Jean-Philippe Dion se confie sur sa rencontre avec Céline Dion
Samuel Pradier
Jean-Philippe Dion est un des rares animateurs dans le monde à avoir pu rencontrer Céline Dion il y a quelques jours, pour prendre de ses nouvelles et discuter du documentaire Je suis: Céline Dion (I Am: Celine Dion), de Prime Video. Cette entrevue exclusive sera au coeur d’une émission spéciale à TVA, Céline brise le silence, diffusée le 16 juin prochain. Jean-Philippe Dion nous parle de sa rencontre avec la star.
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Jean-Philippe, ce que tout le monde veut savoir pour commencer: comment va Céline?
Elle était resplendissante, souriante et super gentille lors de notre rencontre. Les membres de mon équipe l’ont croisée dans le corridor avant l’entrevue, et elle les a salués. Elle était en super forme. Quand je suis entré dans la pièce où je devais l’interviewer, la première chose que j’ai remarquée, c’est qu’elle ne portait pas de souliers à talons hauts. Céline en entrevue sans talons, c’est rare. Juste avec ce détail, j’ai compris qu’elle était réellement malade, que quelque chose de physique l’avait forcée à changer ses habitudes. Je pense que c’était aussi une super grosse journée de travail pour elle. Je l’ai déjà vue, par le passé, travailler 15-16 heures par jour, faire des journées épouvantables durant lesquelles elle chantait et donnait des entrevues à la chaîne. Je ne crois pas que ce soit encore possible actuellement. Il faut vraiment que tout soit plus organisé pour elle.
Comment as-tu eu l’opportunité d’aller la rencontrer?
Ça fait des années qu’on n’a pas vraiment de nouvelles de Céline, hormis quelques bribes de temps en temps. Ça fait aussi des années que tout le monde me dit que je devrais faire quelque chose, ou que les gens me demandent des nouvelles de Céline, mais je n’en avais pas. J’ai fait différents projets avec elle, mais ce n’est pas une amie ni une connaissance proche. Finalement, j’ai simplement reçu un appel de Prime Video, qui me proposait d’aller la rencontrer à Las Vegas.
Tu as pu visionner le documentaire Je suis: Céline Dion avant d’aller la rencontrer. Quelle a été ta réaction en découvrant ce film?
J’étais bouleversé. Lors du visionnement, j’étais avec Jean-François, le caméraman avec qui je travaille depuis des années, qui a lui aussi beaucoup côtoyé Céline au fil des ans. Personne ne parlait à la fin tellement on était bouleversés. On n’en revenait pas à quel point Céline ne fait jamais les choses à moitié. Le documentaire a été tourné pour expliquer sa maladie, pour nous permettre de comprendre ce que c’est exactement, le syndrome de la personne raide, en montrant réellement ce qui se passe au quotidien. C’est très cru, brut et sans filtre. C’est déstabilisant de voir Céline dans cet état. Dans la scène finale, on la voit en train de faire une crise de sa maladie; la caméra est présente et la montre telle qu’elle est à ce moment-là. Jamais je n’aurais pensé voir de telles images de Céline Dion dans ma vie. Ça fait plus de 15 ans que je travaille sur divers projets avec elle, et on a toujours cherché à la magnifier, à montrer le meilleur d’elle. Elle a tout pour ça. Mais pour ce documentaire, elle a voulu être un grand livre ouvert. C’est d’ailleurs fascinant de voir à quel point c’est naturel pour elle de raconter tout ce qui se passe dans sa vie et de se présenter telle qu’elle est.
Comment s’est déroulée l’entrevue avec Céline?
C’était dans un hôtel de Lake Las Vegas, proche de l’endroit où Céline habite. On était face à face, chacun sur une chaise. Il y avait plein de membres des équipes de Céline et de Prime autour de nous, derrière la caméra, mais personne ne savait de quoi on parlait parce que personne ne parlait français. Je pense que les gens présents ont quand même été surpris de voir la chimie qu’il y avait entre nous. Quelqu’un de l’entourage de Céline est même venu me voir après l’entrevue pour me dire qu’il l’avait sentie détendue et émouvante. Il m’a confié qu’il avait été touché par l’entrevue, même s’il ne parlait pas français.
Comment as-tu vécu cette rencontre?
C’était un beau moment. J’avais l’impression de récolter ce que j’avais semé après des années de travail. Quand je me suis assis devant elle, j’étais à l’aise. J’ai laissé tomber mes notes, car je la connais assez pour être capable d’entrer dans son histoire, de la suivre, de comprendre où elle s’en va et de la ramener à certains moments. Tout a coulé facilement; c’était un super beau moment.
De quoi avez-vous parlé?
Principalement de sa maladie et de son quotidien. J’avais seulement 20 minutes avec elle, je n’avais donc pas le temps d’évoquer d’autres sujets. On a essayé de faire une mise à jour sur son état de santé. Je pense que son souhait est de faire taire toutes les rumeurs et les ragots qui circulent à son sujet. Elle est consciente de tout ce qui se dit sur elle dans le monde. Elle voulait remettre les pendules à l’heure, donner de ses nouvelles et expliquer sa maladie. On se rappelle que, lorsqu’elle a eu recours à la fécondation in vitro, ce n’était pas si connu à l’époque. Elle a été une des premières personnalités publiques mondiales à en parler. C’était une façon pour elle de faire tomber les tabous et de déstigmatiser les femmes qui y ont recours. J’ai l’impression qu’elle fait la même chose avec sa maladie. Elle réalise qu’elle a une voix, que beaucoup de monde souffre de ce syndrome en silence. Il y a une personne sur un million qui en est atteinte. J’imagine aussi qu’il y a bien des gens qui doutent de ce diagnostic. C’est une maladie rare, qui n’est pas apparente. C’est un trouble du système nerveux. Elle voulait expliquer ce que c’est réellement, d’autant plus qu’il n’y a pas de cause précise. Elle ne sait pas pourquoi la maladie s’est déclenchée chez elle. Mais on comprend dans l’entrevue qu’elle en souffre depuis plus longtemps qu’on pense.
Dans la bande-annonce du documentaire, on la voit pleurer en disant que la scène et le public lui manquent. Êtes-vous revenus là-dessus?
Personnellement, j’avais l’impression qu’elle avait tellement travaillé dans sa vie qu’à un moment donné elle aurait peut-être envie de se reposer, mais ce n’est clairement pas ça! Céline Dion est une bête de scène. La musique, elle en mange; c’est sa vie. Chaque fois qu’on rencontre une personnalité qui nous parle de son public, on prend ça un peu à la légère, mais on réalise dans le documentaire et dans l’entrevue que c’est viscéral pour Céline. Dans le film, on voit à quel point elle travaille. Je me souviens d’une conversation dans laquelle elle disait qu’elle s’entraînait sans cesse pour être en forme, pour arriver solide sur scène. Elle a toujours été extrêmement rigoureuse. Durant toute sa vie, elle a fait attention à elle et elle s’est entraînée. C’est ce qui fait qu’elle a pu se rendre aussi loin. Malgré la maladie, elle est encore la même Céline. On la voit se démener avec son physio pour retrouver sa musculature, sa flexibilité... Elle ne fait pas ça en dilettante, elle va aussi loin que possible. Céline, c’est comme une machine.
De quoi est fait son quotidien aujourd’hui?
Elle s’occupe de ses enfants, des jumeaux, qu’on voit beaucoup dans le film, et chaque jour elle prend soin de sa santé. Elle fait de la physio et des cours de rééducation vocale pour réapprendre à chanter. Sa vie est consacrée à ça. Le documentaire et les entrevues qu’elle a accordées, c’est aussi pour que les gens arrêtent de se poser des questions en la voyant s’amuser au spectacle des Rolling Stones ou au show du Cirque du Soleil. Elle est malade, mais elle a le droit d’être heureuse et d’avoir des moments de plaisir. On comprend qu’avec cette maladie, les journées où elle va bien, elle est capable de vaquer à ses occupations.
Quel est son état d’esprit actuellement?
Je pense qu’elle est en grande forme mentale. Elle va bien et elle est heureuse. Je l’ai sentie très rayonnante, la journée de notre rencontre.
As-tu l’impression que ton entrevue et la sortie du documentaire marquent le début d’un retour pour Céline?
Je ne suis pas dans le secret des dieux, mais je pense que ça marque effectivement le début d’un retour. Or, la maladie fait en sorte qu’elle peut avoir de très bonnes journées et de moins bonnes aussi. Elle va devoir composer avec ça. Va-t-elle être capable de rechanter comme avant? Je ne le sais pas.
Tu as travaillé avec les trois plus grandes voix du Québec: Ginette Reno, Céline Dion et Lara Fabian. Quel est leur point commun?
Pour s’être rendues où elles sont, elles ont d’abord un talent immense. Elles ont consacré toute leur vie à se bâtir une carrière, à travailler pour arriver à un niveau de perfection ultime. Elles se sont aussi rendues là parce qu’elles sont dotées d’un grand magnétisme et d’une aura particulière. Ça, tu l’as ou tu l’as pas; c’est quelque chose d’inné. Elles sont totalement différentes l’une de l’autre, mais ce sont trois femmes extrêmement intelligentes, brillantes, humaines... Elles sont impressionnantes. Mon affection pour elles remonte à mon enfance. Céline et Lara font partie des premières chanteuses que j’ai écoutées, et Ginette Reno, c’était la préférée de mes parents. Je me souviens qu’ils se parfumaient avant de partir pour aller la voir en spectacle. Elles me rappellent mes racines, d’où je viens et ce qui m’a fasciné comme culture populaire.
Qu’aimerais-tu que les téléspectateurs retiennent de ton entrevue avec Céline?
Sa sincérité et son courage sont les deux choses qui m’ont le plus marqué. Ça ne se peut pas d’avoir une carrière aussi immense et d’avoir cette sincérité en entrevue. C’est désarmant.
L’émission spéciale Céline brise le silence sera présentée en rediffusion le lundi 24 juin à 20 h, à TVA. Le documentaire Je suis: Céline Dion (I Am: Celine Dion), d’Irene Taylor, sera disponible sur Prime Video à compter du 25 juin. La bande originale du film Je suis: Céline Dion, composée de 20 de ses plus grands succès, sera disponible en CD et en version numérique dès le 21 juin.