Julie Du Page assume pleinement sa cinquantaine
Daniel Daignault
Discuter avec Julie du Page durant près d’une heure, la voir aussi joyeuse, enthousiaste et ouverte équivaut à recevoir une grosse dose de soleil en cette fin d’hiver. Ça fait du bien, c’est enrichissant et, surtout, très intéressant de l’écouter parler de bonheur, de ses enfants et de sa nouvelle cinquantaine.
En octobre dernier, dans un billet publié dans La Presse qui a suscité beaucoup de réactions positives, Julie du Page s’exprimait sur le fait d’avoir atteint la cinquantaine. «J’ai eu 50 ans et je l’assume fièrement. Je ne l’ai pas caché, mais je dois dire que j’ai mis du temps à écrire ce texte, parce que ça remue quand même. C’est un constat, souligne l’actrice et blogueuse. Chaque décennie, je fais comme une sorte de bilan et, au début, je ne savais pas trop comment prendre le fait d’avoir cet âge. Or dès que j’ai passé ce cap-là, j’ai senti un soulagement, et aussi une grande joie parce que je suis fière de mon âge et du chemin parcouru.» L’actrice compte continuer à cultiver les projets. «Cinquante ans, ce n’est pas la fin du monde. Il y a beaucoup de gens qui m’ont dit que je me trompais en disant ça, qu’on ne m’appellerait plus pour les castings. Mais de toute façon, les agences de casting ne m’appellent pas! Les contrats que j’ai, je les ai parce que c’est moi qui les génère, qui me démène pour les avoir. On parle beaucoup de diversité, mais elle se retrouve aussi dans l’âge, la diversité. La variété d’âges doit aussi être représentée à l’écran. On en a un bel exemple avec 5e rang.»
Revisiter son âge
Julie a plutôt choisi de voir les bons côtés de la chose. «Ce n’est pas un tabou d’avoir cet âge. Il y a beaucoup de femmes de 50 ans et plus qui ont plein de projets. Je les trouve hyper stimulantes. Pourquoi ne pas faire partie de ces femmes-là et influencer des jeunes de 30 ans ou de 20 ans avec tout le bagage qu’on a? C’est ça qui est formidable dans le fait de vieillir: on a du bagage, du bagout, du vécu et du recul. Ce que l’on n’a pas toujours quand on est jeune. On est alors prompt à faire plein de choses, mais il nous manque souvent une dimension qu’on acquiert avec les années.»
Généreuse égérie
Julie resplendit de bonheur. Elle est tout en beauté aussi. Elle a d’ailleurs renouvelé son entente avec Lancôme pour être l’égérie de cette marque de cosmétiques et de produits de luxe au Québec. «C’est sûr qu’il y a de la génétique, mais je m’entretiens bien aussi. J’ai une vie assez saine, je suis sportive, j’essaie de bien m’alimenter et de ne pas boire trop d’alcool. Je fais attention. Je suis contente qu’ils aient fait appel à moi, parce qu’ils connaissaient mon âge. Ils sont conscients que la femme n’est pas “figée” à 20 ou 25 ans, qu’elle vieillit. Isabella Rossellini, qui a 70 ans, était leur égérie quand elle avait 30 ans et elle l’est encore. Il y a aussi des jeunes comme Zendaya, qui est dans le début de la vingtaine et qui est formidable. La raison pour laquelle ils m’ont choisie est qu’ils trouvaient que je représentais le bonheur, une des valeurs clés chez Lancôme. C’est vrai que je suis quelqu’un qui voit toujours le verre à moitié plein. Je me dis tout le temps que demain est un autre jour et, quand je me réveille, je suis toujours pleine d’espoir, j’ai l’impression qu’il y a de belles choses qui peuvent arriver. Pour Lancôme, la femme est belle si elle est heureuse et qu’elle génère ce bonheur, parce que la beauté, ça part de l’intérieur.»
Une maman fière de sa progéniture
Parmi ses sources de bonheur, il y a son couple et ses deux enfants: Billie et Augustin. «Billie, qui a 18 ans, est au cégep. C’est une artiste: elle compose les paroles et la musique de ses chansons. Elle vient d’ailleurs de signer avec un agent. Ce n’est pas parce qu’elle est ma fille, mais je trouve qu’elle a du talent en tabarnouche! Elle fait ses inscriptions pour l’université et, pour elle, il n’y a pas de plan B: elle veut chanter, c’est sa passion.» Quant à son fils, il va avoir 16 ans à la fin mars. «Il est grand, il fait du basket avec l’équipe de son collège. J’ai d’ailleurs découvert ce sport à travers lui, car j’assiste à chacune de ses parties. Augustin aime beaucoup le sport, mais c’est un artiste lui aussi; il écrit beaucoup. En même temps, il a également un côté plus scientifique que moi je n’ai pas du tout, mais que mon mari a, parce qu’il est actuaire de formation.»
Ses yeux brillent lorsqu’elle parle de ses enfants. «Ils ont une vision du monde qui est belle et une vision de l’autre qui est très rassembleuse. Je parle de mes enfants, mais aussi de cette génération-là. Ils sont très curieux, et ça donne de formidables discussions à la table. Les repas en famille ont toujours été super importants chez nous. Même si on vaque tous à nos occupations, on s’assoit à la table plusieurs fois par semaine. Il n’y a pas de téléphone à la table d’ailleurs, je suis stricte là-dessus. C’est un moment où on s’arrête tous les quatre ensemble. Ça permet de faire en sorte que le lien ne s’étiole pas.»
Une femme occupée
Sur le plan professionnel, on retrouve Julie dans 5e rang, dans le rôle de la policière Sophie Duhamel. «Ça va plutôt bien. J’ai repris les tournages en mars. Il va arriver quelque chose à mon personnage. On ne sait pas grand-chose sur sa vie et ses motivations, mais là, on va comprendre un gros morceau de son histoire. C’est chouette! Incarner un personnage comme ça sur plusieurs années, ça permet de développer et de tester plein d’affaires. Je suis privilégiée d’avoir ce rôle dans cette belle équipe.»
Si Julie n’a pas d’autres tournages en vue, il reste qu’elle fait beaucoup de choses en parallèle, entre autres une série de podcasts pour Cœur + AVC, Le Beat. «C’est la première fois que je fais ça. Ce sont huit épisodes pour lesquels j’ai interviewé des professionnels de la santé et des gens qui ont des témoignages à livrer, des survivants ou des invités choisis selon ce qui est évoqué dans le podcast. Chaque épisode aborde un angle différent. Ça fait longtemps que je collabore avec Cœur + AVC, mais c’est la première fois qu’on fait un projet de cette ampleur. C’est enrichissant, parce que je suis très curieuse, alors en connaître plus, ça m’allume. Cela dit, échanger avec des gens qui ont vécu des choses difficiles, ça m’a remuée.»
Par ailleurs, Julie a décidé de se mettre à l’écriture d’un roman. «Je travaille avec un éditeur. C’est encore très embryonnaire, mais je suis là-dedans; c’est mon projet de 50 ans et plus. Je le chéris depuis longtemps, mais c’était une question de timing et de disponibilité mentale. Ce n’est pas comme écrire des billets; c’est plus ambitieux. Ça me fait peur aussi, car j’espère être à la hauteur», conclut Julie, avec un enthousiasme non feint...
Pour des informations sur le balado Le Beat, animé par Julie du Page.
Julie est aussi chroniqueuse à Salut Bonjour, à TVA.
Elle joue dans 5e rang le lundi 20 h à Radio-Canada.