Jour du «dénombrement» des itinérants: «Arrêtons de les compter, puis commençons à les aider»
Véronique Morin
L'utilité du dénombrement des itinérants est remise en doute par trois intervenants sociaux qui préféreraient qu'on les aide au lieu de les compter.
En entrevue avec Isabelle Maréchal à QUB radio et télé, diffusé en simultané au 99,5FM Montréal, ils ont notamment rappelé que la crise de l’itinérance est déjà connue et documentée, et qu'il est désormais temps d’agir.
«Moi, je pense qu'on a quelque part perdu le contrôle. Depuis que les métros sont fermés, maintenant il faut chercher les gens un peu partout», a fait remarquer Annie Savage, directrice du Réseau d’aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal (RAPSIM).
Déjà l’exercice du dénombrement de 2022 avait fait ressortir une augmentation de 44 % de l’itinérance en cinq ans, a relevé l’animatrice.
«L'itinérance, juste le mot le dit, itinérance veut dire déplacement. Alors, tu peux compter deux fois la même personne ou tu peux ne pas la compter», a illustré l’abbé Claude Paradis, prêtre du diocèse de Montréal et fondateur de Notre-Dame de la rue.
L’abbé Paradis croit que l’exercice de compter le nombre d’itinérants ne permet pas de saisir l’ampleur du phénomène.
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Même son de cloche du côté du Dr François Gilbert, médecin à la retraite qui intervient dans la rue auprès des itinérants depuis 13 ans.
«Les gens qui sont sortis des métros maintenant, ils sont en plus grand nombre dans les parcs et autour de la maison Oldbury Mission. C'est le boulevard de la misère. C'est incroyable», a rapporté le Dr Gilbert.
Selon lui, l’itinérance «c'est un problème qui est insoluble. Il va falloir qu'il y ait une conscience collective, individuellement, et même les gouvernements ne peuvent pas régler ça. C'est un problème de société».
Tous trois s'entendent pour dire que le manque chronique de logements abordables contribue à exacerber la crise de l'itinérance au Québec.
«C'est la première cause de l'itinérance, la perte de logement. Puis quand on regarde les chiffres de 2022, ce qu'on voit, c'est que 41% des personnes en situation d'itinérance qui ont été interpellées le soir du dénombrement de 2022 l'avaient perdu depuis moins d'un an», a souligné Annie Savage.
- Écoutez la première partie de la table ronde sur le dénombrement de l'itinérance, plus haut.
42 décès d’itinérants «non réclamés»... juste à Montréal!
• Écoutez aussi cet épisode balado tiré de l'émission d’Isabelle Maréchal, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :