Josée Deschênes se confie sur son bonheur d'être grand-mère
Michèle Lemieux
Après 37 ans de métier, Josée Deschênes choisit maintenant ses projets autrement: elle se laisse plus guider par le plaisir qu’un rôle lui procurera. Et comme sa vie personnelle est très importante pour elle, elle souhaite continuer à réserver du temps pour ses amies, son amoureux, sa famille et ses deux magnifiques petites-filles, qui la remplissent de joie.
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Josée, vous arrivez dans Indéfendable avec un nouveau personnage. Que pouvez-vous nous en dire?
Mon personnage est une juge de la Cour du Québec qui s’appelle Clara Fortin. C’est une femme de carrière, une femme de tête, qui se retrouvera au banc des accusés. De graves accusations pèseront contre elle. Elle se retrouvera dans une situation fort délicate. C’est un beau personnage, et c’est pour cette raison que j’ai accepté. Je ne veux plus faire de projets uniquement pour tenir des rôles, il faut que ce soit intéressant. Je sortais d’Audrey est revenue; c’était un si beau rôle que je voulais un personnage qui le soit tout autant.
Est-ce une grande rupture de rythme pour vous?
Oui, avec Indéfendable, c’est un rythme de travail très rapide. C’est comme un marathon, mais c’est très stimulant. Ça faisait un bout de temps que je n’avais pas eu à travailler aussi rapidement. Cela dit, c’est un bon stress à gérer. Aussi, je serai au théâtre cet été dans la pièce Le père Noël est une ordure. Nous devions la jouer en 2021, mais à cause de la pandémie, tout a été retardé. Je suis très heureuse de faire partie de cette belle gang.
Diriez-vous que vous pouvez dorénavant choisir vos projets?
Oui, mais je ne peux pas dire que je reçois des offres cinq ans d’avance... De belles choses me sont offertes. Quand on a tenu un rôle marquant, les propositions qui suivent sont souvent du même type. Il faut faire attention. Je ne veux pas refaire les mêmes personnages, c’est pour cela que je choisis. J’ai cette chance. Je me fais offrir des mères, comme celle que j’ai campée dans Audrey est revenue. Je n’ai pas 50 ans de travail devant moi... Je veux explorer d’autres zones.
Vous ne faites donc plus le métier de la même manière...
Effectivement. À mes débuts, je travaillais pour gagner ma vie. Même si c’est encore le cas aujourd’hui, le plaisir est la priorité. Ce que je fais, c’est parce que j’ai vraiment envie de le faire. Quand mes enfants étaient jeunes, j’ai beaucoup travaillé. J’ai parfois fait des choix plus alimentaires. C’est noble, mais c’est plus épuisant. J’en discutais récemment avec une amie. Nous nous sentons privilégiées de faire notre métier depuis 37 ans, sans interruption. Nous avons toujours bien gagné notre vie, j’en serai toujours reconnaissante. Tout ce que j’ai fait m’a permis de durer.
Réservez-vous beaucoup de temps à votre vie personnelle?
Oui, il y a beaucoup d’espace pour cet aspect de ma vie. Cela fait partie de mes choix. Je n’annulerai pas un voyage pour un projet. Cet été, mon chum et moi sommes allés dans le sud de la France, sur la côte Vermeille, que j’ai découverte. Et l’automne dernier, nous sommes allés en Grèce. C’était la deuxième fois que nous y allions. Nous avons séjourné dans les Cyclades avant de passer une
semaine dans le Péloponnèse. J’aime aller dans les petits villages, rencontrer les gens, vivre comme eux, découvrir leur culture, leur cuisine. Voir le monde, c’est tellement ressourçant! Ça me repose, ça me permet de décrocher, mais ça m’aide aussi dans mon travail. Ça nous décolle de nous.
Dans la dernière année, votre famille s’est agrandie, semble-t-il...
Oui, ma deuxième petite-fille, Lily, est arrivée il y a un an. Chloé a trois ans et demi. Je les aime tellement! J’avais tellement d’amour pour Chloé que je me suis demandé comment j’allais faire pour aimer Lily tout autant. Mais on constate que l’amour se multiplie. C’est incroyable! Comme j’ai beaucoup de temps, quand on me demande de les garder, je le fais toujours avec plaisir. C’est un grand bonheur.
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C’est une chance que d’avoir du temps pour être avec elles!
Oui, quand on élève nos enfants et qu’on travaille, on n’a pas toujours le temps d’en profiter. On est concentré sur l’éducation. Quand mes enfants étaient jeunes, je me souviens qu’on voyait la mère de Caillou à la télé. Elle me culpabilisait tellement! Elle avait le temps de tout faire, elle ne s’impatientait jamais. Elle m’énervait! (rires)
Les parents doivent tellement apprécier votre aide!
Oui, je sais qu’ils apprécient. Ils sont chanceux, car ils ont trois duos de grands-parents: mon ex et sa femme, les parents de ma belle-fille, et mon chum et moi. Et nous sommes tous des grands-parents en forme. Lorsque j’ai eu mes enfants, mes parents étaient toujours vivants, mais ils habitaient à Jonquière. Je n’ai jamais eu cette aide-là. Alors lorsque je dis oui à mon fils et à sa blonde, je sais à quel point c’est aidant pour eux. C’est bon pour le couple de se retrouver sans les enfants. Avec mon ex, nous n’avions jamais de moments ensemble. Comme nous travaillions toute la semaine, nous ne voulions pas faire garder les enfants durant la fin de semaine. Avec mes petites-filles, on voit bien que lorsque les grands-parents viennent les garder, c’est mamie et papi qui viennent à la maison s’occuper d’elles et non pas les garder. Ma plus grande, Chloé, me dit parfois: «Mamie, je vais tellement avoir de peine quand tu vas t’en aller...»
Avoir des petits-enfants à votre âge, alors que vous êtes en forme, c’est une grande chance!
J’ai la soixantaine et je suis en forme. Ce n’est plus tout à fait jeune, mais la vieillesse recule à mesure qu’on avance en âge... Je me sens plus en forme qu’à 40 ans. J’ai vraiment du temps pour prendre soin de moi: je m’entraîne, je mange bien, je dors toutes mes nuits. Durant la soixantaine, on se rend compte que ce qu’on a fait avant nous rattrape. On peut ne pas prendre soin de soi, mal manger, ne pas s’entraîner quand on est plus jeune, mais il vient un moment où on en subit les conséquences. J’ai quand même fait attention dans la vie. Je n’ai pas fait d’abus d’alcool, de tabac ou de quoi que ce soit d’autre. Je constate aussi que les bonheurs, les chances qu’on a, les gens qu’on côtoie, le travail qu’on exerce, tout cela contribue à nous garder jeunes.
C’est votre cas!
Oui, car toute ma vie, j’ai fait un métier que j’ai aimé. Nous travaillons avec des plus jeunes et des plus vieux. Dans un groupe, je suis parfois la plus vieille, parfois la plus jeune... quoique ça arrive de moins en moins souvent! (rires) Je ne me place jamais en tant qu’aînée par rapport aux plus jeunes. Ce sont des collègues de travail, je les écoute, j’apprends des choses, ça me garde ouverte sur l’autre. Et j’aime les gens, j’aime l’humain. Si je n’avais pas été comédienne, je pense que je serais devenue psychologue. Les gens se confient rapidement à moi. Je pense qu’ils ne se sentent pas jugés. C’est un secret pour bien vieillir: rester ouvert et faire ce qu’on aime.
Indéfendable est diffusée sur TVA du lundi au jeudi à 19 h.
On s’informe sur la pièce Le père Noël est une ordure.
La petite vie revient pour six épisodes qui seront offerts sur Tou.tv Extra en 2023-2024.