Julie Deslauriers se confie sur la mort de son père alors qu’elle était enceinte de 6 mois
Érick Rémy
En la voyant à l’écran jouer le rôle de l’enquêtrice Marcoux dans Indéfendable plus tôt cette année, beaucoup se sont demandé pourquoi on ne l’avait pas vue dans une série depuis si longtemps. À bientôt 47 ans, épanouie et maman d’un enfant de deux ans et demi, Julie Deslauriers nous explique les raisons et les événements qui l’ont menée à son retour.
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Ce rôle a été une surprise pour moi. On me l’a offert sans audition. J’ai accepté les yeux fermés, parce que c’était une policière; j’ai été accro à District 31!» lance en riant Julie Deslauriers au sujet de son apparition dans la populaire quotidienne Indéfendable en janvier. «Après avoir revêtu les vêtements pour ce rôle, lorsqu’on a mis l’arme de service à ma taille, ça a immédiatement changé la posture de mon personnage, à cause du poids. Je ne pouvais pas porter de talons hauts — ce que je fais en général pour être plus de la même taille que les autres —, parce que ça n’aurait pas été crédible. Mon défi était d’avoir de l’autorité, du haut de mes 5 pi 2 po!»
On ne l’a vue que dans trois épisodes d’Infédendable, car c’est ce qui avait été prévu initialement, mais comme elle a réussi à tirer son épingle du jeu, la production a demandé à son agente de bloquer des dates de tournage pour la prochaine saison. Entre-temps, Julie continuera de jouer le rôle le plus important de sa vie: celui de la mère d’Henri, né en août 2020. «Mon fils a été très désiré et attendu. Puisque mon amoureux avait eu trois enfants d’une relation précédente, j’ai cru qu’il me serait facile d’être enceinte, mais nous avons traversé plusieurs deuils avant la venue au monde de notre enfant.»
La vie, la mort, la pandémie
À six mois de l’arrivée d’Henri et moins d’un mois avant que le monde s’arrête à cause de la covid, le 20 février 2020, son père décédait des suites du cancer. La naissance de l’un a-t-elle atténué la mort de l’autre? «Ça a un peu adouci ma douleur. Juste avant d’avoir Henri, j’ai pu l’accompagner durant sa maladie. On a passé des après-midi assis côte à côte dans son lit. On regardait ses émissions préférées, des moments qui, habituellement, n’arrivent jamais lorsqu’on atteint la quarantaine. J’ai eu du temps de qualité avec lui.»
Elle poursuit: «Peu de temps avant son décès, au moment de ma première échographie, j’ai demandé qu’on écrive le sexe de l’enfant, et je lui ai donné la réponse dans une enveloppe scellée, car, moi, je ne voulais pas le savoir. Il est parti avec notre secret. J’aime croire que mon père s’est transformé en oiseau. Depuis son décès, il en apparaît à des moments particuliers de ma vie...»
La pandémie, qui faisait rage depuis six mois lors de la naissance d’Henri, aura permis à Julie et son amoureux de tisser leur doux cocon familial. «Ce qui a été plus contraignant, c’est de ne pas avoir pu être en présence de ma mère, de mes tantes ou d’autres femmes. Je n’avais personne de qui apprendre les façons de faire avec mon bébé. C’est par l’exemple qu’on devient maman. Mais nous étions tous dans nos bulles.» Ayant déjà parcouru ce chemin, son conjoint a été d’un grand soutien. «Il a été très rassurant. Son expérience et son calme ont été très utiles, surtout la première année, alors que nous avons dû nous rendre à l’urgence à quelques occasions.»
Devenir mère à 44 ans est périlleux et courageux, mais certains voient cela comme étant un caprice ou un geste égoïste. J’ai voulu savoir comment elle réagissait à cette opinion. «Je me foutais de ce que les autres pensaient. C’est courageux! (Elle fait une longue pause.) Fonder une famille est un désir plus grand que nature, ce n’est pas un projet de télé ou de décoration, qui sont éphémères. J’avais besoin de ces racines-là.»
Une jeunesse pas comme les autres
Après s’être fait connaître du grand public en jouant Caroline Béliveau dans Chambres en ville et Charline Viau dans Watatatow, elle a enchaîné les rôles dans Ent’Cadieux, Réseaux, Tribu.com, Rumeurs, Ramdam, Virginie, KM/H, Le 7e round, Le négociateur, Destinées, Rock et Rolland, 30 vies, en plus de ses rôles au cinéma. Après ce déluge de travail, le retour à la vie normale ne s’est pas fait sans heurts. «J’ai vécu mon adolescence sans être adolescente et une entrée dans la vie adulte où rien n’était réel. Sur les plateaux, on se fait nourrir, coiffer, maquiller et dire qu’on est bonne. Tu attends d’être choisi, tu n’es pas maître de ta destinée, alors qu’en réalité, tu devrais te fixer des buts et bûcher pour les atteindre. Même si j’ai lâché l’école après mon cégep, je suis retournée aux études pour faire un bac en design d’intérieur, que j’ai fini à 30 ans.
Ça m’a pris du temps à accepter que mon plan B était devenu mon plan A, mais aujourd’hui, j’en suis très heureuse», confie celle qui s’est fait un nom en tant que chroniqueuse en décoration et design d’intérieur à Salut Bonjour week-end et pour le magazine Les idées de ma maison. Son conjoint étant rédacteur en chef du magazine Décormag et elle, spécialiste dans le domaine de la décoration, est-il vrai que les cordonniers sont toujours les plus mal chaussés? «Je n’aime pas que les choses soient finales. Chez nous, la maison est un éternel projet, et mon chum, lui, insiste pour que les choses arrêtent de changer. Je l’ai souvent à l’usure», lance-t-elle avec un clin d’oeil.
On peut suivre Julie sur Instagram, @lejuliebazar. Indéfendable est diffusée du lundi au jeudi à 19 h, à TVA. Elle collabore au magazine Les idées de ma maison.
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