récompensé d’un César du meilleur acteur en 1981 pour son rôle dans «Le dernier métro» de François Truffaut et en 1991 pour «Cyrano de Bergerac» de Jean-Paul Rappeneau, Gérard Depardieu a été pendant plusieurs décennies considéré comme un monstre sacré du cinéma français, célèbre dans le monde entier, avant de faire l’objet de multiples accusations de violences sexuelles.
L’acteur de 76 ans, le plus connu à avoir été rattrapé par la vague #Metoo en France, n’a pas fait de déclaration et n’a pas eu un regard pour les nombreuses caméras présentes à son arrivée au tribunal lundi.
Vêtu d’une chemise et d’une veste noires, Gérard Depardieu s’est assis sur un tabouret face au tribunal. À la demande du président, il s’est avancé tout doucement à la barre pour décliner son identité, en grimaçant de douleur.
Le procès, qui devait initialement se tenir à l’automne, avait été renvoyé, la défense invoquant des raisons médicales. L’acteur a depuis été déclaré apte à comparaître, mais le président du tribunal a expliqué que les audiences ne devraient pas excéder six heures, avec une collation pour M. Depardieu après trois heures, un accès privé à des toilettes et la possibilité de contrôler sa glycémie.

Plusieurs de ses proches ont pris place sur un banc derrière lui : sa fille, Roxane Depardieu, vêtue d’un sweat noir recouvert de l’inscription «fuck you», à ses côtés sa mère Karine Silla et l’acteur Vincent Perez. Citée comme témoin par la défense, la comédienne Fanny Ardant («Huit femmes») a dû elle quitter la salle.

De l’autre côté de la travée centrale, les deux plaignantes, Amélie, 54 ans et Sarah (prénom modifié), 34 ans, sont assises au premier rang. La décoratrice et l’aide-réalisatrice sur le film «Les Volets verts» de Jean Becker, accusent Gérard Depardieu d’agression sexuelle, harcèlement sexuel et outrages sexistes lors du tournage.
«Méthodes staliniennes»
Prenant la parole en premier, l’avocat de Gérard Depardieu a longuement plaidé la nullité de la procédure, dénonçant une «enquête de police bâclée» ou encore «des méthodes staliniennes» de la part du parquet.
Élevant la voix à de nombreuses reprises, Me Jérémie Assous a pointé du doigt les plaignantes, mais aussi les journalistes, dénonçant pour finir un complot auquel la police aurait également pris part, selon lui afin de «faire tomber un monstre sacré».

«Tout ce que la défense cherche, c’est à gagner du temps pour qu’on ne puisse pas aborder le fond du dossier», a rétorqué, en colère, Me Carine Durrieu-Diebolt, conseil d’Amélie.
Et Anouk Grinberg de protester dans le public, révoltée par la méthode de la défense, avant d’être expulsée de la salle. L’actrice présente sur le tournage du film «Les volets Verts», avait dénoncé auprès de l’AFP le comportement de Gérard Depardieu.
Sous le regard du prévenu qui s’est régulièrement retourné vers elles, Amélie et Sarah ont également à plusieurs reprises montré leur impatience.
«Attrapée avec brutalité»
Dans son récit au site d’investigation Mediapart, Amélie, la décoratrice, a notamment raconté que l’acteur l’aurait «attrapée avec brutalité» puis «bloquée en refermant ses jambes sur (elle)», puis lui aurait «pétri la taille, le ventre, en remontant jusqu’à (ses) seins».

Aide-réalisatrice sur ce même film, Sarah accuse Gérard Depardieu de lui avoir touché à deux reprises «la poitrine et les fesses».
Gérard Depardieu a été accusé de comportements identiques par une vingtaine de femmes, mais plusieurs procédures ont été classées pour cause de prescription des faits.

En août, le parquet a requis un procès pour viols et agressions sexuelles à l’encontre de l’acteur, après une plainte de la comédienne Charlotte Arnoult en 2018. L’acteur a assuré n’avoir «jamais, au grand jamais», «abusé d’une femme».
L’audience reprendra mardi matin et devrait se poursuivre au moins mercredi.