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L'article provient de Le Journal de Montréal
Monde

Jill Biden, à sa tranquille manière, dépoussière le rôle de Première dame

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AFP

2021-11-19T05:57:34Z
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Elle promeut la vaccination ou participe à des meetings politiques, mais seulement quand son emploi du temps de professeure le permet: Jill Biden, à sa tranquille manière, dépoussière le rôle encore très stéréotypé de Première dame des États-Unis.

«Jill n’est pas avec moi aujourd’hui parce qu’elle enseigne, elle est professeure à temps complet à l’université» publique de Virginie: quand Joe Biden excuse ainsi sa femme, absente la semaine dernière lors des funérailles de l’ancienne gouverneure du Delaware (nord-est), il s’agit de courtoisie, mais aussi de politique.

En septembre, l’annonce de la rentrée de Jill Biden en présentiel a fait les titres de la presse américaine, comme si le pays n’était pas encore tout à fait habitué à cette «First Lady» ayant une activité professionnelle, ce que la Maison Blanche met en avant.

Aucune Première dame avant elle n’avait jamais travaillé en dehors des murs du 1600 Pennsylvania Avenue.

Agée de 70 ans, elle a épousé Joe Biden, alors veuf depuis cinq ans, et père de deux garçons, en 1977. Le couple a par la suite eu une fille.

Titulaire entre autres diplômes d’un doctorat en éducation, également syndicaliste, Jill Biden a poursuivi sa carrière lorsque son époux était vice-président de Barack Obama, et assuré ses cours à distance pendant la pandémie. Elle enseigne désormais deux jours par semaine l’anglais et les techniques d’écriture.

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Le reste du temps, les Américains voient Jill Biden, mince silhouette et chevelure blonde, aux côtés du président lors d’événements privés et publics, mais aussi, de plus en plus souvent, seule en scène.

Vaccination

Elle sillonne notamment le pays pour promouvoir la vaccination contre le Covid-19 des adultes, et désormais des enfants.

On l’a aussi vue en campagne lors d’une élection locale, dans les tribunes lors des Jeux olympiques de Tokyo, dans un café avec Brigitte Macron au moment où Washington s’efforçait de surmonter une crise diplomatique avec la France.

«Elle a augmenté la cadence de ses apparitions publiques», note Tammy Vigil, professeure en sciences de l’information et de la communication à l’université de Boston, pour qui «le grand public attend des Premières dames qu’elles soient de plus en plus actives».

Jackie Kennedy s’est faite grande protectrice du patrimoine culturel américain, et a redécoré la Maison Blanche. Nancy Reagan s’est engagée dans la lutte contre la toxicomanie et Michelle Obama a lancé une grande campagne pour que les enfants américains mangent mieux et bougent davantage.

«Melania Trump a eu beaucoup de problèmes parce que justement elle n’était pas aussi active qu’elle aurait dû l’être», assure Tammy Vigil à propos de l’épouse du précédent président.

Par rapport à Michelle Obama, qui a fait l’objet d’attaques ouvertement racistes et sexistes, et même dans un climat politique extrêmement tendu aux États-Unis, Jill Biden est jusqu’ici relativement épargnée.

Mais elle aussi a buté parfois sur la conception encore stéréotypée du rôle de «FLOTUS» (First Lady Of The United States), au moins pour une partie des Américains.

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En avril 2021, la chaîne CNN publie par exemple sur son site internet une chronique appelant Jill Biden à «plus de retenue vestimentaire», parce qu’elle a été vue portant une jupe en cuir et des collants à motifs.

La psychologue Peggy Drexler, qui signe ce texte, estime: «Cela fait partie de son travail de Première dame d’avoir une apparence digne. Et distinguée».

Dr Biden

Dans une tribune du Wall Street Journal, en décembre 2020, on lit: «Y a-t-il une chance que vous abandonniez le Dr devant votre nom? Dr Biden sonne comme une arnaque, pour ne pas dire une blague.»

L’article a suscité une vague de protestations.

«La fonction de Première dame est à la traîne quand il s’agit de représenter ce que font les Américaines et comment elles vivent réellement», souligne Tammy Vigil.

Plus visible, Jill Biden respecte toutefois une règle s’appliquant à toutes les Premières dames, qui n’ont ni mandat ni attributions gouvernementales.

Elle ne se mêle pas ouvertement de politique - même si certains commentateurs ont vu sa patte dans un éphémère projet de Joe Biden, visant à offrir deux années d’université publique gratuite aux jeunes Américains.

Hillary Clinton avait été vivement critiquée pour sa promotion jugée trop active de réformes du système de santé, alors que son mari était président.

Si la vie de couple et de famille des présidents des États-Unis reste soumise à une vision «conservatrice», Tammy Vigil note toutefois que, au-delà de Jill Biden, d’autres personnalités de l’administration Biden font de facto bouger les lignes.

Par exemple la vice-présidente Kamala Harris, dont le conjoint Doug Emhoff est le premier «Second Gentleman» des États-Unis. Ou le secrétaire aux Transports Pete Buttitieg, qui évoque volontiers en interview ses deux jumeaux qu’il élève avec son mari.

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