Jean-Philippe Dion fait de rares confidences sur son rôle de père
Daniel Daignault
Jean-Philippe Dion est un animateur et producteur à la fois heureux et prolifique. Ses succès ne se comptent plus, tant devant que derrière les caméras! Après nous avoir offert un second livre, La vraie nature au chalet pour Noël, il se retrouve à la barre de deux émissions cet hiver: le retour de La vraie nature et une nouvelle téléréalité, Sortez-moi d’ici!.
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Jean-Philippe, après avoir présenté deux livres de La vraie nature, as-tu d’autres idées du genre pour les années à venir?
Je pense que j’ai bouclé la boucle avec ces livres, car je ne suis pas du genre à vouloir étirer la sauce. C’est sûr que j’aimerais un jour écrire autre chose. Un roman, des réflexions... Je ferai toutefois ce genre de projet dans la phase deux de ma carrière, au moment où je pourrai prendre le temps de me déposer. Il faut avoir du temps pour écrire et être dans le silence.
Tu as fait beaucoup de choses dans le métier depuis tes débuts. Maintenant que tu arrives à 40 ans, as-tu l’impression, comme tu le dis, que tu abordes la phase deux de ta carrière?
Dans la vie, j’ai besoin de sentir que je bouge. Je pense que je ne pourrais pas animer la même émission durant 10 ou 15 ans. Je n’ai pas ça en moi. En même temps, je chiale tout le temps que je suis fatigué et que je travaille trop! Mais aussitôt que je sens que je commence à stagner et que je n’ai plus de défi, on dirait qu’il me manque quelque chose. Pour être heureux, j’ai besoin de travailler et de construire quelque chose. Alors, maintenant que j’arrive à 40 ans, ça suscite en moi une réflexion: je me demande ce que je veux faire au cours de la prochaine décennie. Qu’est-ce qu’il me reste à faire pour sentir que j’ai touché à tout ce à quoi j’avais besoin de toucher? C’est là où j’en suis en ce moment.
As-tu déjà des idées en tête?
Oui et non. Je ne pense pas que le mode de vie que j’ai actuellement sera celui que j’aurai à 50 ans. Je n’aurai plus la pédale dans le tapis. J’ai fait des changements au cours des dernières années: j’ai quitté la radio parce que je trouvais que c’était trop. Les deux années où j’étais à la radio, je faisais aussi les galas ARTIS et La vraie nature; c’était beaucoup trop. Je n’étais plus dans le plaisir. Alors, j’ai quitté la radio, mais j’ai acheté une compagnie de production! Maintenant, d’autres choses arrivent, comme Sortez-moi d’ici!. Ç’a été une surprise totale dans ma vie.
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Ce n’était pas dans tes plans d’animer une téléréalité?
Non. Et je ne pensais pas partir au Costa Rica pour aller y tourner durant un été. J’adore être surpris par la vie et par les projets dans mon métier, mais je pense que je m’engage tranquillement dans une autre partie de ma carrière.
Sortez-moi d’ici! est certainement une aventure qui sort de l’ordinaire!
Les Productions Déferlantes produisent cette émission, mais jamais je n’ai pensé que je l’animerais. Ça faisait des mois que je savais que ce projet-là s’en venait, mais pendant cette période, j’étais très impliqué dans Star Académie. Quand Alex (Barrette) est venu au bureau pour un meeting, tout le monde semblait penser que lui et moi étions le bon duo pour animer l’émission. J’avais déjà coanimé des émissions, avec Anouk (Meunier) et Maripier (Morin), et ç’avait été de super belles expériences, mais je ne l’avais jamais fait avec un gars. Et, dans ce cas-ci, je trouvais l’idée intéressante d’animer avec un humoriste. C’est un gars que j’aime et qui est très gentil. Le fit était naturel. Alors, j’ai su que j’allais animer cette émission et, un mois après, Alex et moi étions dans la jungle! Je n’ai pas eu le temps de réfléchir — et en fait, c’est souvent dans ce genre de situation que je suis à mon meilleur. Pour La vraie nature, j’ai su en mai que ça fonctionnait, et au mois d’août, on tournait nos premières émissions. On avait trouvé le chalet, il fallait adapter le format, monter une équipe; je n’avais jamais eu le temps de réfléchir. La première journée, nos invités étaient Mariana Mazza, Mario Pelchat et Étienne Boulay, et j’ai réalisé que je n’avais même pas pris le temps de m’arrêter à penser à la manière dont j’allais animer cette émission. Mon contenu était prêt, mais pas l’approche pour l’animation. Et c’est ça qui m’a permis d’être tout à fait naturel et qui a fait que ça a fonctionné. Pour Sortez-moi d’ici!, on y est allés avec notre instinct, et je pense que c’est ça qui est le mieux, finalement.
Il demeure que tous les projets auxquels tu touches sont différents les uns des autres...
Oui. Et souvent, comme producteur, je peux avoir le réflexe de penser que telle personne ne sera pas bonne pour tel projet. Mais en fait, on est tous capables de faire un paquet de choses dans la vie. Tout le monde est polyvalent, mais on ne donne jamais la chance aux gens de faire autre chose parce qu’on met tout le monde dans des cases. Moi, je suis considéré comme le gars sérieux qui fait des entrevues en profondeur, mais je suis capable d’avoir du fun et de rire. Le public n’a rien vu! Tous les gens de l’équipe de montage et de réalisation avec qui je travaille dans Sortez-moi d’ici! m’ont dit: «Pourquoi tu ne nous as jamais montré ça?» C’est juste que dans La vraie nature, je ne peux pas être aussi exubérant et émotif que je le suis dans cette nouvelle émission avec Alex. Ce n’est pas le même genre d’émission. D’ailleurs, ce projet-là arrive au bon moment dans ma vie: je pense que ce sera une bonne vitrine pour montrer d’autres facettes de mon talent et que ça m’aidera à amorcer la prochaine étape de ma carrière.
Dirais-tu que cette téléréalité a constitué une expérience marquante pour toi?
Je me trouve bien meilleur dans ce show-là (Sortez-moi d’ici!) que dans un gala ARTIS. Les textes n’ont pas été appris mot à mot et analysés. Là, on est débarqués dans la jungle avec des bases de textes, mais il y a eu beaucoup d’improvisation et il fallait avoir de la répartie. Je pense que c’est là-dedans que je suis le plus heureux.
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J’imagine que l’animation de La vraie nature est un travail très enrichissant pour toi sur le plan personnel...
Je dis tout le temps que j’ai l’impression que c’est LE projet de ma carrière. Mon X, je l’ai trouvé là. Si j’ai animé deux galas ARTIS, c’est parce que j’avais animé La vraie nature l’année précédente et qu’on avait vu qu’il se passait quelque chose entre les artistes et le public. Mais ils n’avaient pas vu ça avec Accès illimité. La vraie nature est le projet où j’ai été au meilleur de ma forme pour animer. Et ce show-là a aussi été ma psychanalyse, mon rendez-vous chez le psy. Je n’ai pas étudié en psychologie. J’ai juste été à l’écoute des invités qui exprimaient leur ressenti et j’avais un réel intérêt d’apprendre qui étaient ces personnes-là. Je leur ai fait raconter leur vie, et ça a influencé la mienne. En ce moment, je suis touché par la parentalité; alors c’est sûr que dans mes entrevues de la dernière année, on parle plus de parentalité que celles où je n’avais pas d’enfant. Il y a plein de sujets et de réflexions qui m’ont fait comprendre des choses. À chaque saison de l’émission, il y a un moment ou une grosse phrase qui me fait réfléchir sur le sens de ma vie. Cette saison-ci, c’est venu de Ricardo qui racontait qu’il avait écouté un truc où une personnalité disait: «À un moment donné, tu as eu assez de succès. Tu as eu ce que tu voulais. C’est le temps de donner un coup de gouvernail et de partir dans une autre direction.» Une fois que tu as touché à ce succès, tout ce que tu peux faire est du surplace et tu pellettes dans le même tas! À un moment donné, il faut partir dans une autre direction et défricher un autre terrain. Moi, c’est ça qui m’anime: aller ailleurs, essayer des choses et surprendre. J’ai en tête, entre autres, plein de projets de documentaires que j’ai envie de faire pour approfondir des sujets.
Tu mentionnais la parentalité; parle-moi de ton fils...
Il a 12 ans. C’est un ado et ça se passe super bien. Avec le tournage de La vraie nature, j’ai été très absent cet automne, mais mon chum est un papa formidable! Et je suis maintenant plus présent. J’ai trouvé ça dur de ne pas pouvoir être avec lui, parce que j’ai travaillé aussi tout l’été. Si je lui ai ouvert ma porte, il faut que je sois là pour lui. Il faut qu’il ait le modèle d’un papa qui veut réussir et qui travaille fort pour y arriver, ce sont de belles valeurs à lui inculquer, mais il faut aussi être présent. Ça aussi, ça fait réfléchir...
Il est comment ton fils?
C’est un petit garçon qui, par son passé et tout ce qu’il a vécu, est extrêmement solide émotivement. Il a une réflexion sur la vie qui m’épate. Souvent, mon chum et moi, on se demande comment il peut avoir cette sagesse émotive. Il les a comprises, les affaires de la vie. Dans la vie, ce sont les épreuves qui nous font vieillir. J’ai souvent eu l’occasion de le constater à La vraie nature en parlant avec des invités qui ont dû se battre et qui ont développé une grande capacité d’introspection et d’analyse. C’est comme dans mon cas, il y avait bien des enjeux dans ma vie — j’ai entre autres décidé à un moment donné de faire mon coming out — qui m’ont forcé à comprendre qui j’étais et qui m’ont permis de faire le pas suivant. J’ai l’impression que mon fils est un peu comme moi en ce sens-là: il s’est battu à certains moments de sa vie, ce qui lui a permis de comprendre beaucoup de choses. Il est heureux. Il chantonne le matin. Il a aussi la capacité de s’émouvoir et de trouver belles les choses simples. Je trouve ça formidable!
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Vous arrive-t-il, ton chum et toi, de vous dire que vous êtes chanceux d’être aussi heureux tous les deux depuis si longtemps?
Oui, vraiment! Cette année, ça fera 20 ans que nous sommes en couple, et je vais avoir 40 ans. Ce sera une grosse année! Et je pense que cet enfant est arrivé au bon moment dans notre vie. Notre couple était stable et il fonctionnait bien, mais on a senti qu’on pouvait faire rejaillir cet amour-là sur quelqu’un d’autre. On avait une maison, on avait un chalet, on avait de l’amour à donner: on s’est demandé si on pouvait offrir tout ça à quelqu’un d’autre pour qu’il en bénéficie aussi. Par ailleurs, on a le goût de le faire voyager. On l’amène au théâtre et au cinéma. On veut lui apprendre des choses. Il est arrivé chez nous en se disant qu’il n’était pas un artiste, et c’était bien correct, mais juste parce que c’est ce qui nous anime dans la vie, mon chum et moi, il s’est mis à jouer du piano et à faire de l’art dramatique.
Dirais-tu aujourd’hui que tu es aussi fier d’avoir réussi ta carrière que ta vie personnelle?
J’ai négligé un peu ma vie personnelle, et mon chum a été patient. Dans les premières années, quand je travaillais avec Julie (Snyder), je partais à travers le monde à longueur d’année, soit avec Céline, soit pour d’autres projets. J’ai été souvent absent. J’ai maintenant le goût de créer notre nid pour les prochaines années. On va éventuellement quitter la ville pour s’installer à la campagne. Notre fils va finir le secondaire dans cinq ans et commencer sa vie d’adulte, alors ça va aller vite. Cinq ans, c’est l’échéance que je me donne pour amorcer la transition vers notre prochaine vie.
Vingt ans ensemble, c’est toute une réussite! Comment l’expliques-tu?
Je n’ai pas été là! (éclat de rire) Sérieusement, il y a une grande confiance entre nous, on a été des alliés et, pour vrai, si j’ai pu accomplir autant de choses dans ma carrière, c’est parce qu’il m’a appuyé.
La vraie nature, dimanche 21 h, àTVA.
Sortez-moi d’ici!, dimanche 18 h 30, dès le 19 février, à TVA.