Guerre des stupéfiants: Jean-Noël Lacroix poursuit la Ville de Québec pour 3,8 M$

Accusant le SPVQ de «chantage» dans la gestion d’informations selon lesquelles sa vie serait menacée, l’homme d’affaires Jean-Noël Lacroix poursuit la Ville de Québec pour 3,8 M$.

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L’entrepreneur controversé, qui a fait les manchettes à quelques reprises par le passé, déplore qu’un enquêteur du Service de police de la Ville de Québec (SPVQ) l’ait avisé à divers moments de risques pour sa vie, sans toutefois lui donner plus de détails qui lui auraient permis de mieux comprendre la situation.

Ces informations sont venues après le meurtre de Michel «Doune» Guérin, ancien motard abattu devant sa résidence le 27 novembre 2023. 

Employé chez Armoires PMM et ami de M. Lacroix, Guérin était, selon certaines informations, chargé de tenter de régler les confits opposant les motards et les groupes de vendeurs de drogues indépendants qui refuseraient de payer leur «taxe».

En marge de son meurtre, l’enquêteur Alexandre Pageau a rencontré Lacroix pour l’informer que son nom se trouvait sur une «liste» et que les policiers avaient des raisons de craindre pour sa vie.

Partage d’infos en échange de protection

«[L’enquêteur] Pageau a clairement demandé au demandeur Lacroix de partager des informations, de faire équipe, en échange de quoi il serait protégé», peut-on lire dans la poursuite déposée à la fin avril au nom de Lacroix et d’Armoires PMM, où il est directeur des ventes. Cette information a d'abord été révélée par Radio-Canada.

Jean-Noël Lacroix dénonce ce «chantage» et affirme dans sa poursuite qu’en aucun cas, il a détenu des informations «nécessaires ou simplement utiles» à l’enquête du meurtre ou sur les événements violents liés à la guerre des stupéfiants qui fait rage à Québec.

Malgré tout, l’enquêteur aurait suggéré à Lacroix de quitter le pays pour sa sécurité et de prendre des mesures pour se protéger. 

Il aurait reçu un autre avis de l’enquêteur Pageau en janvier, alors qu’il se réfugiait à l’étranger, pour l’informer que sa vie serait à ce moment «doublement en danger».

«[L’enquêteur] se refuse à dire en quoi et pourquoi il était ainsi menacé, ni de qui provenait la menace», affirme le demandeur dans sa requête, précisant avoir fait plusieurs démarches pour obtenir des détails, notamment auprès du chef de police directement.

Investissements en sécurité

En raison de ces avis du corps de police, Jean-Noël Lacroix et Armoires PMM expliquent avoir dû procéder à d’importants investissements pour se protéger.

Équipements de sécurité, système d’éclairages et de caméras centralisés, protocole de sécurité, vitres pare-balles sur le commerce, embauche d’un garde du corps, les demandeurs n’ont pas lésiné sur les moyens.

Mais puisque, selon eux, le SPVQ n’a jamais voulu leur donner de détails ou même leur confirmer si la vie de Jean-Noël Lacroix avait été, oui ou non, en danger, ils réclament aujourd’hui ces dépenses et des dommages à la Ville.

Armoires PMM réclame 310 000$ pour les investissements faits en sécurité, tandis que Jean-Noël Lacroix demande à titre personnel 3,5 M$, la grande majorité pour «stress, angoisse et trouble de jouissance de la vie», ainsi que pour «dommages exemplaires».

La Ville de Québec n’a pas commenté les informations contenues dans la poursuite.