L'accès au site du projet Ray-Mont Logistiques bloqué par des mères en colère
Guillaume Cyr
Une trentaine de mères et de grand-mères ont bloqué tôt ce matin l’accès au site de Ray-Mont Logistiques, un projet de transbordement de conteneurs situé tout près d’un quartier résidentiel du secteur Viauville, dans l’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, à Montréal.
Sous une pluie abondante, les manifestantes, réunies sous la bannière Mères en colère, se sont fait entendre à l’entrée du site, rue Notre-Dame, entre 5h30 et 8h15. De nombreux automobilistes qui ont emprunté cette rue très achalandée à l’heure de pointe leur ont témoigné leur soutien en klaxonnant.
«On va créer un îlot de chaleur. Il y a un centre pour personnes âgées juste à côté. Ça va faire un bruit épouvantable», tonne Ruth Messier, qui habite le quartier de Tétreaultville depuis 41 ans.
Le projet de l’entreprise Ray-Mont Logistiques, une plateforme de transbordement de marchandises, serait situé sur le site de l’ancienne Canadian Steel Foundries. De jour comme de nuit, des camions pourraient circuler sur ce terrain de 240 000 pieds carrés où 10 000 conteneurs pourront être empilés. Un train par jour, comportant au maximum une centaine de wagons, pourrait également s'y arrêter.
Soumettre ce projet au BAPE
Les travaux d’asphaltage ont déjà commencé sur le terrain, dénonce l’organisatrice de la manifestation, Marie-Ève Rancourt. «La nature avait repris ses droits sur ce terrain. Il y avait des arbres, de la végétation, de la faune, de la flore, et on a décidé de détruire cet environnement-là», regrette-t-elle.
Les citoyennes souhaitent que la possibilité de racheter le terrain et d’exproprier le promoteur soit étudiée. Elles demandent également au ministre de l’Environnement, Benoit Charette, d’utiliser son pouvoir discrétionnaire pour soumettre ce projet au Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE).
«C’est un des quartiers de Montréal les plus minéralisés. On aurait pu créer un parc nature [plutôt qu’une plateforme de transbordement]», soutient Marie-Ève Rancourt.
Catheryn Roy-Goyette, candidate défaite pour le NPD dans Hochelaga aux dernières élections fédérales, était sur place. Se disant avant tout une mère et une militante du quartier, elle affirme que les mesures d’adoucissement que promet de mettre en place Ray-Mont Logisistiques – sans toutefois les nommer – sont insuffisantes pour rendre ce projet «pharaonique» acceptable.
«C’est mettre un plaster sur une amputation», clame-t-elle.
Elle craint de devoir vivre avec de la vermine, de la poussière, du bruit et encore plus de camions. Pour elle, la désobéissance civile est, pour le moment, l’un des derniers recours. «On a tout essayé. On a essayé les concertations, les discussions, l’Office de consultation publique. On est au bout des recours possibles.»
Forte opposition
Depuis plusieurs mois, le projet de Ray-Mont Logistiques fait face à une forte opposition de citoyens et d’élus du quartier.
Dans une lettre envoyée à TVA Nouvelles en septembre dernier, le président et directeur général de l’entreprise, Charles Raymond, assurait «avoir mis [les] travaux sur pause pour élaborer avec la Ville et les citoyens des mesures qui répondront aux préoccupations soulevées».
Un rassemblement organisé par le groupe citoyen Mobilisation 6600 Parc-Nature MHM a eu lieu le mois dernier, en présence, notamment, du député d'Hochelaga-Maisonneuve, Alexandre Leduc, et du co-porte-parole de Québec solidaire Gabriel Nadeau-Dubois.
Les opposants au projet souhaiteraient que ce terrain soit transformé en parc, les espaces verts étant rares dans ce secteur de l’est de Montréal. Ils craignent également les conséquences de cette plateforme de transbordement, comme la présence de vermine, la pollution lumineuse et les vibrations.
– Avec l'Agence QMI