Kyle Beach brise le silence avec courage
Agence QMI
Kyle Beach, premier choix des Blackhawks de Chicago au repêchage de 2008, est la première victime de Brad Aldrich à prendre la parole publiquement en lien avec les allégations d’abus sexuels dont ce dernier est accusé.
L’homme de 31 ans, s’est exprimé lors d’une longue entrevue au réseau TSN, mercredi. Il en avait gros sur le cœur, après avoir subi du chantage et de l’abus de la part de l’entraîneur vidéo.
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En 2010, pendant le parcours de rêve des Blackhawks en séries éliminatoires qui les a menés à une conquête de la coupe Stanley, Beach était l’un des «blacks aces», ces joueurs qui voyagent avec l’équipe et qui peuvent être appelés à tout moment pour chausser les patins en cas de blessure.
L’ailier gauche, originaire de la Colombie-Britannique, n’avait que 20 ans au moment des faits. Sous le couvert de l’anonymat, le joueur avait déjà affirmé qu’Aldrich l’aurait forcé à recevoir une fellation sans son consentement, sans quoi il allait «s’assurer qu’il n’allait plus jamais jouer dans la LNH».
«Je me sentais comme si j’étais tout seul et qu’il n’y avait rien que je puisse faire ou personne vers qui me tourner pour de l’aide. Je ne savais pas quoi faire, à 20 ans», a révélé Beach.
Au moment où les conclusions de l’enquête indépendante ont été dévoilées, mardi, l’attaquant qui évolue aujourd’hui en Allemagne est passé par toute la gamme des émotions.
«La journée [de mardi] était remplie d’émotions, a-t-il dit. J’ai pleuré, j’ai souri, j’ai ri, j’ai pleuré encore et ma copine et moi, nous ne savions comment réagir. Nous ne savions pas quoi penser, nous nous sommes seulement soutenus.»
«Les détails révélés dans le rapport sont assez précis. Au-delà de ça, j’ai été un survivant, je suis un survivant. Je ne suis pas seul. Je sais que je ne suis pas seul, homme ou femme. J’ai enterré ça pendant 10 ou 11 ans. Et ça m’a détruit de l’intérieur», a avoué Beach, mentionnant qu’il y avait de l’espoir si toutes les victimes s’unissaient.
Après quatre années supplémentaires dans la Ligue américaine, avec les IceHogs de Rockford, l’attaquant a choisi de poursuivre sa carrière en Europe. Or, tout au long de sa vie, il a subi les conséquences de l’agression au quotidien et s’est tourné vers l’alcool et les drogues.
«Jusqu’à très récemment, je n’en parlais pas, je n’en discutais pas, je n’y pensais pas. Maintenant que j’ai commencé à guérir, je commence à faire le point et ç’a définitivement eu des impacts sur ma vie.»
La loi du silence
Beach estime que les Blackhawks ont fait un pas dans la bonne direction en acceptant de prendre le blâme à la suite du dépôt de l’enquête. L’organisation avait aussi hérité d’une amende de 2 millions $ pour leur gestion déficiente du dossier.
La décision de faire enquête sur les agissements d’Aldrich a été prise trop tard, estime-t-il. D’une certaine façon, Beach croit que l’état-major des «Hawks» était trop obnubilé par la coupe Stanley pour agir face à une agression sexuelle.
Beach a ainsi confirmé que l’entraîneur-chef de l’époque, Joel Quenneville, le directeur général Stan Bowman (qui a remis sa démission mardi) et même le directeur de l’Association des joueurs de la LNH, Donald Fehr, étaient au courant des allégations.
«En tant qu’être humain, je ne peux accepter cela. J’ai observé des réunions, juste après que j’ai rapporté [l’agression] à James Gary, qui avaient lieu dans le bureau de Joel Quenneville. Il m’apparaît complètement impossible qu’il puisse l’ignorer», a-t-il avoué.
Peu après l’entrevue, les Blackhawks ont réagi sur les médias sociaux, soulignant le courage de Beach.
«Il était inexcusable pour les membres de la direction de l’organisation des Blackhawks de retarder le moment d’agir à la suite de l’abus sexuel signalé. Aucun match des séries ou de championnat n’est plus important que de protéger nos joueurs et notre personnel de comportements prédateurs.»
A statement from the Chicago Blackhawks pic.twitter.com/x1XbMXDiyA
— Chicago Blackhawks (@NHLBlackhawks) 27 octobre 2021
According to Kyle Beach, NHLPA Executive Director Don Fehr (and at least one other member of the NHLPA) were made aware of Brad Aldrich’s misconduct and did not pursue an investigation.
— David Pagnotta (@TheFourthPeriod) 27 octobre 2021
Kyle Beach on Joel Quenneville: "I’ve witnessed meetings, right after I reported it to James Gary, that were held in Joel Quenneville’s office. There’s absolutely no way that he can deny knowing it."
— David Pagnotta (@TheFourthPeriod) 27 octobre 2021