Kevin Parent a choisi volontairement de ne faire que des petites salles pour sa nouvelle tournée
Samuel Pradier
De passage le 2 octobre à la Place des arts, à Montréal, Kevin Parent a accepté de nous parler de sa tournée, mais aussi de sa nouvelle réalité de père et de grand-père. Une période heureuse et apaisée pour le chanteur gaspésien.
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Depuis plusieurs mois, Kevin Parent est en tournée avec son spectacle D’une rive à l’autre, dans lequel il reprend ses grands classiques et présente quelques nouvelles chansons. «Il n’y a pas un spectacle pareil à l’autre, affirme le chanteur. L’avantage d’avoir mon âge et 30 ans d’expérience, c’est d’avoir beaucoup de chansons. Je ne suis pas limité. En plus, je suis tout seul sur scène; j’ai une grande liberté, je m’adapte facilement à l’énergie de la salle.»
Plus de 200 représentations plus tard, Kevin est franchement satisfait du résultat. «Ce n’est plus le même spectacle qu’il y a deux ans, ça change, c’est ce qui fait que ça reste vivant. Je fais un peu un survol des classiques, et après ça, je fais un peu du reste, je réponds aux demandes. Beaucoup de gens pensent que, parce qu’ils n’ont pas entendu un album au complet ou qu’ils n’ont pas vu une sortie d’album, on ne crée pas. Mais je n’ai pas arrêté de créer pour autant. J’ai sorti plein de nouvelles chansons. Et je dois dire que c’est un réel plaisir d’avoir l’embarras du choix quand on est sur scène et qu’il faut monter une liste de chansons.»
Au contact du public
L’artiste gaspésien a volontairement choisi de ne faire que des petites salles, où il peut y avoir une réelle proximité, voire même une certaine intimité avec le public. «Depuis au moins une quinzaine d’années, si on regarde mes anciennes tournées, j’ai rarement fait de grandes salles. En revanche, je n’ai jamais arrêté de faire des spectacles durant tout ce temps. Au tout début, quand j’étais jeune, j’ai commencé en région à jouer dans de toutes petites salles. Et je suis finalement toujours resté fidèle à ce genre de contact avec le public.»
Ce côté artisanal, sans artifice, sied mieux au style et surtout à la personnalité de Kevin Parent. «Le contact avec le public est assez direct dans ce genre de contexte. On se doit d’aller puiser dans notre essence, soir après soir. Et j’aime ça parce que ça me garde vivant, et le public l’apprécie. Je ne fais pas de grandes salles, mais je fais beaucoup de dates dans des petits lieux intimes. Montréal, par exemple, je n’y vais pas souvent, mais je suis constamment partout en région.» Il a toutefois posé ses guitares dans la métropole, le 2 octobre, à la Cinquième Salle de la Place des Arts. «Ça va me faire plaisir d’être là, mais ce n’est pas vraiment une rentrée montréalaise, ce serait plutôt la sortie montréalaise, puisqu’on est rendu aux dernières dates. Je trouve que ça résume assez bien ma carrière. J’ai commencé en région, et je n’ai jamais été le chouchou de la ville, ce qui est bien correct. On a chacun notre créneau et notre mission», nous a-t-il dit quelques jours avant cette représentation montréalaise.
L’importance de la famille
La tournée n’est pas incompatible avec la vie de famille pour Kevin, qui a eu une petite fille, Billie-Rose, en janvier 2023. «Ce qui est drôle, c’est que lorsque je ne suis pas en tournée, je me couche vers 21 h, et quand je suis en spectacle, je commence à travailler à 20 h 30. Mais je vis bien avec ça. J’adore me lever tôt, j’aime beaucoup ma vie. Je suis bien dans ma vie familiale, je me sens bien dans ce contexte-là... de plus en plus, même.»
Cette nouvelle paternité est toutefois très différente de celle qu’il a vécue à la naissance de son fils, il y a 31 ans. «J’ai quand même moins d’énergie que la première fois, mais j’ai plus de présence. J’ai un temps de qualité et je prends le temps avec ma famille. Quand j’étais plus jeune, j’avais plus d’énergie, je poussais la machine un peu plus, mais parfois, cette énergie n’était pas toujours concentrée. C’est normal. J’ai vraiment aimé avoir mon fils quand j’avais 19 ans. J’ai adoré ça parce que je me sentais près de lui. Je me sens près de ma fille aujourd’hui parce que j’ai moins de distractions dans ma vie, je suis plus focus. C’est beau, il y a une belle sérénité qui m’entoure.» En même temps que sa nouvelle paternité, Kevin a aussi eu la chance de devenir grand-père, puisque son fils a eu un enfant dans la même période. «Ça ne change pas grand-chose, si ce n’est un petit clin d’oeil de la vie qui me dit que je suis rendu là. Je m’amuse là-dedans. Ma petite-fille m’appelle “papa” (pour papy), et même moi je m’appelle “papa”, maintenant. Je ne me sens pas vieux pour autant ni dépassé. Je me sens encore actif avec plein d’amour et plein de vie, et c’est ça que je veux transmettre.»
Une nouvelle réalité
Kevin était très proche de son grand-père, dont il a évoqué la mémoire dans plusieurs entrevues par le passé. Mais ce n’est pas le même type de relation qu’il bâtit aujourd’hui avec les siens. «Avec mon grand-père, ça s’est développé au fil des ans. À l’époque, les grandspapas n’étaient pas vraiment présents pour jouer avec leurs petitsenfants. Moi, si j’ai le choix de passer du temps de qualité avec ma famille ou juste perdre mon temps à faire des activités frivoles, je vais évidemment choisir de rester avec ma famille.» D’ailleurs, mener une carrière sur les chapeaux de roues ne semble plus être son but. «Plus jeune, j’ai eu la chance d’avoir une compagnie de disques, une grosse équipe en arrière qui me poussait. Ça m’a apporté de belles choses, et j’en suis reconnaissant, mais en même temps, je m’ennuyais parfois dans cette vie-là. Mais ça a duré trois, quatre ans, et après ça s’est estompé. Je suis content d’être passé par là, mais je suis content aussi que la vie normale ait repris son cours.»
Un bel anniversaire
Après la fin de cette tournée, Kevin Parent va plancher sur les 30 ans de son premier album, Pigeon d’argile. Plusieurs projets sont en cours et seront annoncés plus tard. Néanmoins, il réalise le temps qui a passé. «Je me trouve chanceux. Faire de la musique, pour moi, c’est comme une prière. C’est une façon de communiquer, je ne l’ai jamais vu comme un travail. Me retrouver, 30 ans plus tard, à célébrer Pigeon d’argile, ça me fait réaliser que j’ai quand même gagné ma vie et j’ai pu soutenir ma famille avec un métier qui est parfois très difficile. J’ai un regard de gratitude sur toutes ces années.»
Kevin Parent présente D’une rive à l’autre dans plusieurs salles au Québec. Toutes les dates sur kevinparent.ca.