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L'article provient de Le Journal de Montréal
Monde

Morts et chaleur étouffante sur le chemin de Compostelle

Une Québécoise à son sixième voyage a assez souffert pour que ce soit son dernier

Marie-Ève Lessard, une pèlerine québécoise de 43 ans rencontrée à Ledigos, en Espagne, hier, à son sixième voyage.
Marie-Ève Lessard, une pèlerine québécoise de 43 ans rencontrée à Ledigos, en Espagne, hier, à son sixième voyage. Photo Clara Loiseau
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Photo portrait de Clara Loiseau

Clara Loiseau

25 juillet 2022
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LEDIGOS, Espagne | La vague de chaleur extrême qui étouffe l’Espagne fait aussi suffoquer, parfois jusqu’à la mort, les pèlerins qui sillonnent le chemin de Compostelle.

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«C’est la sixième fois que je le fais, mais je pense que ça va être la dernière, parce que ça a été vraiment pénible cette année», lance Marie-Ève Lessard, une pèlerine québécoise de 43 ans rencontrée à Ledigos, en Espagne. 

«La chaleur est vraiment désagréable, certains accès sont bloqués à cause des incendies.»

Il est maintenant difficile de marcher la journée. Plusieurs accidents arrivent sur le chemin, soutient Mme Lessard.

Depuis le début de l’été, au moins deux personnes sont décédées sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle à cause des températures étouffantes.

Le 7 juillet, c’est un professeur néerlandais de 47 ans qui est décédé, rapportait un journal du pays.

En juin, lors de la première vague de chaleur extrême, les températures ont aussi tué un pèlerin allemand de 69 ans, écrivait le média ibérique El Bierzo.

«Beaucoup de personnes décident aussi d’abandonner. Il y a des jours où c’est particulièrement difficile», ajoute celle qui fait une vingtaine de kilomètres par jour en moyenne.

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S’adapter

Pour se protéger des coups de chaleur et réussir à faire ses plus de 800 km de marche totaux, Mme Lessard n’a pas le choix de s’adapter. 

«On est obligé de partir très tôt le matin parce qu’il fait 16 °C. Donc vers 5 h 30, on est avec la lampe frontale et on commence à vraiment sentir la chaleur vers 10 h, 10 h 30. Après cette heure, ça devient difficile et on a hâte de s’arrêter», soutient la traductrice montréalaise.

À l’association des Amis du Chemin Saint-Jacques, située dans le village de Saint-Jean-Pied-de-Port, en France, les bénévoles essaient de préparer au mieux les 150 voyageurs qui commencent quotidiennement leur trajet depuis la commune en ce moment.

«Quand les gens partent d’ici, on leur dit de prendre beaucoup d’eau, de bien se ravitailler, de mettre un chapeau et de partir tôt le matin pour avoir des températures plus fraîches», explique Henri Brisciano, membre de l’association.

Beaucoup de marcheurs

Chaque année, près de 200 000 personnes venant du monde entier font ce pèlerinage historiquement catholique et dont le but est d’atteindre le tombeau de saint Jacques le Majeur, qui est situé en Galice dans la ville de Saint-Jacques-de-Compostelle.

Une chose est sûre, Marie-Ève Lessard voit bien les changements du climat depuis qu’elle a fait son premier pèlerinage.

«Entre 2007 et aujourd’hui, on voit vraiment la différence! La chaleur n’était vraiment pas aussi intense», observe-t-elle. 

Bière, pomme et crème pour les pieds 

Photo Clara Loiseau
Photo Clara Loiseau

LEDIGOS, Espagne | Il faisait encore 33 °C en début de soirée lorsque la représentante du Journal s’est élancée pour une heure sur une petite partie du célèbre chemin de pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle, à Ledigos, dans la région de Palencia, en Espagne.

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Le soleil tapait encore très fort. Pendant une heure, il n’y avait presque pas d’ombre, à part celle laissée par quelques arbres au bord de la route.

Le sol aussi semblait brûler les pieds.

«Le plus difficile, c’est parfois quand on n’a plus d’eau et qu’on n’en trouve pas sur le chemin. Ça m’est arrivé et j’ai dû faire 17 kilomètres sans eau», explique Marie-Anne Gin, une Française de 48 ans rencontrée à Ledigos, hier après-midi, alors qu’elle venait d’arriver.

Du repos

Après plusieurs heures de marche, les pèlerins filent directement dans les albergues (auberges) pour se reposer et surtout boire une bière et manger, avant de filer prendre une douche et faire une sieste.

Une murale pour rendre hommage aux pèlerins à Ledigos, en Espagne, peint sur une des « albergues » (auberge) qui les accueille.
Une murale pour rendre hommage aux pèlerins à Ledigos, en Espagne, peint sur une des « albergues » (auberge) qui les accueille. Photo Clara Loiseau

«Avec la chaleur et la fatigue, rien de mieux que la sieste pour reprendre des forces parce que la nuit, il fait aussi souvent chaud et l’on ne dort pas forcément bien dans les dortoirs», raconte en riant Marie-Ève Lessard, une Québécoise de 43 ans qui a entrepris de marcher 800 km.

Marie-Ève Lessard
Marie-Ève Lessard Photo Clara Loiseau

«Mais des fois, on a envie de dormir tranquillement, sans personne qui ronfle à côté», ajoute en riant Mme Gin.

C’est souvent dans ces endroits-là que les marcheurs rencontrent ou retrouvent des compagnons qui effectuent le même trajet qu’eux.

«Il y a vraiment beaucoup d’Italiens, d’Allemands, de Canadiens et même de Coréens», souligne Mme Gin, qui est infirmière dans le sud de la France.

Et dans les auberges, les pèlerins ont souvent droit à quelques petits cadeaux de la part des propriétaires : des tapas, une bière, une pomme ou même... de la crème pour les pieds.

- Avec la collaboration de Nora T. Lamontagne, Le Journal de Montréal.

Photo Clara Loiseau
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