Joe Biden président d’un seul mandat?
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![Photo portrait de Luc Laliberté](/_next/image?url=https%3A%2F%2Fm1.quebecormedia.com%2Femp%2Femp%2FLuc_Laliberte_40495124988-b9b1-4aa3-b7f1-7ec54a77e7ed_ORIGINAL.jpg&w=3840&q=75)
Luc Laliberté
La question qui coiffe ce billet était évoquée dès les primaires démocrates de 2020. Bien sûr, s’il décide d’être candidat en 2024, le président sortant pourrait être battu par un rival républicain. Mais au-delà de cette défaite hypothétique, des voix s’élèvent dans les médias et au sein du Parti démocrate, suggérant déjà que Joe Biden annoncera son départ à la fin du présent mandat.
Biden rêvait de la Maison-Blanche depuis très longtemps et il y est entré à sa troisième tentative. Il s’est démarqué pendant les primaires parce qu’il a écrasé la compétition lorsque le vote des minorités, tout particulièrement celui de la communauté noire, est devenu crucial.
Il ne faudrait cependant pas oublier qu’on s’est finalement rangé derrière lui parce qu’il faisait figure de modéré et parce que l’image qu’il projetait rassurait les indécis ou les républicains qui souhaitent se débarrasser de Donald Trump.
À ce tableau, j’ajouterais le fait que le candidat et son équipe, sans jamais le confirmer, ont laissé circuler l’idée que Biden pourrait être un président de transition. L’ancien vice-président, lequel est plus rassembleur que la majorité de ses adversaires démocrates, serait donc utilisé pour reprendre la Maison-Blanche, laissant un peu plus de temps à la relève pour bien se préparer. Déjà, on évoquait les noms de Kamala Harris et Pete Buttigieg.
Cependant, on s’attendait à plus et à mieux de la part du 46e président. Les mauvais sondages se multiplient et l’administration semble incapable de se démarquer. Comme le soulignait Bret Stephens dans le New York Times il y a une semaine, on peut pointer du doigt l’obstruction de Joe Manchin ou l’arrivée du variant Omicron, mais les Américains voient que Biden est à la présidence et leur perception est négative. Je peux bien faire la démonstration que le bilan n’est pas aussi mauvais que ce qu’on en dit, les électeurs ne sont pas satisfaits.
Non seulement le vieux routier de la politique américaine ne joue pas de chance, mais il est rattrapé par les rumeurs, fondées ou pas, sur son état de santé. Considéré comme maladroit et gaffeur depuis longtemps, il dégage moins d’énergie qu’avant et ses adversaires ne manquent pas l'occasion de relever des moments de confusion. La récente publication des résultats de ses tests médicaux n’a rassuré personne.
Que les attaques soient fondées ou pas, je crois qu’il est légitime de s’interroger sur la santé du président. Il n’est pas un surhomme et, s’il parvenait à se faire réélire, il aurait 86 ans à la fin de son second mandat. Même s’il conservait une santé solide, c’est un âge très avancé pour un travail aussi exigeant que celui de président des États-Unis. Je ne connais personne dans ce groupe d’âge, dans mon entourage, qui serait en mesure de supporter le rythme infernal et la pression entourant la direction de la première puissance de la planète.
Si je crois que Biden devrait partir à la fin du présent mandat, est-il pour autant sage de le dire à l’avance? S’il le fait, quand devrait-il le faire? Annoncer ses intentions dès maintenant le condamnerait à perdre ce qui lui reste d’influence auprès de ses collègues du Sénat et de la Chambre.
De plus, les candidatures emballantes à sa succession ne sont pas légion. Il est vrai que tant que Biden s’accroche, on œuvre dans l’ombre et il devient difficile de se démarquer, mais n’oublions pas qu’il y avait une vingtaine de candidatures démocrates en 2020 et que le parti s’est finalement tourné vers l’actuel président. Il y a une relève, mais peut-elle gagner?
Parmi les noms qui circulent, il y en a peu qui incarnent une version plus jeune des forces de Joe Biden. S’il a ses défauts et ses limites, celui-ci n’était pas associé aux factions plus radicales. Empathique et raisonnable aux yeux des indécis, il constituait une option séduisante pour ceux et celles qui envisageaient un retour à la normale.
Il n’y a pour le moment qu’un seul candidat qui offrirait un potentiel rassurant. L’actuel secrétaire aux Transports, Pete Buttigieg, projette l’image d’un homme de compromis et il a su mettre en valeur ses convictions religieuses. D’ici deux ans, il pourra profiter des budgets du plan d’infrastructure pour se mettre en évidence sans donner l’impression qu’il recherche constamment les projecteurs.
D’autres noms s’ajouteront éventuellement à celui de Buttigieg, mais aucun ne jouit déjà d’une reconnaissance sérieuse sur le plan national. C’est important, puisque ce facteur peut influencer la décision de Joe Biden.
Comme je le mentionnais pendant la dernière campagne électorale, il me semble préférable que la présidence Biden se limite à un seul mandat. Si j’étais un stratège démocrate, je crois que je préférerais qu’il attende encore un peu avant d’annoncer qu’il ne sera pas candidat.
Cependant, le grenouillage qui s’effectue en coulisses exerce une pression supplémentaire, et une guerre larvée entre candidats ne rend service à personne à l’aube de 2022. Attendons encore un peu en espérant qu’on s’entende sur le profil idéal du candidat ou de la candidate pour 2024.
Le Parti démocrate doit garder à distance sa faction la plus radicale et réapprendre à parler à tous les Américains ou du moins redevenir plus concret dans ses initiatives. Si on sait déjà que les zones rurales appuient systématiquement les républicains, les démocrates doivent s’éloigner du centre des grandes villes s’ils veulent garder la présidence et éviter de perdre les deux chambres.
Joe Biden 2024? Je n’y crois pas, mais je pense qu’il serait sage d’attendre encore un peu avant de le confirmer.