L'acné, le dernier des tabous?
BILLET - Les personnes sévèrement affectées par l’acné devraient avoir droit à un soutien psychologique, selon le National Institute for Health and Care Excellence du Royaume-Uni. C’est que vivre avec l’acné dans un monde régi par les filtres relève du tabou. D’ailleurs, au Québec, Alex Lacelle tente de changer la donne...
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La fondatrice de l’agence d’artistes Détails (qui prône la diversité et l’inclusion) compose avec l’acné, comme 20 % des Canadien.ne.s. Ce qui ne l’empêche pas de publier des portraits qui montrent sa peau telle qu’elle est : « J’aime faire de tout tabou une bataille personnelle », déclare Alex Lacelle, les yeux rieurs. C’est pourquoi elle a graduellement cessé d’effacer ses boutons sur Photoshop, avant de publier une selfie.
Depuis, la quête d’authenticité d’Alex Lacelle soulève les passions. Sous ses populaires publications, des adultes se confient. Certain.e.s ont choisi de se dévoiler aussi et de tourner le dos à la dictature du filtre. «Engager une conversation avec d’autres personnes qui ont de l’acné, ça me fait du bien. En même temps, chaque fois que j’en parle sur ma page Instagram, je reçois des conseils non sollicités. “As-tu testé telle affaire ?” On me dit toujours qu’il y a une solution ! Comme si on ne devait pas vouloir vivre avec notre acné...»
Au contraire, Alex Lacelle fait partie d’une communauté grandissante de personnes qui, sans tenter d’aimer impérativement tous les jours leur corps, cherchent à ne pas le détester. Alors que le mouvement dit acné positive peut nous inciter à réprimer nos moments de vulnérabilité au profit d’un optimisme constant, Alex croit qu’on peut apprendre à cultiver une neutralité corporelle. À accepter notre peau même lorsque la société nous dicte de la transformer, question d’offrir une plus grande diversité.
Pour une représentation améliorée
D’ailleurs, l’agente d’artistes rêve au jour où on verra de l’acné, mais pas seulement parce qu’on parle de la condition : « Je veux me faire vendre des souliers et que la modèle ait de l’acné lance Alex Lacelle ! Je veux me faire vendre une brassière, que la fille soit de dos, puis voir ses boutons ! C’est en voyant de vrais corps, visages et peaux qu’on va se désensibiliser, puis arrêter de faire des commentaires aux gens. »
Tout le monde a donc une responsabilité à jouer, dans le chemin vers l’acceptation corporelle. La première étape, c’est de laisser vivre les autres. La seconde, c’est peut-être d’essayer soi-même de moins se camoufler. Alex Lacelle a justement créé des filtres Instagram qui ne changent pas l’aspect de notre visage, tout en demeurant bien amusants... De quoi nous encourager à nous montrer la peau. Enfin.