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L'article provient de Le Journal de Montréal
Monde

Justice pour le 6 janvier: le Capitole barricadé

AFP
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Photo portrait de Luc Laliberté

Luc Laliberté

2021-09-17T14:31:47Z
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Alors que l’on continue les procès de ceux qui ont assailli le Capitole le 6 janvier dernier et qu’on distribue les sentences, des manifestants se donnent rendez-vous dans la capitale nationale, samedi, pour demander justice envers ceux qu’ils considèrent désormais être des prisonniers politiques.

Le ridicule ne tue pas, dit-on parfois, mais nous savons désormais que le vieil adage a ses limites. Cinq personnes, incluant une manifestante, sont mortes à la suite de cette triste mascarade qui visait à invalider les résultats de l’élection de novembre 2020. 

Est-il besoin de rappeler qu’aucune fraude significative n’a été relevée et que tous les recours judiciaires des alliés du président se sont butés au mur de la justice? Si, à l’occasion des juges ont accepté d’entendre les Giuliani et consorts, le caractère absurde de certaines plaintes et, surtout, le manque de faits et de preuves justifiaient qu’on n'entende même pas les plaignants.

Selon la Sécurité nationale, au moins 700 personnes se présenteront devant le Capitole demain. Le lieu de rassemblement des parlementaires, déserté et entouré d’une clôture de fer, sera à nouveau le témoin des allégations les plus farfelues d’une horde de partisans du 45e président.

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Malgré des paroles qui se veulent rassurantes de la part des organisateurs, la police de Washington se prépare au pire et, cette fois, elle demande immédiatement le soutien de la Garde nationale. Vous vous souvenez peut-être que, le 6 janvier, cette dernière, basée à une vingtaine de minutes de l’endroit, avait eu besoin de trois heures pour appuyer les policiers débordés.

Le droit de manifester pacifiquement est primordial et doit être protégé. Le caractère paradoxal de l’événement n’échappe cependant à personne, puisque les assaillants du 6 janvier s’en prenaient directement aux fondements des textes fondateurs qui protègent ce fameux droit à la liberté d’expression. 

AFP
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Que des gens défilent demain pour appuyer des personnes violentes qui refusent de reconnaître la légitimité de l’élection de 2020 est une chose, mais que des élus les encouragent ou envisagent de se joindre à eux en est une autre. 

Cette semaine, l’ancien président Trump affichait ouvertement sa sympathie pour les manifestants qui sont derrière les barreaux, mais il s’est cette fois abstenu de souligner le rassemblement de samedi. D’autres républicains ont cependant été moins «subtils» que lui.

Une demi-douzaine d’élus de la Chambre, tous républicains, considèrent eux aussi que les détenus sont des prisonniers politiques et enjoignent aux tribunaux de respecter leurs droits. Selon ces représentants, les manifestants sont persécutés et traités injustement. 

Au moment de rédiger ce billet, aucun élu n’avait confirmé sa participation à la manifestation. Malgré quelques déclarations plus emportées de partisans de l’ancien président, le meneur de la minorité à la Chambre, Kevin McCarthy, semble convaincu que ses troupes se tiendront à l’écart.

On se demande parfois si Donald Trump a encore une grande influence sur sa formation politique. S’il est difficile de répondre précisément à cette question, on peut malgré tout affirmer avec certitude qu’il inspire à la fois des élus et une partie de la population américaine.

Ce qui s’est produit le 6 janvier dernier n’est pas banal. Des policiers de Washington affirment n’avoir rien vu de tel dans les 30 dernières années, alors qu’on sait que la capitale américaine est une destination prisée des manifestants. 

La taille de l’événement de samedi et son déroulement risquent d’être des indicateurs de la force du mouvement qui appuie le 45e président et espère son retour.

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