Kevin Lowe sur un «high»
Benoît Rioux
On dit de novembre qu’il est le mois des morts, mais à 62 ans, le Québécois Kevin Lowe a de quoi se sentir bien vivant ces jours-ci alors qu’il est apparu plutôt souriant au Temple de la renommée du hockey, vendredi, à Toronto.
C'est Noël à l'avance pour lui! Ayant reçu sa bague du Panthéon en marge du week-end d’intronisation, qui culminera lundi avec la cérémonie officielle, l’athlète originaire de Lachute avait assisté au retrait de son numéro 4 par l’organisation des Oilers, à Edmonton, il y a exactement une semaine.
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«C’est une belle coïncidence de recevoir ces deux honneurs durant une si courte période», a avoué Lowe, rappelant que l’entrée au Temple de la renommée a été reportée d’un an en raison de la pandémie de COVID-19.
Lowe fait partie d’une intéressante cuvée avec la gardienne québécoise Kim St-Pierre de même que Jarome Iginla, Marian Hossa et Doug Wilson, sans oublier Ken Holland, actuel directeur général des Oilers, à titre de bâtisseur. Tout ce beau monde était présent, vendredi, pour recevoir le fameux bijou.
«C’est sûrement l’une des semaines les plus excitantes de ma vie, mais quand tu gagnes la coupe Stanley, c’est quelque chose de bien aussi, a ajouté Lowe, en riant, lui qui totalise six conquêtes en carrière. Aujourd’hui, au Temple de la renommée, je me sens comme si je venais de gagner la coupe Stanley.»
«En recevant cette bague et en étant intronisée, je pense à ceux qui m’ont aidée et qui ont rendu ça possible», a pour sa part commenté Kim St-Pierre, qui était accompagnée par plusieurs membres de sa famille pour l’occasion.
Rejoindre son frère
En se retrouvant au Panthéon, Kevin Lowe rejoint son grand frère Ken, élu en 2019 sur le mur d’honneur réservé aux soigneurs et préposés à l’équipement. Car si Ken Lowe a été gardien de but, un accident à la ferme familiale a mis fin à sa propre carrière de hockeyeur alors qu'il fréquentait l'Université Concordia. C’est ainsi à titre d’entraîneur médical qu’il a fait sa propre renommée pendant près de 30 ans chez les Oilers.
«Quand je suis venu à son jour d’intronisation, je ne pensais pas que j’allais ensuite être ici avec lui, mais j’étais fier de lui, car il a travaillé très fort et il était parmi les meilleurs dans son domaine, a noté l’ancien défenseur, qui est toujours dans l’organisation des Oilers à titre de gouverneur associé. Le fait que nous sommes tous les deux ici, je suis très fier de ça.»
Fierté à Lachute
De là-haut, c’est leur père Clifford qui doit également être fier de ses garçons. Durant leur jeunesse, à Lachute, les deux frères ont notamment travaillé pour la laiterie Lowe. Kevin n’avait d’ailleurs que 13 ans quand le paternel est décédé, en 1972, à la suite d’un anévrisme de l’aorte abdominale. L’homme n’avait que 48 ans.
«Honnêtement, mon père et mes oncles étaient très impliqués et ils ont donné la chance à beaucoup de jeunes de Lachute de jouer au hockey dans ce temps-là, a souligné Lowe. Je pense souvent à lui, mais aussi à certains cousins qui m’ont aidé beaucoup quand on a perdu mon père.»
Encore aujourd’hui, le nom Lowe est bien visible à Lachute, via une crémerie et un bar laitier. Ce même nom est maintenant aussi présent, deux fois plutôt qu’une, au Temple de la renommée du hockey.
- En début de soirée, vendredi à Toronto, les nouveaux intronisés étaient présentés à la foule du Scotiabank Arena avant la rencontre entre les Flames de Calgary et les Maple Leafs.
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Six fois vainqueur de la Coupe Stanley
Avec un total de 431 points en carrière dans la Ligue nationale de hockey, le défenseur québécois Kevin Lowe ne présente pas les statistiques individuelles les plus impressionnantes pour faire son entrée au Temple de la renommée du hockey. Or, il a certainement joué un rôle sous-estimé dans les cinq conquêtes de la coupe Stanley des Oilers d’Edmonton, entre 1984 et 1990, puis dans celle des Rangers de New York, en 1994.
Ses anciens coéquipiers n’en démordent pas : Lowe était ce type de joueur qui faisait gagner son équipe, en contrant l’adversaire notamment.
«Avec Kevin, c’était “dites-moi ce que vous voulez que je fasse pour contribuer et c’est ce que je vais faire”», témoignait son grand ami Wayne Gretzky, la semaine dernière, lorsque le numéro 4 de Lowe a été hissé au plafond du Rogers Place, à Edmonton.
Gretzky, qui demeure le joueur le plus productif de l’histoire de la LNH, compte exactement 2426 points de plus que Lowe en saison régulière. Mais Lowe a deux conquêtes de la coupe Stanley supplémentaires.
Parmi tous les joueurs intronisés au Temple de la renommée, on retrouve des profils similaires à celui de Lowe auprès d’anciens membres du Canadien de Montréal réputés pour leur jeu défensif, comme l’attaquant Bob Gainey (501 points) ou encore les défenseurs Jacques Laperrière (282 points) et Émile Bouchard (193 points). Tous des gagnants de quatre ou cinq coupes! Lowe en totalise six.
Choyé par la vie
Avec raison, le défenseur originaire de Lachute se montre fier de faire son entrée au Panthéon. Grâce à son travail acharné, le hockey n’a jamais cessé de lui faire des cadeaux et ça se poursuit.
«J’ai été choyé, a avoué Lowe, vendredi, en faisant référence notamment aux célèbres Wayne Gretzky et Mark Messier. À notre premier camp d’entraînement avec les Oilers [en 1979], après seulement quelques jours, Wayne a patiné vers moi et m’a demandé : “que dirais-tu si on prenait un appartement ensemble?” La belle aventure se poursuit encore aujourd'hui.»
En posant la question à Gretzky, celui-ci répondra sans doute qu’il a aussi été comblé de compter Lowe parmi ses plus fidèles coéquipiers, eux qui ont joué ensemble pendant neuf saisons à Edmonton. Le célèbre numéro 99 était rendu à Los Angeles quand Lowe et les Oilers l’ont à nouveau emporté en 1990.