Jour de la Victoire: voici pourquoi Vladimir Poutine brandit toujours la menace nazie
Gabriel Ouimet
Vladimir Poutine a répété que c’est pour combattre le nazisme que la Russie poursuit son invasion en Ukraine, devant des milliers de soldats venus défiler sur la place Rouge de Moscou pour célébrer la date symbolique du 9 mai.
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Contrairement à ce à quoi on pouvait s’attendre, Poutine n’a fait aucune grande annonce pendant les célébrations du jour de la Victoire. Son message était toutefois clair: ses soldats se «battent pour la même chose que leurs pères et leurs grands-pères», c’est-à-dire pour combattre le nazisme.
Pour l’homme fort du Kremlin, cette journée était l’occasion de mobiliser l’opinion publique en rappelant l’héroïsme des vétérans russes qui ont combattu les nazis pendant la Deuxième Guerre mondiale.
Poutine a également profité de cette journée pour réaffirmer que les autorités ukrainiennes, soutenues par l’OTAN, se préparaient à se doter de l’arme nucléaire, et qu’elles planifiaient une attaque contre les séparatistes prorusses de l’est du pays.
Aux dires du président russe, l’Ukraine – et le nazisme – représente une «menace absolument inacceptable» qu’il s’est engagé à combattre en faisant «tout pour que l’horreur d’une guerre mondiale ne se répète pas».
De son côté, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a assuré que son pays ne laisserait pas Moscou «s’approprier la victoire sur le nazisme».
Pourquoi Poutine accuse l’Ukraine de nazisme?
Quand Vladimir Poutine prétend que les combats en Ukraine ont pour objectif de «dénazifier» le pays, il fait référence un groupe d’extrême droite: le régiment Azov, qui a combattu la Russie au nom de l’Ukraine.
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Lorsque les premiers combats ont éclaté dans la région du Donbass en 2014, l’armée ukrainienne n’était pas prête à se battre. Pour faire face à la menace russe, les autorités ont donc fait appel à des groupes de combattants volontaires, dont certains étaient affiliés à l’extrême droite, comme le bataillon Azov.
Depuis, le groupe se distingue sur le terrain et sur les réseaux sociaux en défendant l’est du pays, dont la ville de Marioupol, qui a été presque entièrement détruite avant de passer sous le contrôle russe.
Et puisque ces combats dans les régions prorusses de l’est de l’Ukraine ont coûté la vie à des centaines de civils et à des combattants russes, Vladimir Poutine se sert de l’image du groupe pour convaincre son peuple qu’un génocide est en cours contre la population russophone.
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Quelle est l’importance du régiment Azov?
Bien que le régiment Azov fasse beaucoup parler de lui, notamment sur les réseaux sociaux, il demeure marginal, autant au sein de l’armée que dans la population ukrainienne.
C’est vrai, des Ukrainiens vouent un certain respect à ce groupe d’extrême droite. Mais pas pour ses idées d’extrême droite. C'est plutôt parce qu’il défend leur patrie contre l’envahisseur russe, explique le titulaire de la Chaire d'études ukrainiennes de l’Université d’Ottawa, Dominique Arel.
La preuve: le parti politique créé par le groupe, le Corps national, a mordu la poussière lors des élections de 2019. Les divers partis nationalistes d’extrême droite, qui ont dû se rassembler pour espérer une percée, n’ont même pas amassé 2% des votes.
Il est donc faux de dire que l’extrême droite exerce beaucoup de pouvoir en Ukraine.
Le nazisme a coûté cher à l’URSS
L’autre raison pour laquelle le nazisme refait constamment surface dans les communications du gouvernement russe, c’est parce qu’au moment de la capitulation des Allemands à Berlin, le 9 mai 1945, plus de 26 millions de Soviétiques, dont plus de la moitié étaient des civils, avaient perdu la vie.
C’est plus que toute autre nation pendant la Deuxième Guerre mondiale.
Depuis, les Russes célèbrent la «victoire de la Grande Guerre patriotique» le 9 mai, un jour férié qui symbolise les sacrifices, la force et la coriacité de leurs vétérans. Des célébrations particulièrement importantes pour Vladimir Poutine depuis son entrée au pouvoir en 2000.
À pareille date l’an dernier, l’homme fort du Kremlin avait d’ailleurs profité de l’occasion pour affirmer que la Russie allait «défendre fermement ses intérêts nationaux et assurer la sécurité de son peuple». Il avait aussi martelé que des idées du nazisme refaisaient surface en Europe, en plus d’exhiber les plus récentes armes de l’armée russe.