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L'article provient de Le Journal de Montréal
Monde

Joe Biden et ses invités surprises

Le président des États-Unis, 
Joe Biden.
Le président des États-Unis, Joe Biden. Photo AFP
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Photo portrait de Loïc Tassé

Loïc Tassé

2021-11-08T10:00:00Z
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Joe Biden a convoqué les 9 et 10 décembre prochains les dirigeants des pays démocratiques à une grande conférence pour la défense et la promotion de la démocratie. Les journalistes de Politico ont mis la main sur la liste des invités. Elle comporte plusieurs surprises.

Biden avait annoncé au début du mois d’août son intention de tenir en mode virtuel une première grande réunion pour la promotion de la démocratie. Cette réunion doit devenir annuelle.

Mais qui donc est invité ? 

  • Écoutez la chronique de Loïc Tassé avec Benoit Dutrizac sur QUB Radio:  

Personne ne s’étonne de l’absence de Vladimir Poutine de la liste d’invités (sauf lui-même) ou de Xi Jinping (même lui-même).

Les dirigeants de la Corée du Nord ou de l’Afghanistan n’y sont pas non plus.

Curieusement, du point de vue des alliances, le président turc Recep Tayyip Erdogan n’y figure pas.

Cependant, 100 pays sont invités.

Or, il n’y a pas 100 démocraties dans le monde, tant s’en faut. Mais 100 est un beau chiffre qui frappe l’imagination.

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En 2020, des chercheurs de l’université allemande de Würzburg ont examiné et classé 176 pays à travers le monde, du plus démocratique au plus autoritaire, suivant 15 critères clairement définis.

Le Danemark trône en première position, avec une note de 96 %, suivi de la Norvège et de la Finlande. Le Canada arrive au 24e rang, avec 86 %. Ces pays font partie des démocraties qui fonctionnent. Au total, elles sont 34.

Démocraties déficientes

Où se classent les États-Unis ? Au 36e rang, parmi la cinquantaine de régimes démocratiques déficients, aux côtés de la Tunisie, de l’Argentine ou du Pérou.

Suivent ensuite les régimes hybrides, comme l’Inde (85e rang), le Mexique (90e) et l’Ukraine (92e). Enfin arrivent les régimes autocratiques modérés, puis les régimes autocratiques durs, parmi les pires desquels se retrouvent la Chine, l’Arabie saoudite et la Corée du Nord.

Qui donc est invité et qui ne devrait pas l’être ? L’Inde, le Mexique et l’Ukraine, mais aussi les Philippines (112e), le Pakistan (123e) ou l’Irak (127e).

L’initiative américaine de former un front uni des démocraties contre les régimes autoritaires, en particulier contre la Chine et la Russie, était attendue et nécessaire. Mais elle ne repose pas sur des bases objectives de la science politique. Elle vise à créer un mouvement politique.

Salutaire et dangereux

Ce mouvement politique pourrait être à la fois salutaire et dangereux.

Salutaire parce qu’il pourrait contribuer à freiner la dérive antidémocratique aux États-Unis et ailleurs. Le mouvement pourrait inciter les gens à mieux comprendre les ingrédients essentiels de la démocratie. Une telle réflexion devrait heurter de plein fouet la propagande trumpiste.

Dangereux parce que beaucoup d’idéologues et d’idéalistes peuvent s’emparer de la défense de la démocratie et, avec les meilleures intentions du monde, la dévoyer complètement. Par exemple, les adeptes de la démocratie directe ou de la proportionnelle peuvent facilement, avec la foi du charbonnier, tuer une démocratie en la paralysant.

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