«Indéfendable»: Varda Étienne s’est inspirée d’un membre de sa famille pour incarner son rôle
«Indéfendable», du lundi au jeudi, 19h, sur TVA et TVA+.
Marjolaine Simard
Varda Étienne nous a chaleureusement accueillis dans sa maison au décor douillet, agrémentée d’une verrière entourée d’immenses érables aux teintes automnales. Souvent décrite comme exubérante, elle se révèle casanière au quotidien, appréciant le calme et la sérénité. Maman de trois enfants, Varda est une battante au grand cœur. Dès le 4 décembre, on pourra la découvrir dans la quotidienne Indéfendable, où elle incarnera madame Dominique, s’inspirant de ses propres souvenirs pour donner vie à cette mère haïtienne, fière et résiliente. Voici ses confidences sur son expérience sur le plateau.
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Varda, on te connaît comme animatrice et autrice. Est-ce ta première expérience en tant que comédienne dans une série télé?
En 2006, j'ai eu la chance de tourner dans la série Virginie. Fabienne Larouche m'avait dit avec franchise: «Au-delà de notre amitié, tu dois performer, sinon ça ne marchera pas!» Il y avait de la pression, mais heureusement, la comédienne Mélanie Pilon fut ma coach pour ce rôle, où j’incarnais la maîtresse de René Ouellet, joué par Michel Forget. Cela fait maintenant 18 ans que j’ai vécu cette première expérience mémorable!
Après toutes ces années, comment était-ce de te retrouver sur le plateau d’une série à succès?
Je dois avouer que j'étais très intimidée. Je me suis retrouvée entourée de Mathieu Baron, de Sébastien Delorme et de Naïla Louisdort, qui incarne ma fille Mélodie dans la série.
Comme se sont déroulées tes premières scènes?
Une fois sur le plateau, j'ai réalisé que je ne savais pas comment me déplacer devant la caméra. Cela a nécessité de refaire certaines scènes. Je bégayais et j'avais des trous de mémoire. J’étais mal à l'aise, car je sentais que je retardais l'équipe. Heureusement, tout le monde était d'une grande bienveillance. J’ai eu quatre jours sur le plateau, et au fil des heures de tournage, je me suis sentie de plus en plus à l'aise. La présence de Naïla aussi m’a aidée. Elle était rassurante et elle me répétait pendant les pauses: «Tout va bien, Varda, tout va bien!» Je connais Naïla depuis qu’elle a trois ans, car je connais bien sa maman! J’étais bien entourée!
Parle-nous de ton personnage.
Madame Dominique est une mère monoparentale haïtienne au tempérament bien trempé, qui gagne son pain en étant serveuse. Elle est très fière de sa fille, qui est la nouvelle stagiaire au cabinet Lapointe-Macdonald. Le statut de sa fille représente une grande réussite. Mélodie a atteint un haut standard en devenant avocate, ce qui comble de fierté cette mère très protectrice. L'arrivée de mon personnage va déclencher une intrigue liée au père de Mélodie.
Tu as décidé d’incarner madame Dominique avec l’accent haïtien...
C'est moi qui l'ai proposé, car je voulais rendre hommage à mes origines. Ma mère, qui a maintenant 77 ans, est arrivée ici à 19 ans pour étudier au pensionnat de Québec, et elle a conservé son accent antillais. Je suis vraiment contente qu'elle ne l'ait pas complètement perdu. Cet accent, elle nous l'a transmis, à ma sœur et à moi. Bien que j'aie étudié en communication et que j'aie acquis un accent international, je peux aussi parler avec l'accent de mes origines.
Outre cet hommage à tes origines, est-ce que tu t'es inspirée d’une personne de ton entourage pour donner vie à ton personnage?
Absolument! Je me suis largement inspirée de ma grand-mère Mélanie, dont j'étais très proche. Elle incarnait tout ce que j'admire chez une femme: l’indépendance, la fierté, mais avec une juste dose d'humilité. Venue au Québec avec mon père, elle avait une présence intimidante. Quand Mélanie Étienne entrait dans une pièce, c'était clair: «Tassez-vous et ne touchez pas à mes enfants, sinon ça va mal se passer!»
Ta grand-mère a donc largement influencé la femme que tu es devenue?
J’étais extrêmement proche d'elle. Aujourd'hui, je vais au cimetière pour lui apporter des fleurs, et la seule photo que j'ai dans ma chambre en est une d'elle et moi. C'est mon ange gardien. Sur cette photo, elle me fixe, et quand j'ai des questions, c'est à elle que je demande de l’aide. Je lui ai demandé de me donner de la force avant le tournage d’Indéfendable.
Elle te soutenait donc dans les moments difficiles?
Je suis tombée enceinte à 19 ans, et ma mère a trouvé cela très difficile. Je me souviens d’avoir appelé ma grand-mère depuis une station de métro pour lui parler de la peine que je ressentais. Mélanie m’a répondu avec force: «Tu rentres chez toi, tu prends toutes tes affaires, tu prends un taxi et tu viens me retrouver!» Elle m’a dit de garder mon enfant, même si le père n’était plus dans le décor. Alexis, c’est le digne héritier de ma grand-mère, et comme il est plus vieux, il a 31 ans, il a eu la chance de bien la connaître. Alexis est le fils de ma famille. C'est toute ma famille qui l’a élevé.

Tu es maman de trois magnifiques enfants, aujourd’hui de jeunes adultes. Parle-nous d’Alexis, de Dahlia et de Sacha.
Je suis extrêmement proche des trois! Je les aime d’un amour très fort. On communique beaucoup!
Justement, tu as réalisé une série documentaire intitulée Les enfants invisibles, disponible sur Tou.tv, où la participation de tes enfants fut essentielle.
Oui, cette série aborde la réalité d'enfants dont les parents souffrent de maladies mentales. J’ai vécu des épisodes de bipolarité qui les ont secoués et je souhaitais aborder ce sujet et leur donner la parole, à eux et à d’autres. Je pleure encore en réécoutant les témoignages des participants de ce documentaire, ainsi que ceux de mes enfants. Par exemple, Alexis évoque un moment où je lui courais après avec un couteau dans la maison, mais je n'ai aucun souvenir de cela.
Tu as décidé de ne pas cacher cet épisode troublant de votre vie, malgré le risque de jugement des téléspectateurs.
En toute sincérité, c'est sa réalité, sa vie, sa vérité. Je ne peux pas lui dire de ne pas partager ce qu'il a vécu. Cela m’a fait beaucoup de peine, mais je sais que mes enfants m’aiment et me considèrent comme une bonne mère.
Tu as également animé T’es belle pour une Noire, une série qui met en lumière le colorisme.
J'étais fière de mettre en lumière un phénomène méconnu des Caucasiens: le colorisme. Il s'agit de la discrimination liée à la couleur de peau, même au sein d'une même communauté, où plus on est noir, plus on est vulnérable à cette discrimination. Dans ma communauté, certains se blanchissent la peau. C’est triste! Je me souviens d’avoir croisé Jean Charest et François Legault au Bal de la Jonquille. Ils m'ont remerciée, car ils n'avaient jamais entendu parler du colorisme avant de voir ma série.
Et comment vont t'es amours?
Je suis célibataire depuis quatre ans. Comme pour tout le monde, il y a des moments de solitude où je ressens le désir d'être en couple. Cependant, j'ai appris à apprécier mon célibat, à le considérer comme une période de liberté et d'épanouissement. Je me lève chaque matin en savourant ma solitude, mais si l’occasion de me remarier se présentait, je n'hésiterais pas à saisir cette chance.
Peux-tu nous parler de tes projets futurs?
J’ai plein de trucs qui arrivent, mais je ne peux hélas pas encore en parler. Sinon, j’ai mon propre balado, qui s’appelle Je demande pour un ami: Parlons sexe avec Varda. Dans chaque épisode, je suis entourée d’un humoriste et de ma sexologue préférée, Myriam Daguzan Bernier. Ce balado, très bien accueilli, m’a d’ailleurs valu un prix. Je suis fière de son contenu!
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